Frédon, le rapprochement des régions : pas maintenant !
Le rapprochement de la Frédon Picardie et Nord-Pas-de-Calais est reporté en 2019. Les raisons.
«Indépendance, impartialité et intégralité», telles sont les valeurs de la Fédération régionale de défense contre les organismes nuisibles de Picardie (Frédon) décrites par son président, Patrick Moizard, lors de l’assemblée générale, qui s’est tenue à Amiens le 12 mai. L’occasion pour cet organisme à vocation sanitaire de faire le bilan des activités(1) qui ont été réalisées au cours de l‘année 2015, de rappeler ses valeurs et de faire part de ses intentions concernant la régionalisation.
Dans le cadre de ses activités, le 24 février dernier, la Frédon a été accréditée selon la norme NF en ISO/CEI 17020 par la Cofrac lui permettant d’être reconnue dans les missions d’inspection confiées par la Draaf - SRAI, notamment en ce qui concerne la délivrance du passeport phytosanitaire européen (P.P.E.), ainsi que dans les inspections en lien avec la surveillance des organismes nuisibles réglementés et émergents (Sore). Cette année, l’accent a été mis sur le prélèvement des pommes de terre «plants de ferme» et les campagnols.
«Plants de ferme» : surveillance sanitaire
Initiée en 2014, la réalisation de prélèvements sur les pommes de terre «plants de ferme» suit son cours. Pour rappel, cette opération vise à faire respecter par les professionnels agricoles les règles d’application de l’accord interprofessionnel «plant de ferme», et d’entretenir un lien étroit entre l’état, l’UNPT (Union nationale des producteurs de pommes de terre) et les professionnels.
Pour cela, une recherche de nématodes à kystes est réalisée sur des prélèvements de terre qui vont recevoir le plan certifié pour une production de plants de ferme, ainsi qu’une recherche des bactéries Ralstonia et Clavibacter sur des prélèvements de pommes de terre «plants de ferme».
Cette démarche reste toutefois aujourd’hui volontaire pour les professionnels agricoles. Pour ce faire, ces derniers doivent au préalable se déclarer auprès des services de l’Etat afin de bénéficier de ces analyses, essentielles pour la veille sanitaire de cette culture.
Campagnols : un plan d’actions régional
Les campagnols, depuis septembre 2014, sont devenus un véritable fléau pour les agriculteurs. En lien avec l’arrêté du 14 mai 2014 sur la lutte contre les campagnols et l’instruction technique du 21 octobre 2014 sur le même sujet, la Frédon, en partenariat avec de nombreux acteurs de la filière (Fédération régionale des chasseurs, Chambre d’agriculture, la Draaf-SRAI, Dreal, Picardie Nature…) a élaboré un Plan d’actions régional (P.A.R.). «C’est un dossier assez long, puisqu’il a été ouvert depuis un an et demi. Cette lenteur s’explique en partie par l’importance du nombre d’intervenants», indique Vivien Leconte, responsable qualité à la Frédon.
Ce plan a pour but d’encadrer la lutte contre les campagnols ravageurs des cultures, notamment l’utilisation de la lutte chimique avec la bromadioline via la mise en place d’outils d’aide à la décision. Le plan doit être finalisé dans le premier semestre 2016, avant d’être présenté en Comité régional d’orientation de la politique sanitaire animale et végétale (CROPSAV) afin d’être validé par la suite par le préfet.
En parallèle, l’assemblée, qui par ailleurs explique cette montée de campagnols dans les campagnes par l’apparition des techniques culturales simplifiées, a émis plusieurs idées de luttes alternatives telles que l’implantation de prédateurs (faucons, chouettes ou encore la réimplantation de haies). S’il y a urgence à agir, la Frédon semble moins pressée d’avancer sur le chemin de la régionalisation.
Régionalisation : pas à l’ordre du jour
La régionalisation des Frédon Nord-Pas-de-Calais et Picardie ? Cette question n’a pas manqué d’être soulevée lors de l’assemblée. Patrick Moizard a indiqué que celle-ci n’était pas cependant à l’ordre du jour : «Aujourd’hui, laissons-nous le temps jusqu’en 2019 afin d’apprendre à mieux se connaître et à valoriser les compétences récemment acquises avant de nous rapprocher.» «Ce sont deux territoires différents. D’où cette demande de temps supplémentaire afin de mieux se connaître», ajoute pour sa part Valérie Pinchon, directrice de la Frédon Picardie.
Reste que l’idée de rapprocher les deux régions est aujourd’hui un sujet délicat. En effet, ce rapprochement pourrait aboutir à une réorganisation interne des services. Mais en ne se regroupant pas à présent, la Frédon Picardie risque de perdre la co-animation de certaines filières. Néanmoins, celle-ci aborde sereinement l’année 2016, car ses animations sont garanties. En revanche, c’est le flou artistique pour 2017 tant sur les financements que sur les objectifs de la Chambre régionale d’agriculture et la Région Hauts-de-France, principaux partenaires de la Frédon.
(1) L’environnement, l’expérimentation plein champs, la recherche et développement, la réalisation d’études au sein de cliniques végétales et la formation des professionnels sont l’ensemble des domaines dans lesquels exerce la Frédon. A cela, s’ajoute les missions d’inspection et de surveillance du territoire qui représentent à elles deux 50 % du budget annuel de l’organisme, mais aussi de son temps de travail.