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Céréales
Faire son choix variétal sur plusieurs campagnes

Avec une année marquée par une forte pression septoriose et des résultats annuels fortement corrélés à la note septoriose de la variété, il est recommandé de mener la réflexion sur le choix variétal sur plusieurs années. Retrouvez toute l’expertise de la Chambre d’agriculture de la Somme pour vous accompagner au mieux dans vos choix.  

Cas de septoriose sur blé.
© Christian Gloria

Semis et désherbage d’automne :perturbés par les pluies importantes sur octobre-novembre

Des semis qui débutent autour du 08-10 octobre et qui sont ensuite perturbés par l’arrivée de la pluie au 19/10 avec d’importants cumuls jusque fin novembre (Abbeville : 101 mm du 19/10 au 31/10 et 177 mm sur le mois de novembre). 
70 % des blés sont semés au 19/10 sur le département. Très peu de semis sur le mois de novembre puis une reprise des semis, essentiellement avec labour, fin novembre jusque début février.
Très peu de fenêtres météo pour positionner au mieux les désherbages à l’automne : seulement 70 % des parcelles sont désherbées à l’automne avec généralement un désherbage de post levée réalisé tardivement (à «3 feuilles – début tallage» de la céréale). 
Sur les derniers semis, les applications ont lieu de janvier à mars au stade «1 feuille» avec les produits racinaires d’automne.
La pluies et les températures élevées sont favorables aux ravageurs tels que les limaces avec des niveaux d’attaques parfois importants (essentiellement dans les terres très argileuses), les taupins,… Présence également des pucerons jusqu’à l’arrivée des pluies, avec des interventions réalisées essentiellement dans les situations implantées précocement. 

Des stades en avance…coupés en 2 situations

A l’image des dates de semis, les stades sont très étalés sur le printemps. 
Une année qui s’annonçait précoce à l’épiaison suite au cumul de températures élevé depuis le semis avec des températures records en février – mars. 
Un stade «épi 1 cm» en avance de 10 jours sur les semis d’octobre. Une épiaison centrée au 20 mai et une floraison au 1er juin. 
Au final, la finition des blés est ralentie par le climat frais de juin et juillet avec des parcelles pas encore mûres début août en secteurs tardifs. 

Désherbage : des infestations en graminées grandissantes depuis 2 ans

Un pourcentage de parcelles désherbées à l’automne plus faible que ces dernières années, avec un positionnement du désherbage pas toujours à l’optimum. 
Des cumuls de pluie très élevés à l’automne qui continuent sur le printemps : des graminées qui détoxifient facilement, des nouvelles levées sur le printemps.
Au final, une forte infestation de vulpin, ray-grass…et aussi de brôme, observée dans la plaine sur le printemps.
Des échecs aussi sur matricaire, séneçon, coquelicot sont signalés. Une problématique ray-grass comme chardon et laiteron toujours croissante.

Azote : une absorption d’azote précoce mais une valorisation plus tôt faible sur le printemps

- Une absorption de l’azote élevée et précoce avec le climat doux et pluvieux de cet automne-hiver
- Une bonne minéralisation sur le mois de février (pluie et températures records)
- Et au final, une valorisation moins bonne que l’an passé avec 30 à 40 unités de moins absorbées à floraison en comparaison à 2023 (sols gorgés d’eau, faible enracinement, croissance rapide ?)

Verse : un risque de verse «faible à moyen» 

Un risque de verse faible à moyen en général mais qui reste élevé sur les semis précoces (fin septembre – début octobre implantés en variétés sensibles telles que Lg Audace, Garfield)
- une absorption de l’azote élevée pendant l’hiver mais une valorisation médiocre sur le printemps et des reliquats plus faibles que l’an passé,
- un peuplement moyen autour de 800 tiges à plus de 3 feuilles/m² (inférieur à 2023 et dans la médiane pluriannuelle – biomasse plus élevée pour les semis précoces de fin septembre début octobre)
- et surtout une météo favorable à la verse sur le printemps : manque d’ensoleillement, pluies régulières et une montaison en jours plus courts avec l’arrivée du stade «épi 1 cm» précocement.
En résumé, un risque de verse plutôt «faible» à «modéré» sur le département mais plus élevé en situations précoces. Une nécessité de bien évaluer le risque à la parcelle avec la prise en compte de la tolérance variétale et de la date de semis ! 

Maladies : pression septoriose et rouilles élevée 

• Septoriose : importantes contaminations aux printemps
Le climat pluvieux pendant la montaison est favorable aux contaminations de septoriose. 
Sur le département, le cumul de pluie du 15 février au 25 avril est d’environ 200 mm avec un total depuis le semis de 600 mm pour l’est du département à plus de 800 mm sur l’ouest. 
Des symptômes sont facilement observés sur les F3 définitives mais également sur les feuilles hautes (F2 et F1) avec des fréquences parfois importantes :   
- un effet de la date de semis mais aussi de la densité de semis
- un effet variétal, de la septoriose bien marquée sur des variétés sensibles semées précocement et parfois hors créneaux de semis (Celebrity, Sy Admiration,…)
- une application du fongicide bien positionnée à  «Dernière Feuille Etalée» mais parfois à plus de 
3 semaines du dernière traitement : «trou» dans la protection
Au niveau du modèle «Septolis», d’Arvalis Institut du Végétal : 
- pour les variétés sensibles à moyennement sensibles (note septoriose ≤ 6), le risque est élevé à très élevé avec le traitement fongicide qui déclenche au stade «dernière feuille pointante». 
- pour les variétés peu sensibles (note septoriose ≥ 6.5), le risque est moyen à élevé avec le déclenchement du 1er traitement au stade «Dernière Feuille Etalée».
- pour les semis tardifs, le risque est faible (variétés peu sensibles) à moyen (variétés sensibles à moyennement sensibles). 

• Rouille jaune : risque élevé proche de la référence haute
Le modèle «YELLO», d’Arvalis Institut du Végétal, place l’année 2024 en risque très élevé, équivalent à la référence haute, sur les semis d’octobre. Sur les semis tardifs, le risque est élevé et équivalent à l’an passé. 
Les premières pustules apparaissent à la mi-mars et des foyers sont observés à la mi-avril, essentiellement sur variétés sensibles (Campesino, Celebrity, Prestance, ..). La maladie est aussi constatée sur des variétés «dites peu sensibles» telles que Chevignon, Pondor, Su Ecusson. 

• Rouille brune : une apparition précoce et un développement en fin de cycle.
Le cumul de températures record depuis le semis place l’année 2024 en risque élevé avec une apparition des premières pustules précocement. Cependant, la maladie a été stoppée par le froid des 15 derniers jours d’avril et elle s’exprimera davantage en fin de cycle suite aux jours «chauds» du mois de mai sur variétés sensibles : Pondor, Su Addiction, Kws Extase… 
➝ Symptômes physiologiques : souvent observés
Des taches physiologiques sont souvent constatées sur Campesino, Chevignon, Kws Extase, Prestante, Pondor…suite aux fortes amplitudes thermiques et à la présence de vent du nord-est mi-avril. 
Des symptômes de Jaunisse Nanisante de l’Orge (JNO – virose causée par les pucerons à l’automne) sont également constatés sur des semis précoces ou très tardifs sans protection insecticide. 
Des symptômes de grillures polliniques sont apparues suite à l’alternance de soleil-pluie pendant la floraison dans quelques situations.
➝ Symptômes sur épis (piétin verse, piétin échaudage, fusarioses)
Mi-juin, des symptômes sur épis de piétin verse et de piétin échaudage sont signalés en par-celle. 
L’automne doux et humide a été favorable à l’inoculum de piétin échaudage et de piétin verse. Les pluies de mars à mai ont permis leur développement dans les situations à risque.
De la pluie autour de la floraison des blés a pu engendrer quelques symptômes de fusarioses.
➝ Ravageurs : faible présence au printemps
Sur le printemps, très peu de ravageurs sont constatés. Quelques pucerons sur épis sont observés mais régulés naturellement par les auxiliaires (syrphe, coccinelle, chrysopes) – aucune parcelle n’atteint le seuil de nuisibilité !
Quelques cécidomyies orange piégées fin mai – début juin mais aucune parcelle n’atteint le seuil de nuisibilité.
Des limaces sont souvent observées sur feuilles et parfois sur épis, essentiellement en précédent colza, en non labour, mais sans incidence à ces stades. 

Rendements et Qualité : un rendement départemental estimé autour de 75-77 q/ha et une qualité médiocre

Une récolte qui débute mi-juillet mais toutes les parcelles ne sont pas mûres… et la moisson se terminera le 10 août en secteurs tardifs (Vimeu, Doullennais) avec des PS médiocres, fortement liés à la pression «maladies» et des teneurs en protéines hétérogènes et faibles à la vue des rendements.
Au niveau des composantes de rendement : 
- le nombre d’épis est non limitant et plutôt favorable avec une moyenne de 500 épis/m² contre 556 épis en pluriannuel.
- une fertilité épis moyenne (faible rayonnement, températures pas trop élevées, offre photothermique plutôt médiocre) 
- des PMG plutôt faibles, estimés autour de 40 g en moyenne, contre 44.6 g en pluriannuel. Une bonne réserve hydrique et des températures pas trop élevées pendant le remplissage mais une pression maladies élevée avec des expressions de symptômes sur les dernières feuilles, des infestations en graminées parfois conséquentes et croissantes….
Les rendements en parcelle sont moyens : de 50 q/ha à 105 q/ha. 
Les situations en terres superficielles et les semis tardifs sortent les meilleurs rendements : peu impactées par les forts cumuls de pluie à l’automne, et à contrario ces implantations ont bien profité des pluies sur le printemps. 
Moins de maladies et d’infestations de graminées dans les situations implantées tardivement, ce qui a été également favorable au rendement. 
A l’inverse, les terres profondes, les semis précoces avec de meilleures biomasses, une pression sanitaire plus importante, sont plutôt décevants.
Le rendement départemental se situe autour de 75 -77 q/ha.
Au niveau de la qualité, le PS est correct en début de récolte et se dégrade avec les pluies mais sans être catastrophique : aux normes en début de moisson (de 76 à 80) puis autour de 71 – 72 en fin de récolte. La teneur en protéines est faible à la vue des rendements avec des teneurs hétérogènes.
Une nuisibilité maladies estimée provisoirement à 25 q/ha en moyenne (sur 17 essais variétés du Comité Technique Céréales à Paille de la Somme) avec une pression septoriose élevée et des attaques de rouille jaune et rouille brune parfois importantes.

Semis céréales 2024 : faire le bon choix variétal

Les préconisations : cette liste variétale est réalisée sur la synthèse des essais du Comité Technique Céréales à Paille de la Somme (2024 et pluriannuels sur 6 années) et les observations en parcelles agriculteurs. (Rendements des essais exprimés en indice ; 100 % = moyenne des essais).
Les critères de choix des variétés reposent sur une productivité pluriannuelle confirmée ; une bonne tolérance aux maladies et à la verse ; une bonne qualité (teneur en protéines, la note GPD (protéines corrigées des effets de dilution) et être vigilant au PS - essentiellement en secteurs tardifs ; la tolérance au chlortoluron pour la lutte contre le ray-grass (infestation croissante) ; la résistance aux cécidomyies orange dans les parcelles à risque élevé.

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