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Dossier tracteurs
Des tracteurs très branchés

Les circuits électriques de forte puissance vont permettre de simplifier l’attelage et l’entraînement des outils, tout en améliorant l’efficacité énergétique de l’ensemble tracteur-outil.

Le tracteur John Deere 6210 RE reçoit deux prises électriques qui peuvent délivrer une puissance de 20 kW.
Le tracteur John Deere 6210 RE reçoit deux prises électriques qui peuvent délivrer une puissance de 20 kW.
© John Deere

Atteler son épandeur d’engrais, son semoir ou encore son pulvérisateur sans brancher de prise d’huile ni de prise de force, cette situation pourrait se produire dans un futur assez proche. L’hybridation apparaît en effet comme une solution efficace pour améliorer le rendement énergétique des combinaisons tracteur-outil. Le tractoriste John Deere fait figure de précurseur avec sa deuxième génération de tracteurs équipés d’une génératrice. Après le 7530 e-Premium, John Deere a dévoilé l’an dernier le 6210 RE. Ce dernier dispose dorénavant d’une puissance électrique de 20 kW avec une tension de 230 ou 400 V (deux prises), dédiée à l’entraînement des outils. Afin de rendre cette technologie utile, le tractoriste collabore avec des constructeurs d’outils qui ont élaboré des prototypes entraînés électriquement. Rauch (Kuhn en France) a ainsi présenté son épandeur d’engrais centrifuge Axis EDR. Celui-ci est équipé de deux moteurs électriques (400 V) pour l’entraînement des disques et d’un moteur (12 V) pour l’agitateur en trémie. Pöttinger a adapté un entraînement électrique sur un andaineur de fourrage. Autre application, Fliegl a imaginé un pont moteur électrique sur une remorque. Le constructeur Amazone a également présenté deux concepts d’outils animés électriquement. Le pulvérisateur UX eSpray reçoit plusieurs moteurs électriques animant les pompes, les agitateurs, la centrale hydraulique des rampes… Le semoir monograine EDX eSeed dispose quant à lui d’un entraînement électrique de la turbine pneumatique de la trémie à engrais et de la distribution.

Un pilotage plus précis
La transmission de puissance par le biais d’un circuit électrique offre de nombreux avantages. L’ajustement de la vitesse de rotation des moteurs électriques s’effectue indépendamment du régime moteur. La modulation de vitesse est beaucoup plus rapide et précise qu’avec un entraînement hydraulique.
Quant à l’efficacité énergétique, le rendement d’un moteur électrique est supérieur à celui d’un moteur hydraulique. C’est d’autant plus intéressant pour des éléments animés en continu, comme des disques d’épandeurs ou une turbine de semoir qui, lorsqu’ils sont alimentés hydrauliquement, s’accompagnent de pertes énergétiques par échauffement (laminage). «Le rendement énergétique global de l’épandeur Axis EDR est supérieur de 10 % à la version hydrostatique», précise Vincent Gérard de chez Kuhn.
Autre avantage, l’entraînement électrique limite le recours aux capteurs, les variations de tension et d’intensité faisant office d’indicateur. Ainsi, sur l’épandeur Axis EDR, la mesure d’écoulement de l’engrais sur chaque disque est conservée et devient encore plus précise.
D’un point de vue pratique, l’alimentation électrique simplifie et sécurise l’attelage des outils en supprimant, dans certains cas, le cardan de prise de force et en réduisant, voire en faisant disparaître, les connexions hydrauliques.

Dans l’attente d’une normalisation
L’entraînement électrique semble ainsi être voué à un bel avenir. Mais avant qu’il se généralise, la technique doit encore faire ses preuves. John Deere est le seul constructeur à avancer une commercialisation de son tracteur 6210 RE courant 2013. Les constructeurs d’outils ne prévoient pas pour l’instant de mise sur le marché. Ils attendent notamment une normalisation des connecteurs électriques et une définition précise des normes de sécurité. L’organisation AEF qui s’occupe de la norme isobus vient d’ailleurs de créer un nouveau groupe de projet «haute tension» qui a pour but de standardiser l’interface électrique tracteur-outil. Quant aux autres tractoristes, les exemples restent pour l’instant au stade de concept ou prototype. Le petit constructeur suisse Rigitrac a développé un tracteur hybride en collaboration avec une université allemande. Son moteur thermique de 126 chevaux entraîne une génératrice de 85 kW qui alimente des moteurs électriques dans chaque roue, remplaçant la traditionnelle transmission mécanique. Deux prises permettent également d’alimenter un outil. Autre dispositif développé par ZF, le concept Terra+ est constitué d’une génératrice électrique intégrée à la transmission. Il avait été présenté sur un tracteur Deutz-Fahr l’an dernier à l’Agritechnica.
La puissance fournie de 50 kW peut être utilisée pour entraîner des organes auxiliaires du tracteur, mais aussi des outils par l’intermédiaire de prises à l’arrière du tracteur. Encore plus radicale, la solution du tracteur NH2 de New Holland consiste à remplacer le moteur thermique par une pile à combustible qui alimente électriquement l’ensemble des composants animés du tracteur.

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