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Désherbage mécanique : les conditions de réussite

Le désherbage mécanique progresse ces dernières années. Quelques enseignements et conseils sur cette pratique.

Des agriculteurs testent une roto-étrille pour désherber mécaniquement.
Des agriculteurs testent une roto-étrille pour désherber mécaniquement.
© Chambre d’agriculture de l’Oise

La réduction de l’utilisation des herbicides est un enjeu fort pour les zones de grandes cultures. Elle intervient dans un contexte où les producteurs sont confrontés à des retraits d’homologation et observent le coût toujours plus élevé du poste herbicide. Le désherbage mécanique progresse depuis plusieurs années à la faveur d’innovations techniques même si dans la majorité des situations, il ne peut, à lui seul, se substituer au chimique.

La fin du «tout chimique»
Les agriculteurs en sont convaincus. Seule la lutte chimique trouve rapidement des limites avec l’apparition de résistances. Pour les céréales et bien d’autres cultures en région, le coût herbicide pro-gresse significativement (cf. graphe). En témoigne Martial Loncke, agriculteur à Velennes (Oise), qui pratique le binage de ses betteraves sucrières depuis de nombreuses années. «Cela me permet d’économiser un désherbage chimique, avec une efficacité de 70 % puisque la bineuse travaille dans l’interrang.» Cette année, dans le cadre d’un essai avec Saint Louis Sucre, il a testé une roto-étrille avec des éléments obliques, qui nettoie aussi sur le rang. «C’est très efficace, mais on se fait un peu peur car, sitôt le passage, les betteraves sont penchées à gauche ou à droite selon l’orientation des soleils.»
Pour faire face aux limites posées par le désherbage chimique, l’agronomie doit être mise en avant. Les Chambres d’agriculture et les instituts techniques se mobilisent depuis plusieurs années pour concevoir des programmes intégrant une place aux différentes solutions, chimique et mécanique, c’est ce que l’on appelle le désherbage mixte.

Du désherbage mixte en toutes circonstances ?
Les réponses tiennent à la manière dont vont être pris en compte les leviers agronomiques souvent cités, mais trop rarement considérés comme déterminants ! Quelques rappels simples doivent aider à faciliter la mise en place du désherbage alternatif.
La rotation avec alternance de cultures représente le levier le plus important pour limiter la sélection de la flore et les risques de résistance. Vient ensuite le travail du sol avec la place du labour non systématique, comme une solution permettant de réduire le stock semencier des espèces à fort taux annuel de décroissance (graminées et gaillet).
Pascal Van de Weghe, agriculteur à Angivillers, pratique le désherbage mécanique et le chimique localisé sur le rang. Outre sa bineuse, il vient d’acquérir, dans le cadre du PCAE, une roto-étrille qu’il compte utiliser, en complément de classiques interventions chimiques, sur orge de printemps et pois. Avec les récentes ZNT riverains, il pense également utiliser son matériel à proximité des habitations pour limiter le salissement de ses parcelles. Il n’envisage pas d’arrêter les interventions chimiques, mais voit ce nouvel outil comme un moyen de diminuer la pression herbicide.

D’autres leviers à mobiliser
Le faux-semis suivi d’un décalage de semis permet de détruire les premières levées d’adventices. C’est une technique largement utilisée par les agriculteurs biologiques qui retardent les dates d’implantation et bénéficient ainsi d’un démarrage rapide de la culture.
Premier agriculteur certifié HVE (Haute valeur environnementale) de l’Oise, à Ver-sur-Launette, Yves Chéron est passé cette année en bio. Il pratiquait déjà le binage de ses betteraves, mais aussi de son colza, qu’il sème à 45 cm avec son semoir à betteraves. Pour la première fois cette année, il utilise une herse étrille sur ses céréales puisque, dorénavant, c’est son seul moyen de lutte contre les ray-grass très présents sur son exploitation.
«J’ai effectué un premier passage, à l’aveugle, alors que mon blé n’était pas levé. J’y retournerai cet hiver et j’effectuerai un troisième passage de herse étrille au printemps. Pour finir, ce sera un binage au stade épi 1 cm», témoigne-t-il. Il faut accepter que les parcelles ne soient pas totalement propres et surtout ne pas avoir peur de bousculer les cultures en place. «Pour cela, j’ai augmenté la dose de semis de 20 % car il faut que la herse étrille soit suffisamment mordante pour être efficace», concède-t-il.
Le désherbage chimique tient au final une place inversement proportionnelle aux moyens de lutte préventive mis en place contre les adventices. Dans les stratégies mixtes intégrant du désherbage mécanique, les interventions dépendent étroitement des possibilités liées à chaque culture. Si les conditions climatiques ne permettent pas de valoriser une part du programme en mécanique, il reste possible de conserver une stratégie basée sur l’usage des herbicides.

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