Éoliennes et santé animale : la préfète saisie
Dans un courrier du 8 février, la FDSEA interroge la préfète de la Somme sur les impacts des champs électromagnétiques sur la santé des animaux d’élevage et leurs conséquences sur leur bien-être.
Dans un courrier du 8 février, la FDSEA interroge la préfète de la Somme sur les impacts des champs électromagnétiques sur la santé des animaux d’élevage et leurs conséquences sur leur bien-être.
Alors que la suspicion sur le rôle des éoliennes dans le disfonctionnement de troupeaux grandit, la FDSEA de la Somme interpelle la préfète de la Somme, Muriel Nguyen, sur le sujet. Pour le syndicat agricole, s’il ne s’agit pas de remettre en cause «le développement nécessaire des énergies renouvelables», il constate néanmoins que «face à la multiplication des projets (éoliens, ndlr), la grogne se fait entendre dans nos campagnes». Sans avoir les moyens de l’affirmer avec certitude, la FDSEA s’interroge sur «l’impact des champs électromagnétiques sur la santé des animaux d’élevage et les conséquences sur leur bien-être (…) Nous avons pu constater une certaine concomitance entre l’installation d’infrastructures d’énergie à proximité de bâtiments d’élevage et l’apparition de troubles comportementaux chez les animaux». Le problème reste, selon l’organisation professionnelle, «qu’il s’agit d’un sujet très peu connu, souffrant d’un manque flagrant de données scientifiques».
Fuite en avant
Les questions et craintes d’éleveurs confrontés à des phénomènes de perturbations au sein de leurs troupeaux ne laissent pas indifférente la FDSEA qui entend donc solliciter l’écoute de l’État sur le sujet : «Il est nécessaire d’améliorer l’état des connaissances», demande le syndicat. D’autant «qu’aucune étude à grande échelle et sur le long terme n’a été menée». La profession constate en effet que malgré un rapport de 2015 de l’Anses où il est fait mention du besoin de réaliser des recherches, rien à ce jour n’a avancé. Pour la FDSEA et son président Denis Bully, il est donc désormais nécessaire de «réaliser un état sanitaire systématique des élevages se situant à proximité des infrastructures électriques ou de télécommunication avant et après leur installation permettant d’inventorier, de caractériser et de documenter sur les exploitations concernées les difficultés supposées imputables aux champs électromagnétiques», peut-on lire dans le courrier adressé à la préfète. Une fois ces études en main, les éleveurs disposeraient d’éléments fiables permettant d’imputer (ou non) des perturbations constatées dans les élevages à la présence d’éoliennes.
Responsabilité des promoteurs
Dans l’hypothèse où les liens seraient confirmés, «cela permettrait de réfléchir à la meilleure prise en charge de la santé des troupeau», avance la FDSEA… et ouvrirait la voie à des compensations. L’ultime demande de la profession agricole sur le sujet concerne la participation des promoteurs éoliens eux-mêmes au financement des études d’impact sur les élevages, «au même titre que les études d’impact réalisées dans les dossiers de demande d’autorisation environnementale». Reste que si ces derniers – les promoteurs - acceptent le principe même de contribuer à des études, cela reviendrait à admettre une part de leur responsabilité. S’y soumettront-ils ? La balle est dans leur camp, mais l’idée pourrait faire son chemin. À quelques endroits dans les Hauts-de-France, existent ainsi des exemples de promoteurs éoliens participant à des plantations de haies et plus largement à des opérations de reconquête de la biodiversité en lien avec des acteurs locaux.