Fécule : fin de campagne chez Roquette
Les dernières réceptions de pommes de terre féculières par l’usine de Vecquemont, ont eu lieu le17 janvier. Le point sur cette campagne décevante en termes de rendements et de volumes.
à lui, le 19 ou le 20 janvier..
Il est des années que l’on préférerait oublier. La campagne féculière, qui touche à sa fin, appartient à cette catégorie. Et pour cause. L’élément le plus marquant aura été une faiblesse des rendements, avec un rendement moyen final de 41 t/ha pour une richesse à 17, alors que la campagne précédente avait enregistré un rendement moyen à 51,7 t/ha. Une dégringolade qui n’avait pas été observée depuis 2001. Conséquence : les volumes contractés, au départ, par l’usine Roquette, soit 760 000 t, ne seront pas atteints, puisque ce sont 620 000 t, au final, qui seront réceptionnées à 17 de richesse. L’année précédente, les volumes avaient atteint les 710 000 t à 17 de richesse.
Autre incidence : une tare terre plus élevée que l’année précédente au démarrage de la campagne, soit autour de 12 à 13 % alors qu’elle était entre 5 et 6 % l’année précédente. Mais «on devrait terminer autour de 11 % comme en 2017», prévoit Arnaud Dupont, directeur de l’usine Roquette de Vecquemont. Dernier résultat : une tare cailloux au pourcentage élevé, soit autour de 2,8 %. L’industriel et la coopérative féculière de Vecquemont ont décidé de développer l’épierrage pour réduire la tare cailloux. Des premiers tests ont été réalisés. Ils sont prometteurs (cf. édition du 21 décembre 2018).
A ceux qui ne verraient que le verre à moitié vide, le directeur de l’usine préfère regarder le verre à moitié plein. «Certes, les volumes ne sont pas au rendez-vous, mais nous avons eu deux bonnes surprises pour cette campagne. La première concerne la conservation des pommes de terre féculières. Nous n’avons rencontré aucun problème de conservation contrairement à l’an passé où les températures élevées d’octobre 2017 ont détérioré leur conservation. La seconde bonne nouvelle a trait à la densité des pommes de terre, qui a atteint jusqu’à 19», détaille le directeur de l’usine de Vecquemont.
Choix commerciaux
Reste que la différence entre les volumes contractés et les volumes réceptionnés ne sera pas comblée, en raison des prix d’achat de pommes de terre de transformation bien trop élevés. Pénurie oblige. Aucun achat n’est donc prévu. Une situation à laquelle sont confrontées, au demeurant, les autres féculeries. Il y aura donc un manque de fécule sur le marché.
Roquette a, de ce fait, revu sa stratégie commerciale. «Nous ferons des arbitrages commerciaux. En fait, la priorité sera donnée aux marchés de la nutrition et de la santé, soit des marchés à forte valeur ajoutée, ainsi qu’aux marchés européens et au grand export, notamment pour l’Asie et l’Asie du Sud-Est. D’ailleurs, des opportunités de substitution existent pour ces pays, notamment avec le tapioca», précise Arnaud Dupont.
Quant aux contrats qui ne seront pas assurés, là aussi, Roquette a tranché dans le vif. Ils concernent l’industrie papier et carton. «Pour ces clients, on va proposer des alternatives sur une base d’amidon de pois, par exemple», ajoute-t-il. Dernière difficulté qui laisse présager de nouvelles complications, cette fois-ci pour la campagne suivante : le manque de plants.
20 % de plants manqueront
«Le manque de plants à ce niveau-là est une première depuis quinze à vingt ans», constate Arnaud Dupont. Mais, là encore, cette situation n’est pas propre à la féculerie de Vecquemont. Toutes les féculeries d’Europe sont en effet confrontées au manque de plants. Roquette estime le manque de disponibilité à hauteur de 20 % pour ses planteurs. Ceux-ci seront-ils livrés en plants ? «Oui, répond le directeur de l’usine. En revanche, nous ne pourrons pas répondre forcément à toutes leurs demandes de variétés.» Les variétés les plus demandées sont Amyla, Kapta, Producens et Kardal. Toutes sont disponibles, mais dans des volumes limités.
Traduction : les planteurs auront des plants de fécule, ainsi que des plants de variétés semi-féculières, provenant de France et d’Europe (Belgique, Hollande, Allemagne, Danemark). La coopérative et l’usine planchent sur une répartition équitable. Si, lors de la campagne précédente, un manque de plants avait été enregistré, en raison de l’augmentation des surfaces emblavées, il n’avait pas cependant atteint les proportions actuelles, dues aujourd’hui à la faiblesse des rendements. Conséquence : les surfaces emblavées n’augmenteront pas pour la prochaine campagne.
Campagne 2018-2019
950 exploitations adhérentes
14 600 ha de surfaces emblavées
620 000 t réceptionnées à l’usine de Vecquemont
11 % de tare terre
2,8 % de tare cailloux, soit 15 000 t de cailloux