Eric D’Hoine : «Marabel, Milva, Franceline ont aujourd'hui la cote»
Eric D'Hoine et son épouse Catherine, négociants à Boves près d'Amiens, travaillent exclusivement sur le marché français.
Installé à Boves en périphérie d'Amiens, Eric D'Hoine et son épouse Catherine conditionnent et commercialisent quelque 25 000 tonnes de pommes de terre de consommation chaque année. Trente deux producteurs travaillent avec ce négociant. Chaque jours cinq camions de l’entreprise vont livrer les tubercules, une fois lavés et mis en sacs, dans des centrales d’achats du Bassin parisien, de Normandie, de Bretagne, et de l’Est de la France. Une autre partie du tonnage est destinée à la restauration, grossistes et à l'industrie.
«Depuis une dizaine d’années la consommation de pomme de terre a évolué», explique Eric D'Hoine. «Les enquêtes de consommation nous montrent qu'il existe à présent deux types de clientèle sur le marché français de la pomme de terre. On a d'un côté des personnes qui achètent en fonction de l'aspect de la marchandise, elles demandent des pommes de terre bien calibrées et à peau claire. De l'autres, celles pour qui c'est le goût qui prime. Nous avons donc du adapter les variétés à cette évolution de la demande».
Les producteurs s'adaptent
La Nicola qui était très présente sur le marché est maintenant remplacée par des variétés à peau plus claire comme Marabel, Milva, Melody ou encore Europa qui est une variété hâtive appréciée. Les pommes de terre à chair ferme comme Franceline, Chérie trouvent aussi une clientèle. «Pour ma part, ce que nous vendons le plus cette saison, c'est de la Marabel, de la Franceline et de la Milva. Nous n'avons pas eu de problème à suivre la tendance et à trouver ces variétés, les producteurs s’adaptent facilement à la demande du consommateur et nous avons une relation de fidélité avec eux», affirme Eric D’Hoine.
Autre évolution notable, les consommateurs achètent plus fréquemment des pommes de terre, mais en plus petites quantités. Il a donc fallu modifier le conditionnement. «Il y a encore dix ans, les pommes de terre se vendaient en sacs de dix kilos. De nos jours, les sacs peuvent peser seulement un kilogramme et demi», indique Catherine D’Hoine.
Cuisiner la pomme de terre
Par rapport à l'an dernier à pareille, la consommation de pommes de terre a sensiblement diminué en France, selon les chiffres du Cnipt (Comité national interprofessionnel de la pomme de terre) (voir encadré). Ce phénomène est du au stock important et aux conditions climatiques douces de cet hiver qui ne favorisent pas la consommation de recettes de saison. Et ce, malgré les émissions de cuisine diffusées à la télévision et les publicités diffusées à l'initiative du Cnipt. «Pourtant, les émissions de cuisine que l’on voit à la télévision devrait redonner aux gens le goût de cuisiner la pomme de terre» regrette Eric D’Hoine.
Les ménages ont moins acheté cet hiver
En début de campagne, cet été, la consommation recensée de pommes de terre par les ménages a été contrariée par la très forte production des jardins familiaux. Cet hiver, saison de prédilection pour la consommation de ce légume, c’est la douceur exceptionnelle du temps qui vient freiner les achats des ménages. Ainsi, pour la période 30 décembre 2013 au 26 janvier 2014, les chiffres communiqués par le Cnipt (interprofession) font apparaître une baisse des ventes, aux ménages, de 6,4 % par rapport à la période correspondante de l’an dernier.
En grande distribution, qui représente la plus grosse part de la commercialisation de la pomme de terre de consommation, les ventes de variétés à chair ferme ont chuté de 24 %, les variétés courantes étant beaucoup moins affectées (- 2,5 %), mais les prix de détail ont continué de progresser pour les variétés à chair ferme (+ 4,6 %) alors qu’ils se tassaient de 5,3 % en variétés courantes.
Malgré une reprise en février, depuis le début de la saison, du 11 août 2013 au 23 février 2014, les achats des ménages ont baissé de 2,9 % par rapport à la période correspondante de 2012-2013, mais les prix dans les rayons ont augmenté en moyenne, toutes variétés confondues, de quelque 7 %. Durant toute cette période, les cours en production sont restés très fermes mais, devant le manque d’activité, ils s’orientent à la baisse, aussi bien pour les tubercules destinés à la consommation en frais, qu’à l’industrie ou à l’exportation.