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«En avant Somme 2020» : un nouvel élan pour la ferme Somme

Seize organisations agricoles, 180 administrateurs réunis pour développer les synergies entre les filières et le territoire.

© AAP

Lancée en 2003, la stratégie «En avant Somme» a pour ambition de fédérer les énergies et de créer une véritable dynamique de territoire et d’acteurs au service de l’économie agricole, agro-industrielle et agroalimentaire du département. Après avoir été adaptée une première fois en 2008, le besoin se faisait sentir de redonner à cette stratégie une nouvelle impulsion centrée sur les synergies entre les territoires et les filières agricoles.
Pour ce faire, les administrateurs de seize organisations agricoles de la Somme se sont réunis en séminaire le 19 juin dernier au château de Lamotte Brebière. Différentes interventions ont illustré les leviers à actionner pour créer les conditions indispensables à l'émergence de telles synergies. Le pôle industriel d'Albert en est un bon exemple (voir encadré ci-dessous).

Attirer de nouveaux acteurs industriels
Comment le département peut-il attirer de nouveaux acteurs industriels ? Car l’excellence d'un territoire se vend qu'il s'agisse du savoir-faire, des potentialités, de la logistique, de la dynamique entrepreneuriale, de la capacité à mobiliser hommes et capitaux...
La Somme a vu disparaître des industries de la pomme de terre comme Flodor et Lunor sans qu'aucune nouvelle implantation ne vienne compenser ces arrêts d'activité, et ceci bien que l'Est du département soit réputé pour la qualité de ses productions. C'est ce qu'a rappelé Martin Mascré, directeur de l’Unpt, expliquant que ce n’est pas qu’une question de marché en crise car celui de la frite par exemple est encore en croissance à l'échelle européenne et surtout mondiale. Sur près d'une dizaine de nouvelles unités depuis 15 ans, une seule s'est établie en France alors que toutes viennent s'approvisionner dans la Somme.

Participer financièrement dans les outils industriels
«Nous devons faire connaître nos atouts, c’est aux acteurs du territoire de le vendre», a poursuivi Hervé Drouvin, président de la Cobevial et du Conseil de l’agriculture de la Somme. Il a annoncé la création d'une mission de prospection auprès des industriels. Première cible retenue : la transformation des pommes de terre, ce qui n’exclut pas d'autres productions.
Hervé Drouvin a par ailleurs souligné l'importance de la participation financière des agriculteurs dans les outils industriel, à l'instar de la Cobevial, actionnaire à 75% de la SA Alliance. Cette participation, par les retours de dividendes, donne de la sécurité et de la visibilité aux activités de la coopérative. Elle a permis la création d'un dispositif de sécurisation des récents investisseurs et d’un atelier de découpe au sein de Centrale Frais.

Produire du lait
Avec la fin des quotas, la filière lait est à la croisée des chemins, Olivier Gaffet, président de Sodiaal Nord, et Bernard Ducrocq, président de Lact’Union tablent sur la mobilisation locale pour produire les volumes supplémentaires dont ils auront besoin. Ils attendent qu'une réelle dynamique s'instaure au sein des organisations agricoles et du terroir.

La méthanisation va enfin décoller
La méthanisation est une autre opportunité pour la ferme Somme sachant que le département dispose d'un gisement appréciable de sous-produits industriels et agricoles. Huit projets collectifs sont à l'étude pour environ 50 millions d’euros d'investissement et 200 000 m3 de digestat à retourner au sol, a indiqué Alain Waymel, directeur de la chambre d’agriculture. Laurent Degenne président de la Fdsea, a insisté sur l'intérêt du GIE VSPPM qui associe quatre industriels du département et la profession agricole pour sécuriser l'approvisionnement des futurs méthaniseurs. Il a souligné l'importance de conserver une gouvernance agricole de cette filière émergente. «Je suggère la création d'une société d'investissement agricole dans les énergie renouvelables», a-t-il avancé.

Rupture technologique
La prochaine révolution agricole sera celle du numérique au service de la triple performance. Daniel Roguet, président de la chambre d'agriculture de la Somme, appelle de ses vœux «l'Agriculture 3.0» qui doit se traduire par un ensemble d’outils et de solutions informatiques connectées et communicantes au service de l’ultra précision tant en productions végétales qu'animales. «La Somme doit être pilote, elle doit mobiliser l'ensemble des techniciens, des acteurs R&D et aussi du machinisme, les Cuma, et bien sûr les agriculteurs», a-t-il affirmé.
Thibaud Leroy, ingénieur à la chambre d'agriculture, a détaillé ces nouvelles technologies telles que l'imagerie satellite ou par drones, les solutions informatiques embarquées, les dispositifs de modulation de doses ou de frappes ciblées. Il a montré les avantages des nouveaux systèmes de détection des symptômes, les conseils agronomiques géo-référencés, la transmission des infos cartographiques aux outils d’épandage et la traçabilité totale et motivée. Témoignant de l'utilisation de ces technologies dans son exploitation et au sein de sa Cuma, Alexandre Deroo a expliqué qu'elles vont lui permettre de poursuivre ses efforts de maîtrise des intrants sans pénaliser la qualité et la quantité de ses productions.

Capacité à fédérer
Concluant avec le préfet ce séminaire, Christian Manable, président du Conseil général, s'est réjoui de la dynamique impulsée par les organisations agricoles et il a réaffirmé le soutien de la collectivité départementale au secteur agricole et agroalimentaire. Jean-François Cordet, préfet de la région Picardie et préfet de la Somme, a souligné la nombreuse participation "à la recherche de solutions dans une grande ouverture d'esprit".
"La capacité à fédérer, à réunir les entreprises quelle que soit leur taille est une condition fondamentale de la réussite, a-t-il poursuivi. Si cela est possible dans l'aéronautique, l'hydraulique et la mécanique comme à Albert-Méaulte, cela doit être possible dans d'autres secteurs et d'autres territoires. Les agriculteurs de la Somme sont en position de le démontrer».

Zoom

L'exemple du bassin industriel d'Albert

Le bassin industriel d'Albert, berceau de la machine-outil française, de l’aéronautique et de l’hydraulique, est un bon exemple d'interactions fortes qui se sont tissées au cours du temps entre un territoire et les entreprises qu'il héberge. La réussite tient ici au fait que d'un côté les industriels se sont de longue date pris en charge et que de l'autre le territoire a su créer les infrastructures et les conditions nécessaires au développement de ces entreprises et à leur visibilité internationale.
Michel Watelain, vice-président de la communauté de communes du Pays du Coquelicot, a insisté sur la compétence économique acquise par sa collectivité parce que l'industrie y est prédominante. Guillaume Surleau, directeur des services de la com de com, a ainsi évoqué la création d'une zone d’activité avec des terrains qui tiennent compte des contraintes des industriels et de leurs perspectives d’agrandissements, la construction de 25 studios pour loger les apprentis, ainsi que le développement du centre de recherche et d’innovation Aérolab pour les activités aéronautiques. Le Pôle industriel d'Albert, association qui regroupe trente-et-une entreprises industrielles et plus de 4 000 salariés, organise une rencontre toutes les six semaines sur une thématique commune (achat, environnement, formation). "Le but est de trouver ensemble des solutions concrètes", a commenté sa présidente Aline Doyen. "L'identité du territoire et le dynamisme de ses acteurs sont les principaux atouts du pôle", a indiqué pour sa part Pascal Pézeril, directeur général de Suma Group. Il attend que celui-ci "accroisse sa visibilité internationale pour aider les industriels à faire face à la mondialisation".

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