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Françoise Crété : «Nous devons arrêter de nous faire peur»

Compte tenu du contexte sanitaire actuel, la cérémonie des vœux de la présidente de la Chambre d’agriculture de la Somme au monde agricole et rural ne pourra pas avoir lieu. Mais Françoise Crété reste positive et souhaite aux agriculteurs de retrouver des jours meilleurs.

La présidente de la chambre d’agriculture se dit convaincue que l’année 2021 sera propice à la poursuite d’un certain nombre de projets. 
© V. F.

Dans quel état d’esprit vous trouvez-vous en ce début d’année ? 

La période que nous avons vécu depuis bientôt un an et que nous continuons à vivre est déstabilisante, mais je souhaite que nous puissions collectivement être force de propositions et porteurs de projets pour surmonter la crise. Quelle que soit la crise que nous vivons, on peut choisir de la surmonter seul et cela peut convenir à certaines personnes, mais ce n’est pas ma conception. En ce qui concerne notre travail, nous avons intérêt à travailler ensemble, autour de projets, pour nous en sortir. Nous devons aussi arrêter de nous faire peur et de broyer du noir.

 

De quelle manière la Chambre d’agriculture de la Somme et ses équipes ont vécu 2020 ?

De manière mouvementée, c’est un fait. Mais nous nous rendons compte aussi que nous avons de la chance d’avoir les équipes que nous avons. Il n’y a pas de rupture dans l’activité et dans les services que nous apportons aux agriculteurs. On peut dire également que cette année 2020 a été profitable à nos partenariats. Je pense par exemple aux relations que nous entretenons avec les intercommunalités, avec le Département. Nous nous sommes retrouvés autour de projets, nous avons expérimenté et innové. Je suis maintenant convaincue que l’année 2021 sera propice à la poursuite d’un certain nombre de projets. Le département de la Somme apparaît finalement comme l’un de ceux qui ont le moins souffert en 2020 en termes de rendements.

 

Quel(s) conseil(s) donneriez-vous à des porteurs de projets, malgré un contexte qui reste compliqué ? 

Il faut faire les choses à notre rythme, de la manière dont on les sent. J’ai tendance à préférer l’approche collective. Des moyens financiers sont également disponibles. On n’investit pas pour le plaisir, mais il faut savoir que si l’on veut, on peut le faire. Ensuite, il faut intégrer le fait que les projets que l’on mène doivent être évolutifs. Les outils dans lesquels on investit aujourd’hui doivent être modulables pour répondre aux changements d’habitudes des consommateurs, dans un monde qui bouge très vite.

 

Comment faire pour que les agriculteurs intègrent davantage les enjeux environnementaux à leur quotidien d’exploitant ? 

Il n’y a pas de recette-miracle et il ne faut pas penser qu’environnement et agriculture sont opposés. J’ai néanmoins une certitude : le rôle environnemental de l’agriculteur doit être reconnu et il doit être rémunérateur. Et c’est, semble-t-il, l’orientation qui est prise pour la politique agricole commune de demain. 

 

Quelle serait votre méthode pour attirer des jeunes dans les métiers de l’agriculture et de nouveaux profils ?

Le renouvellement des générations est un vrai enjeu. Si nous voulons encore installer des jeunes demain, il faut montrer que nos métiers sont intéressants et qu’ils permettent de vivre décemment, comme n’importe quel autre métier. 

Milieu de semaine, le Président de la République s’est rendu dans l’Eure auprès d’agriculteurs engagés dans la transition agroécologie. À leur place, que lui auriez-vous dit ?

Contrairement à ce que certains peuvent dire ou penser, les agriculteurs ne sont pas contre le changement et les transitions. Le monde agricole n’a jamais cessé d’évoluer. Il faut simplement que ces changements soient utiles, qu’ils soient expliqués et qu’ils nous permettent de continuer à vivre notre métier. Nous voulons bien faire du circuit court, du local, du haut de gamme, sans oublier le reste, mais le revenu doit être à la hauteur de nos engagements. Nous devons aussi avoir tous les mêmes règles. Enfin, nous devons aussi davantage travailler sur le lien entre alimentation de qualité, comme l’est celle que nous fabriquons en France, et la santé. 

 

L’année 2021 débute avec l’annonce de la fermeture du site Matines de Montdidier… On aurait pu espérer une meilleure entrée en matière ? 

C’est encore une mauvaise nouvelle pour le territoire, après l’abandon de la ferme des 1 000 vaches en fin d’année dernière. Heureusement, il y a quand même des choses qui redonnent de l’espoir. Je pense par exemple au Gufa de la Somme, au projet de Canal Seine Nord. En ce qui concerne ce dernier, c’est un projet qui s’impose à nous, mais nous avons déjà bien engagé le travail pour en faire une opportunité pour le territoire.

 

 

Pour l’APCA, priorité au plan de relance 

Accompagner les agriculteurs à travers le plan de relance : telle est la priorité affichée par l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture (APCA), le 6 janvier, lors des vœux à la presse, présentés par son président, Sébastien Windsor. «On va passer à l’étape où les chambres d’agriculture sont dans la cour de ferme de chaque agriculteur pour aider à utiliser ce plan de relance», a annoncé Sébastien Windsor. Les chambres d’agriculture ambitionnent de déployer le plus rapidement possible les mesures de ce plan et en profiter «accélérer les changements de pratiques (…) en utilisant efficacement l’argent de ce plan», a-t-il ajouté, l’objectif affiché étant de «redonner de la compétitivité» aux exploitations. Le ministère de l’Agriculture compte d’ailleurs sur l’APCA pour «relayer le message», a affirmé Christophe Hillairet, secrétaire général de l’organisme consulaire. Un guide synthétique qui permettra à chacun de s’y retrouver est en cours de réalisation. Il aidera «les agriculteurs à trouver les bonnes réponses dans le cadre du plan de relance», a-t-il ajouté. Pour appliquer ce plan sur le terrain, l’APCA a entrepris la formation d’environ 500 conseillers pour avoir «dans chaque région, sur chaque ligne du plan, un collaborateur formé», a indiqué Sébastien Windsor. Des volontaires du service civique viendront renforcer le dispositif, à raison de deux ou trois personnes dans chaque chambre départementale. L’APCA veut ainsi profiter de ce plan de relance pour accompagner la transition des exploitations. «Demain, l’idée est de se mettre sur le marché du carbone pour vendre ces tonnes que l’agriculteur pourrait séquestrer», a indiqué le président de l’APCA. La Pac pourrait, de fait, être un bon levier pour réussir cette transition, ont dit, en substance, les élus de l’APCA. Ils entendent inverser la logique qui caractérise aujourd’hui les Mesures agroenvironnementales (MAE) et qui visent à compenser une perte de revenus. Au contraire, ils veulent inscrire les agriculteurs dans une démarche de projet, «avec un objectif de résultat économique, social et environnemental», a souligné Christophe Hillairet. Par ailleurs, les chambres ont indiqué qu’elles seront vigilantes sur la directive Nitrates qui doit être révisée en 2021 «afin d’éviter le classement à tout va en zone vulnérable».
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