Environnement : la profession durcit le ton
Les représentants de la profession agricole invités par le préfet à échanger sur les sujets relatifs à l’environnement.
Poursuivant l’initiative de son prédécesseur, le préfet de Région, Jean-François Cordet, a invité les représentants de la profession agricole à échanger sur les sujets relatifs à l’environnement lors d’une réunion de concertation le 4 février dernier. Méthanisation, nitrates, zones humides, bassins d’alimentation de captage… autant de dossiers qui ont été abordés.
Méthanisation : une volonté d’avancer
La profession s’inquiète du faible nombre de projets de méthanisation agricoles qui voient le jour en Picardie. Hubert Duez, président de la chambre régionale d’Agriculture, a fait valoir que la méthanisation n’est pas seulement le moyen de substituer une énergie renouvelable à l’existante, elle doit aussi favoriser le développement de nouvelles activités agricoles. Pourquoi un projet de création de serres pour valoriser la chaleur produite n’est-il pas subventionné ? Partageant la volonté de développer la méthanisation en Picardie, le préfet a proposé qu’une instance de concertation comprenant l’administration, l’Ademe et la profession agricole voit le jour rapidement afin d’analyser l’éligibilité aux subventions des projets en cours, au regard des orientations prises au niveau national.
Nitrates : extension de zonage et 5ème programme inacceptables
La directive nitrates a suscité de vives discussions. Laurent Degenne, président de la Fdsea de la Somme, a évoqué en termes vifs le récent zonage de la vallée de l’Authie : «le fonctionnement républicain a été bafoué. De nombreuses instances ont été consultées dont les chambres d’agriculture, le Codherst, le Conseil général. Toutes sont unanimes : la vallée de l’Authie n’avait pas à être classée en zone vulnérable. Le préfet coordonnateur de bassin s’est assis sur ces avis et a décidé seul de signer l’arrêté de zonage. La Fdsea de la Somme a engagé un recours auprès du tribunal administratif contre l’arrêté préfectoral». Conscient du problème, le préfet de Picardie propose d’attendre l’avis du juge du tribunal administratif.
Sur la mise en œuvre du cinquième programme, Olivier Dauger, président de l’USA de l’Aisne, s’inquiète de l’arrivée de mesures qui plafonneraient les apports et donc, à termes, à baisser les rendements. «Il faut encourager les méthodes visant à apporter au bon moment ce dont la plante a besoin, a-t-il déclaré. Plafonner les apports ne résout pas la problématique environnementale et risque de pénaliser la qualité des récoltes».
Mesurer les impacts économiques
En ce qui concerne les zones humides et les bassins d’alimentation de captages, la profession a demandé que l’impact économique de mesures environnementales contraignantes soit mesuré. «L’agriculture picarde est performante, son poids dans l’économie régionale est loin d’être négligeable. Trouvons des solutions pour mettre en œuvre les mesures environnementales sans aboutir à une sanctuarisation des espaces ni à une diminution de la production», a insisté Christophe Buisset, président de la Frsea Picardie. Benoit Rigolle, vice-président de Jeunes Agriculteurs de Picardie, a ajouté que dans ces conditions, le nombre d’installations, déjà très faible en 2012 ne risque pas de s’améliorer. En élevage on constate une baisse de 60% d’installations.
Jean-François Cordet a conclu en affirmant son adhésion à la position de la profession agricole. Le maintien de la compétitivité et des emplois en Picardie est une de ses préoccupations majeure. Les professionnels ont posé un certain nombre de questions à l’administration lors de cette réunion. Le préfet souhaite donc que cette instance de concertation se réunisse à nouveau pour évaluer les résultats des attentes de chacun.