En route pour les 2 % de croissance économique
Le cabinet d’études Xerfi Prévisis a publié ses premières prévisions économiques pour 2018.
Tour d’horizon.
«L’économie française apparaît en meilleure forme», notent d’abord les spécialistes de Xerfi, avant de lister les bonnes nouvelles : croissance de retour (+ 0,5 % au 1er trimestre) avec «une tendance de fond peut-être même sous-évaluée en raison de chocs ponctuels qui brouillent la lecture des chiffres du début d’année». Ce qui démontre, au passage, la difficulté grandissante de réaliser des projections tant les éléments imprévus sont potentiellement de plus en plus nombreux, dans un sens comme dans l’autre. Par ailleurs, l’économie de la zone euro va mieux, et ceci ne peut que profiter à l’économie française.
«L’accélération attendue de la croissance en France s’appuie d’abord sur l’investissement en logement des ménages et sur une contribution moins négative du commerce extérieur, grâce au rebond des exportations. La croissance pourrait être plus élevée encore en 2017 si la consommation n’était pas freinée par le retour (timide) de l’inflation, et si la progression en moyenne annuelle de l’investissement n’était pas tirée vers le bas par le contrecoup lié à l’expiration de la mesure de suramortissement», écrit Xerfi.
Il faut ajouter à cela la mise en place d’une véritable dynamique du côté des entreprises qui, normalement, devrait réenclencher une autre dynamique, celle des investissements. Du côté des ménages, les analystes estiment que «la hausse de l’inflation sur le pouvoir d’achat sera compensée par les créations d’emplois et un zeste de revalorisation salariale supplémentaire. Tous les moteurs seront donc en phase en 2018 pour amener la croissance aux portes des 2 %».
En chiffres
Selon Xerfi Prévisis, le taux de croissance économique (le PIB) pourrait s’établir à + 1,9 % en 2018 pour l’Hexagone contre + 1,6 % en 2017. La consommation pourrait progresser de 1,8 % l’an prochain contre 1,3 % cette année, quand les investissements gagneraient respectivement + 3,9 % et + 3,1 %. Le chômage devrait aussi baisser de 4,4 % en 2018 par rapport à 2017. 2018 verra sans doute aussi le retour d’une inflation plus soutenue, son taux flirtant avec la barre des + 2 % (+ 1,9 % en réalité).
Rappelons que, traditionnellement, cette barre des 2 % est celle qui fait en général réfléchir la Banque centrale européenne pour une action sur les taux d’intérêt (à la hausse dans ce cas). Ceci reste à voir, bien entendu. Enfin, témoin de la bonne vitalité du reste de l’Europe, entre autres, les exportations françaises avanceraient de 4,4 % pour l’année à venir contre + 2, 2 % seulement pour l’exercice actuel. Pour mémoire, elles avaient réalisé un «piteux» + 1,9 % en 2016 et repasseraient au-dessus du rythme atteint en 2015 de + 4 %.
Matières premières agricoles
Si les auteurs de l’étude tablent sur une parité euro/dollar autour de 1,1 pour l’année à venir et sur la remontée du cours de pétrole avec un baril de Brent (référence européenne) aux alentours de 60 dollars à la fin de 2018, ils anticipent une «tendance de fond» qui «reste à la modération des cours agricoles». Pour eux, «l’indice synthétique GSCI (indice des matières premières établi par la banque Goldman Sachs, et qui sert de référence à travers le monde pour ce secteur, ndlr) des matières premières agricoles a fortement progressé entre début janvier et mi-février, tiré notamment par un rebond des cours du café, du sucre et du maïs. Cependant, cette hausse a été totalement effacée au cours des quatre mois suivants. D’une manière similaire, la précédente forte hausse des cours agricoles, datant du printemps 2016, a été presque complètement effacée entre juin et septembre. Au-delà des aléas climatiques, qui sont à l’origine de cette forte volatilité des cours agricoles, la tendance de fond reste néanmoins à la modération. L’indice GSCI agricole a été pratiquement divisé par deux par rapport à son dernier point haut, atteint en juillet 2012, et la chute a été généralisée. La faiblesse du cours du pétrole a joué un rôle important dans le recul des prix agricoles, via la baisse des coûts des carburants (plus de 10 % des coûts de production dans l’agriculture) et des fertilisants, ainsi qu’à travers une influence négative sur les prix du bioéthanol. Dans un contexte d’excès de production importants, surtout dans les céréales, nous prévoyons des baisses de cours pour le cacao, le blé, le soja et le sucre pour 2017, tandis que les prix du café et du maïs devraient s’inscrire en très légère hausse sur l’ensemble de l’année. Sur l’année 2018, nous ne prévoyons pas de rebond marqué pour aucune des principales matières premières agricoles».
Dans le détail, Xerfi prévoit une baisse des prix du blé de 2,1 % en 2018 contre - 3,4 % en 2017, alors que le maïs pourrait progresser de 2,6 % (+ 0,3 % cette année). Le soja enregistrerait une hausse de 3,5 % (- 1,8 % en 2017) et le sucre un recul de 3,2 % (- 8 % pour l’année en cours). Le cacao progresserait de 4,6 % après la dégringolade de 2017 (- 28, 3 %) alors, qu’à l’inverse, le café céderait - 1,4 % (+ 0,6 % en 2017).
Alimentation
«Malgré un marché domestique bien orienté et une demande internationale dynamique (les exportations de produits agro-alimentaires ont bondi de 5 % en valeur au premier trimestre, celles de boissons de près de 11 %), la production des industries alimentaires restera quasiment stable en moyenne annuelle en 2017 (+ 0,4 %). Les industriels français seront en effet confrontés à une concurrence européenne croissante et, globalement, plus compétitive en termes de prix. Pour autant, le climat des affaires s’améliore. En outre, la production de produits laitiers (un segment qui pèse près de 30 milliards d’euros) se redressera progressivement en cours d’année, grâce notamment aux investissements des grands groupes étrangers engagés sur le territoire», indique le cabinet d’études.
La reprise de l’activité dans les industries alimentaires sera plus nette en 2018 (+ 0,8 %). «Les opérateurs profiteront d’une demande bien orientée à l’international, tandis que la progression du pouvoir d’achat des ménages et le report des consommateurs vers les produits nationaux alimenteront la demande sur le marché domestique. L’activité sera également bien orientée du côté des boissons, avec toutefois une forte concurrence étrangère sur les vins et champagnes.»