Elevage : la maladie des muqueuses est en progression dans la Somme
Le Groupement de défense sanitaire de la Somme présentait son assemblée le 12 juin, à Flixecourt.
Le plan de lutte contre la maladie des muqueuses (virus BVD) montre une bonne progression dans le département, avec une perspective de 70 % de veaux dépistés en 2019. Un arrêté ministériel est attendu pour la prochaine campagne de prophylaxie. Ce qui réjouit le président Pascal Bienaimé, car l’arrêté ministériel va clarifier les règles et permettre d’avancer collectivement avec plus d’efficacité.
L’objet de cet arrêté ? Tous les éleveurs devront dépister les veaux à la naissance et assainir leur troupeau en cas de résultats positifs (veaux IPI). A ce jour, plus de la moitié des éleveurs du département sont engagés dans ce dispositif. Ils représentent près de 70 % des naissances annuelles. La BVD mérite sa place sur le podium des maladies contagieuses puisque le virus est actuellement détecté dans 15 % des élevages. Les veaux IPI représentent un peu moins de 1 % de l’ensemble des veaux dépistés, entre 3 et 10 % dans les élevages infectés.
Parmi les freins à s’engager, l’obligation d’euthanasier des veaux parfois bien portants en est un. Des éleveurs, surtout en allaitant, prennent le risque de conserver les animaux en dépit des recommandations du GDS, et cela s’avère toujours un mauvais calcul. Et pour cause : la plupart décèdent au cours des premières semaines de vie.
Le président a rappelé le soutien financier accordé aux éleveurs sur ce programme avec près de 70 000 € déboursés en deux ans sur le fonds de mutualisation (ex : fièvre aphteuse). Le GDS poursuit un accompagnement en 2019 à hauteur de 1,60 € par veau analysé, ce qui porte le «reste à charge éleveur» à 4 €. Par ailleurs, l’organisme a repris le contrat postal de retour des prélèvements à sa charge, et le laboratoire a baissé son coût à 4,50 €.
Le GDS a présenté une situation très favorable à l’égard de l’IBR, avec plus de 90 % d’élevages qualifiés, et seulement 4 % d’infectés (un peu plus de 2 000 bovins vaccinés).
Les maladies vectorielles à l’honneur
Jean-Michel Bonczak, du GDS de la Somme, a souligné la part grandissante des maladies transmises par les insectes ou les tiques, accentuée par le réchauffement du climat.
C’est, bien sûr, la fièvre catarrhale dont on observe des cas cliniques un peu partout en France (surtout sur les veaux semble-t-il), mais aussi la maladie de Schmallenberg qui a montré un pic d’activité cet hiver (agneaux et veaux difformes) et, enfin, les maladies un peu moins connues transmises par les tiques (anaplasmose, ehlrichiose, Lyme), provoquant des coups de fièvre et des avortements en période estivale. Il a de nouveau appelé à la vigilance vis-à-vis de la besnoitiose (parasite transmis par le taon), qui remonte inexorablement du Sud par le biais des mouvements d’animaux, à l’origine de pathologies chroniques et débilitantes (peau d’éléphant).
Jean-Michel Bonczak a, par ailleurs, annoncé la mise en service du site internet des GDS des Hauts-de-France, ainsi que la possibilité aux éleveurs adhérents, très prochainement, d’accéder à leurs résultats d’analyses par le biais d’un extranet sécurisé.
Anne Meyrueix, de la DDPP, a présenté une situation très favorable au regard des maladies réglementées. Une dizaine d’élevages ont été placés en surveillance tuberculose suite à la découverte de lésions suspectes à l’abattoir ou en cas de lien établi (achat/vente) avec un foyer déclaré hors département. Il n’y a pas eu de suite défavorable.
La plupart des foyers sont détectés actuellement en région Nouvelle Aquitaine, ce qui n’exclut pas, a-t-elle nuancé, d’en découvrir dans la région (un foyer Nord et un foyer Pas-de-Calais en 2018). Elle a rappelé la nécessité de surveiller la fièvre catarrhale et, pour cela, quelques élevages sentinelles sont l’objet de contrôles réguliers. La déclaration en cas de suspicion clinique complète le dispositif, dont l’intérêt majeur est de détecter d’éventuels nouveaux sérotypes. Aucun cas n’a été confirmé jusqu’à présent dans le département.
L’actualité reste largement dominée par la peste porcine africaine, maladie très grave des suidés (porc, sanglier), classée «en catégorie L». En cas de confirmation d’un foyer sur le sol français, un plan d’urgence sera activé avec abattage total et mise en place de mesures de protection (comme pour la fièvre aphteuse). La conséquence sera aussi la fermeture immédiate des frontières, soit un coup très dur pour la filière. La maladie, déclarée chez des sangliers belges près de la frontière française à l’est, semble contenue pour le moment grâce à un dépeuplement massif et à l’installation d’une gigantesque clôture. Le virus survit plusieurs mois dans les cadavres et les salaisons, a précisé Anne Meyrueix, et il n’existe aucun vaccin. Il n’affecte heureusement pas l’homme, ni les autres espèces.
Elle a aussi rappelé les règles en vigueur pour la qualification des cheptels ovins : un contrôle une fois tous les cinq ans sur 25 % des femelles de plus de six mois avec un minimum de cinquante, ainsi que sur la totalité des béliers. Seuls en sont exemptés les détenteurs de moins de cinq brebis qui n’en font aucun commerce. Enfin, elle a présenté le fonctionnement de la récente cellule dite de «maltraitance» destinée à prévenir les situations difficiles, qui peuvent conduire à des manques de soins aux animaux. Ce comité, réunissant l’administration, la chambre d’agriculture, les acteurs sociaux (MSA, Solidarité paysans) et le GDS, a examiné une quinzaine de dossiers depuis sa constitution en 2018.
Le GDS est «la courroie de transmission entre éleveurs, vétérinaires et administration», a conclu Luc Challemel du Rozier, directeur de la DDPP, qui joue aussi pleinement son rôle pour organiser la lutte collective, à l’exemple aujourd’hui de l’éradication de la BVD.