Fécule : une conservation courte, mais indispensable à la filière
Avec une campagne de six mois au maximum, les pommes de terre fécule nécessitent un faible temps de conservation. Néanmoins, le stockage est nécessaire pour développer la filière.
Avec une campagne de six mois au maximum, les pommes de terre fécule nécessitent un faible temps de conservation. Néanmoins, le stockage est nécessaire pour développer la filière.
La campagne 2020-2021 de pommes de terre fécule n’est pas un exemple à retenir. Pour l’usine Roquette de Vecquemont (Somme), par exemple, elle s’est étalée du 7 septembre au 19 janvier, avec un rendement très décevant de 41 t/ha, sur 14 150 ha, soit un peu plus de 580 000 t. Mais la filière va de l’avant. «L’usine a une ambition de 800 000 t. Pour cela, en prenant en compte les rendements très variables d’une année à l’autre en fonction des conditions climatiques, il faut que nous puissions faire face à 950 000 t de production au maximum. Il nous manque donc un peu plus de 100 000 t de capacité de stockage en bâtiment », explique Bruno Poutrain, directeur de la coopérative féculière de Vecquemont. Cette augmentation de la surface ne devrait avoir lieu qu’à partir de la campagne 2022-2023, à cause d’un manque de disponibilité de plants.
Un cahier des charges plus souple
Les trois quarts des pommes de terre fécule sont en fait stockés en bout de champ, jusqu’à Noël. «Nous recommandons alors de faire des silos pas trop larges, pour favoriser la longue durée, et d’avoir recours au bâchage en Toptex», conseille Thibaut Ricour, ingénieur conseil et développement à la coopérative. Cette bâche permet de protéger de la pluie, et facilite le déterrage pratiqué au chargement. Les pommes de terre enlevées après Noël, elles, doivent être stockées en bâtiment. «En fécule, le cahier des charges est néanmoins plus souple qu’en pommes de terre de conservation. Il y a une petite tolérance en termes de germination. Les conditions de stockage sont donc moins drastiques», note Bruno Poutrain. La température doit idéalement être située entre 5 et 10 °C, et la ventilation du bâtiment est un plus, car elle permet de sécher et de refroidir le tas, limitant ainsi la germination. «Certains bâtiments ne sont pas ventilés. Cela nécessite alors des précautions : choix de la parcelle, de la date d’arrachage…»
Quant au traitement antigerminatif, «les producteurs ont souvent recours à l’hydrazide maléique», précise Bruno Poutrain. D’après Arvalis-Institut du végétal, «pour que l’efficience du produit soit optimale, il est nécessaire que la migration de la matière active vers les tubercules ait été satisfaisante au champ». L’application doit être réalisée lorsque le stade 80 % de tubercules > 25 mm est dépassé, sur une plante «poussante», en dehors de périodes de trop fortes chaleurs et avec une hygrométrie élevée. «En ce qui concerne le volume de bouillie, il est important de maintenir un volume d’eau suffisant d’au moins 200 à 300 l/ha. Un délai minimum de douze heures sans pluie est également nécessaire pour assurer une bonne absorption du produit par la plante», précise Arvalis.
L’arrêt du CIPC peu impactant
«Les dernières semaines de conservation pourront nécessiter un complément, dont le coût est en partie compensé par des prix croissants en cas de campagne tardive», ajoute Bruno Poutrain. Environ 10 % des bâtiments étaient traités au CIPC (chlorprophame), interdit depuis août 2020, et ont donc nécessité un nettoyage total au même titre que pour la pomme de terre de conservation. «Mais ces dernières années présentaient des campagnes courtes, et les traitements ont été peu fréquents.»
Pour les conseils aux producteurs, la coopérative féculière s’appuie sur le cahier des charges Arvalis pour l’aménagement de bâtiments et les Flash info conservation durant la campagne.