Ecophyto 2+ : réunion du comité opérationnel de suivi
Le 27 juillet s’est tenue la réunion du comité opérationnel de suivi du plan Ecophyto 2+. Pour les ministres présents, les résultats ne sont pas au rendez-vous. De son côté, la FNSEA attend la consolidation de l’ensemble des actions ministérielles.
Le 27 juillet, au ministère de l’Agriculture et de l’alimentation, Nicolas Hulot, ministre d’Etat, ministre de la Transition écologique et solidaire, Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la santé, Stéphane Travert, ministre de l’Agriculture et de l’alimentation et Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, ont réuni le comité d’orientation stratégique et de suivi (Cos) du plan Ecophyto 2+.
Durant cette réunion, les ministres ont examiné les résultats du plan et les ont présentés avec déception. Dans un communiqué, publié le 27 juillet en début d’après-midi, ils soulignent que «l’utilisation de produits phytopharmaceutiques a globalement augmenté depuis le lancement du plan Ecophyto en 2009». Ils se basent notamment sur l’indicateur Nod (nombre de doses unités), qui a augmenté de 12 % en valeur entre 2014 et 2016. Cet indicateur est parfois remis en cause par le monde agricole.
Cependant, pour les quatre ministres, «ces résultats insatisfaisants ne doivent pas masquer les avancées concrètes du plan Ecophyto sur de nombreux volets : développement du réseau des fermes Dephy, déploiement des certificats d’économie de produits phytopharmaceutiques (CEPP), actions visant les jardins et espaces verts, définition de priorités régionales, etc.». Ils estiment cependant qu’ils confortent «la nécessité de donner une nouvelle impulsion au plan Ecophyto et de mettre en œuvre des actions complémentaires à celle déjà engagée».
Attentes de la FNSEA
Durant ce Cos, les ministres se sont penchés sur la version 2+ du plan Ecophyto, «qui actualise et renforce le plan Ecophyto 2 en intégrant les actions engagées dans le cadre de ces deux plans». Il sera soumis à la consultation publique à l’automne prochain. Ils ont donc décidé de cibler les actions de recherche appliquée et de transfert de l’innovation, ainsi que le déploiement des collectifs d’agriculteurs, dans le cadre des 71 millions d’euros de crédits annuels nationaux et régionaux mobilisés au titre d’Ecophyto. Il s’agit également de mobiliser les outils du Grand plan d’investissement pour accompagner les priorités d’Ecophyto 2+. Les ministres ont aussi pris la décision de prioriser un programme de recherche à hauteur de 30 millions d’euros.
Afin d’encourager la substitution du glyphosate dans le cadre du renouvellement, par l’Anses, des autorisations de mise sur le marché de produits contenant du glyphosate. Elles seront délivrées, dans un premier temps, pour une durée n’excédant pas trois ans. Une évaluation comparative sera conduite avant tout renouvellement et les usages pour lesquels des solutions alternatives non chimiques existent et sont couramment utilisées seront progressivement interdits. Une task force a été constituée pour finaliser, d’ici la fin de l’année, le centre de ressources sur les alternatives au glyphosate et sera accessible à chaque agriculteur.
Enfin, seulement quelques rares dérogations aux interdictions décidées en matière de néonicotinoïdes seront accordées, dont pourra uniquement bénéficier l’acétamipride. «Seules quelques rares dérogations aux interdictions décidées sont envisageables. Elles ne pourront concerner que des produits à base d’acétamipride pour de faibles volumes, et feront l’objet d’une instruction approfondie quant à leurs impacts.»
Lors de ce Cos, Stéphane Travert avait demandé à Eric Thirouin, secrétaire général adjoint de la FNSEA, de présenter le Contrat de solutions, dont il préside le comité de pilotage. Dans un communiqué, la FNSEA souligne que «les ministres ont salué cet engagement, et que Nicolas Hulot l’a même accueilli “avec enthousiasme“». Cependant, la FNSEA ne partage pas cet enthousiasme. Elle souhaite que les pouvoirs publics ajustent «leurs moyens à leurs ambitions». Elle attend «encore la consolidation de l’ensemble des actions ministérielles».
- Néonicotinoïdes : l’AGPM dénonce une trahison de la promesse de Macron
Le «refus de toute dérogation réelle» à l’interdiction des néonicotinoïdes est «un camouflet pour la position défendue par le président de la République, a dénoncé le 27 juillet l’AGPM (producteurs de maïs). Si aucune dérogation n’était donnée pour l’usage maïs, on arriverait à un double renoncement de la parole du président Macron : une impasse totale dans une situation de complète distorsion de concurrence européenne». Pour l’AGPM, «l’avis de l’Anses est clair : la suppression des néonicotinoïdes actuellement autorisés conduit à une impasse totale dans la lutte contre les mouches. Et la seule molécule efficace disponible, que le gouvernement s’apprête à interdire, est autorisée au niveau européen».
- Générations futures appelle à «muscler» le plan Ecophyto 2+
L’association Générations futures a appelé le 27 juillet à «muscler» Ecophyto 2+, qui ne permettra pas selon elle une baisse significative des usages de pesticides. «Ce nouveau plan manque d’une approche claire sur de nécessaires changements radicaux de systèmes agricoles : le plan parle d’abord de biocontrôle ou d’optimisation technique, mais pas assez fortement de la nécessaire généralisation de systèmes de culture en rupture avec les pratiques actuelles», selon un communiqué. Générations futures souhaite voir «généraliser les systèmes de production intégrée réellement ambitieux qui ont déjà montré en France qu’on pouvait atteindre les - 50 % de pesticides en maintenant une rentabilité des exploitations».