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Elevage laitier : profiter du moindre espace et de la moindre opportunité pour produire

La limite foncière constitue une réelle particularité des fermes des Flandres, dans le Nord. Le Gaec Rattekot, avec 120 ha de SAU pour trois associés et un salarié, ne fait pas exception à cette caractéristique.

Lorsqu’en 2016 Clément Salomez rejoint Martine Pinceel et Christophe Pinceel, associés du Gaec du Rattekot à West Cappel (59), la recherche de sources de produits économiques supplémentaires est une nécessité. Un atelier maraîchage avec vente directe des légumes est déjà en place. Il est géré principalement par Martine Pinceel et Valentin Salomez, salarié de l’exploitation. Christophe s’occupe des cultures de vente et participe également aux tâches de l’élevage. Tous ensemble, ils vont travailler à l’optimisation du système afin d’augmenter le volume de lait produit sur une surface qui, elle, n’augmente pas. En parallèle, le jeune éleveur va faire de la maîtrise, voire de la compression, des charges un leitmotiv qui ne le quittera plus. Objectif : maintenir l’élevage dans un système où les marges par hectare des cultures de vente entrent parfois en concurrence directe avec le niveau de marge du lait. «Même si l’élevage est notre passion, il faut tirer du résultat au vu du temps passé !», explique Clément Salomez.

 

La marge brute : un véritable «road book» 

Pour amorcer les réflexions techniques, les associés font appel à Avenir conseil élevage afin de calculer la marge brute (MB) de l’atelier lait. C’est une source de données très utile pour guider les choix techniques. En 2021, Célestine Burette, conseillère d’ACE, a repris l’accompagnement technico-économique de l’élevage. Grâce à un passage de témoin bien mené avec la conseillère précédente, elle connait parfaitement le chemin déjà parcouru par les éleveurs. «En 2016, les taux ne correspondaient pas aux attentes techniques et constituaient donc une source potentielle de revenu supplémentaire de l’atelier lait. La ration contenait des pulpes surpressées, mais les quantités disponibles ne permettaient pas d’en distribuer suffisamment tout au long de l’année. Pour pallier le manque de stock, Clément a opté pour l’implantation de betteraves fourragères. Elles viennent en complément des pulpes et favorisent le maintien des taux toute l’année. Nous avons aussi revu les objectifs de récolte des fourrages. Le maïs est ensilé plus tardivement pour augmenter le taux de MS et obtenir un fourrage riche en amidon et moins encombrant et le ray-grass est fauché plus tôt, au stade 2 nœuds pour favoriser la matière azotée», explique la conseillère. Résultat, sur la campagne 2020-2021, les TB-TP ont atteint 43,4 et 34,1. 

 

Près de 10 € économisés sur le coût alimentaire

En plus des points de matières grasse et protéique gagnés, la qualité des fourrages a permis de réduire les quantités de concentrés distribués. Sur la campagne 2015-2016, il fallait 180 g de concentrés pour produire un litre de lait contre 140 g en 2020-2021. «C’est parce que nous avons cherché à récolter des fourrages adaptés que nous avons baissé les quantités de concentrés. Et avec l’achat d’une mélangeuse équipée d’un système de pesée, il est devenu plus simple d’incorporer tous les fourrages à la ration et aussi nous avons mieux respecter les quantités distribuées», détaille l’éleveur. 

«Parfois, par peur de voir baisser le niveau de production, l’éleveur est le premier frein dans la diminution de la quantité de concentrés. Il faut oser faire confiance aux fourrages s’ils sont de qualité ! Clément a osé», fait remarquer Célestine Burette qui poursuit : «Au final, si on compare la situation actuelle à celle d’il y a cinq ans, le coût alimentaire du troupeau est passé de 121 €/1 000 l de lait à 112 € et plus 30 t de concentrés sont économisées chaque année.» 

 

L’intensification mesurée et payante

L’autre levier de progrès réside dans l’intensification du système. Elle est exprimée, en partie, par la quantité de lait produite par hectare de surface fourragère. Depuis 2016, cette quantité a augmenté de 1 677 l de lait pour atteindre plus de 13 200 l en 2021. «Alors que la quantité de concentrés distribuée a diminué, la production par vache a, quant à elle, augmenté, passant de 8 800 l à près de 10 000 l», fait remarquer la conseillère. Malgré tout, pour parvenir à augmenter le volume de lait livré, les associés du Gaec du Rattekot ont élevé l’effectif de vaches. Néanmoins, cet accroissement ne s’est pas fait sans préparation. La principale a été de constituer suffisamment de stocks fourragers pour ne pas manquer d’aliment mais surtout pour ne pas pénaliser le niveau de production. 

L’évolution de la MB montre l’impact des actions entreprises. Alors qu’ils étaient conformes à la moyenne des éleveurs calculant la MB avec ACE, les résultats du Gaec Rattekot lui sont désormais supérieurs. «En élevage l’amélioration d’une situation prend du temps. Par exemple, l’intégration des betteraves fourragères a été décidée en juin, après la remise d’un résultat marge. Il a donc fallu attendre le printemps suivant pour semer et l’hiver d’après commencer à voir le résultat technique. Il faut chercher à optimiser jour après jour et rester motivé.»

Afin d’améliorer encore le niveau de production du système, le duo éleveur-conseillère planche désormais sur la diminution de l’âge au vêlage et la gestion des vaches taries. «En pesant les génisses plus régulièrement, nous allons obtenir une base de données à comparer à des références pour ensuite améliorer la croissance et tenter de gagner les mois qui manquent à l’objectif d’âge au vêlage», précise Célestine Burette et l’éleveur d’ajouter «La gestion des vaches taries est toujours compliquée, nous cherchons encore la bonne formule pour adapter l’alimentation à des lots pas assez homogènes ou trop petits.»

Selon le dénominateur choisi (1 000 l de lait, hectare de SFP, UTH, vache laitière…) la marge brute d’un atelier donne le cap des évolutions de conduite technique avec les gains possibles. Mais chaque résultat obtenu doit être analysé pour ce qu’il mesure : l’efficacité du système, de la main-d’œuvre, l’intensification… Lorsque l’analyse est juste, c’est un outil de progrès puissant qui permet de dessiner plus sereinement l’avenir de l’élevage.

Présentation du Gaec Rattekot

3 associés et un salarié
120 ha de SAU (pomme de terre, lin, chicorée, betterave sucrière, céréales) 
60 ha de SFP (maïs, ray-grass, betterave fourragère)
0,6 ha de cultures maraîchères
75 vaches,
760 000 litres produits

 

Pour la santé des pattes, «je nettoie les pattes une fois par semaine»

Les boiteries sont un mal récurrent des troupeaux laitiers, particulièrement lorsqu’ils sont touchés par la Mortellaro, pathologie difficile à traiter et à éradiquer. Le troupeau du Gaec Rattekot n’est pas épargné par cette maladie, mais Clément Salomez veille et les résultats sont là. «Une vache qui boite se déplace moins, son alimentation est insuffisante et sa production diminue. Auparavant, nous faisions venir un pareur deux fois par an ; le travail était très bien fait, mais la fréquence n’était pas suffisante. Comme souvent, en traitant le problème rapidement, on évite que la situation se dégrade. Je me suis donc lancé dans le parage des vaches. Et depuis trois ans, je suis équipé d’une cage électrique qui facilite beaucoup les interventions. Je fais très attention à la propreté du bâtiment et je nettoie les pattes des vaches une fois par semaine avec un jet d’eau lorsqu’elles sont aux cornadis. C’est un moyen de détecter rapidement les nouveaux problèmes pour intervenir sans délai. Depuis que nous suivons la santé des pattes, c’est la santé globale du troupeau qui s’est améliorée, et les résultats économiques en ont certainement bénéficiés !» 
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