Filière porcine : les démarches qualité dans les Hauts-de-France
Dans les Hauts-de-France, l’Union régionale des groupements de producteurs de porcs (URGPP) recense dix démarches de qualité répondant à des cahiers des charges spécifiques.
Elles s’appellent Le Porcilin, Porc d’Antan, Le Porc des Hauts Pays, Ch’ti Porc des Flandres, Le Coduno, Jean Régal, Délic’ochon, Eleveurs des plaines et des beffrois, Les éleveurs des Hauts-de-France, ou encore Association viande bio Hauts-de-France. Derrière chacun de ces noms, on retrouve l’engagement d’un groupement et d’éleveurs à proposer à leurs clients une viande de porcs issus d’animaux élevés selon des cahiers des charges spécifiques.
Qu’elles se destinent à la grande distribution ou aux boucheries artisanales, les dix démarches de qualité régionale participent toutes aux mêmes objectifs : segmenter l’offre de viande porcine en la différenciant d’une production «standard», et permettre aux éleveurs engagés dans ces démarches d’obtenir une meilleure rémunération.
Porcilin, Ch’ti Porc et Coduno en GMS
Lancée en 1996 par le Groupement des producteurs de porcs des Monts de Flandres (GPPMF), la démarche Ch’ti Porc - Ch’ti Porc des Flandres a été créée ensuite en 2016 - est celle qui rassemble aujourd’hui le plus grand nombre d’éleveurs (autour d’une centaine), puisqu’elle concerne l’ensemble des adhérents du groupement. Pour être estampillé Ch’ti Porc, les animaux doivent être nés, élevés et transformés en Nord-Pas-de-Calais. Ce qui différencie le Ch’ti Porc du Ch’ti Porc des Flandres est d’autoriser la transformation en Belgique des animaux entrant dans cette déclinaison de la démarche initiale. Dans l’une comme dans l’autre, le respect des bonnes pratiques d’élevage est imposé, de même qu’un minimum de 65 % de céréales dans l’alimentation.
Créée en 2008, la démarche Porcilin est, elle, portée par une association regroupant une quarantaine d’éleveurs. Comme son nom le laisse supposer, la particularité forte de cette démarche est de garantir une alimentation des animaux enrichie à la graine de lin. Ces animaux sont nés, élevés et abattus en région par l’abattoir Bigard de Saint-Pol (62), commercialisés par la coopérative Cobevial, avant de se retrouver dans les rayons de l’enseigne Auchan.
Le lin dans l’alimentation se retrouve également dans le cahier des charges de la démarche Coduno. Lancée en 2004 par l’association La Collégiale, adossée à la coopérative Unéal, la marque Coduno fait référence au cahier des charges «Bleu, Blanc, Cœur», qui garantit une viande naturellement riche en Oméga 3, et adhère à la marque régionale Saveurs en’Or qui garantit l’origine locale.
Jean Régal, Délic’ochon, Porc d’Antan et PHP chez les artisans
En parallèle à ces démarches ouvertes aux enseignes de la grande distribution, prêtes à accepter le jeu de la différenciation, plusieurs autres démarches de qualité s’adressent exclusivement aux artisans-bouchers. Certaines de ces démarches ont d’ailleurs été élaborées en partenariat avec eux, voire à leur demande, afin de «coller» aux attentes de ces professionnels et/ou de leurs clients.
C’est le cas, par exemple, de la démarche Porc des Hauts Pays (PHP) mise en place depuis 1996. L’association qui la porte compterait aujourd’hui une vingtaine de producteurs fournissant une centaine de boucheries-charcuteries. Son cahier des charges est de loin le plus contraignant avec pas moins de six points de vigilance. Les animaux doivent, en effet, être nés, élevés, abattus et commercialisés en région. L’alimentation doit comporter au minimum 75 % de céréales et être enrichie de graines de lin. Un type génétique est également défini : seules les femelles sont destinées à cette démarche. Autres points de vigilance : le respect d’une gamme de poids et d’un taux de muscle des pièces (TMP) défini.
Elevés sur la base du cahier des charges Coduno, les porcs de la marque Jean Régal répondent, eux aussi, aux exigences de la démarche «Bleu, Blanc, Cœur» et Saveurs en’Or, avec un type génétique défini. Partageant son appartenance à l’association La Collégiale avec Coduno et Jean Régal, et répondant aux mêmes exigences, Délic’ochon se différencie par un élevage des animaux sur paille. Enfin, reste la démarche Porc d’Antan. Portée par douze éleveurs, elle garantit des animaux nés, élevés et abattus en région - la Cobevial est chargée de la commercialisation - , nourris avec une alimentation composée de 75 % de céréales, des graines de lin et un engraissement sur paille.
De la place pour le bio
Ce tour d’horizon des démarches de qualité en région Hauts-de-France ne serait toutefois pas complet sans évoquer le développement de la production bio depuis quelques années. Créée en 2013, l’association Viandes bio d’ici a vocation à regrouper des opérateurs de l’amont à l’aval, de manière à structurer une offre. Trois éleveurs sont aujourd’hui engagés, représentant un cheptel d’une soixantaine de truies, pour une production de vingt porcs par semaine.
Le potentiel de croissance est, quant à lui, bien présent, puisque, selon l’association, qui a interrogé ses distributeurs partenaires, le débouché pourrait être de quarante porcs par semaine. Pour cette dernière, l’arrivée d’un éleveur de porc bio supplémentaire permettrait «d’approvisionner la filière et de consolider la production».