Elevage laitier: développer les bonnes pratiques des ressources humaines
Ces dernières années ont été marquées par une mutation sociale des fermes laitières françaises. Salariat et associations se développent. Or, travailler en équipes
ne s’improvise pas.
«L’accélération de l’agrandissement des fermes laitières ces dernières années a entraîné une évolution de la taille et de la composition des collectifs de travail. On constate ainsi une hausse importante de l’emploi salarié et des formes sociétaires. En 2000, la main-d’œuvre salariale représentait 3 % des effectifs. Aujourd’hui, une ferme sur cinq recourt au salariat permanent. Ces nouvelles formes d’organisation du travail appellent de nouvelles compétences pour les éleveurs laitiers sur la gestion des ressources humaines. Dans le cas de la main-d’œuvre salariale, deux problèmes principaux existent. Etre employeur ne s’improvise pas. Il n’est par ailleurs pas toujours évident de trouver de la main-d’œuvre compétente et de donner de l’attractivité au métier», a souligné Daniel Perrin, éleveur et président du groupe interprofessionnel «évolution des structures» lors d’une conférence donnée au Space à Rennes sur la gestion des ressources humaines.
Face à cet enjeu majeur, le Cniel a commandité un programme «gestion des ressources humaines, salariat et association, en exploitation bovins lait». Conduit par l’Institut de l’élevage, en partenariat avec onze organisations agricoles ou d’emploi nationales, «ce projet vise à sensibiliser, outiller et former les éleveurs et les conseillers sur le thème des ressources humaines. Dans ce cadre, une étude sur les motivations et les freins au salariat et sur les solutions actuellement en place a été menée pour accompagner les éleveurs», note Emmanuel Béguin de l’Institut de l’élevage.
Pallier une surcharge de travail
Vingt éleveurs, localisés dans les trois zones d’élevages représentatives de la France laitière, ont été rencontrés. Seize d’entre eux employaient des salariés et quatre, personne. Quatre points clés ont été abordés : les raisons de l’embauche, le recrutement, l’organisation du travail et la fidélisation des salariés. «La surcharge de travail, l’amélioration de la qualité de vie ou encore la délégation totale de certaines tâches sont autant de motivations citées par les éleveurs ayant recours au salariat. Pour ces exploitants, ce dernier permet de conserver l’autonomie de décision par rapport au choix d’un associé et présente un coût fixe, facile à anticiper», note Alizée Chouteau de l’Institut de l’élevage.
La plupart du temps, les éleveurs cherchent des salariés autonomes, certains pouvant devenir responsables d’élevage. Par ailleurs, ils connaissent souvent le salarié : ancien apprenti ou stagiaire, service de remplacement, voisin. Sinon, le recrutement passe par des petites annonces ou le bouche à oreille. «Toutefois, les éleveurs enquêtés ont émis des difficultés de recrutement. Ils estiment que s’ils n’arrivent pas à trouver suffisamment de personnes pour travailler dans leurs élevages, c’est que le métier est peu motivant et pas très attractif. Et ce, notamment à cause de la traite dont les horaires sont difficilement compatibles avec ceux d’une personne exerçant hors milieu agricole.»
Organiser le travail
Les salariés réalisent soit du travail d’astreinte soit du travail de saison. «Pour de nombreux éleveurs, il faut que le travail donné au salarié soit rentable. Son organisation et sa planification sont souvent remontées comme étant une difficulté managériale rencontrée par les employeurs débutants. La problématique des week-ends est souvent prise en compte dans la réflexion autour de la construction du projet d’embauche. Les obligations administratives sont également citées comme une vraie contrainte. L’idéal est de les déléguer.»
Les résultats de cette enquête montrent qu’il devient de plus en plus compliqué de trouver des salariés compétents en élevages laitiers, ce qui implique de savoir fidéliser quelqu’un qui donne satisfaction.