Gamm vert d’Abbeville : acheter au plus près et au plus frais
Le 1er octobre, Sicap, filiale du groupe Noriap, inaugurait en grande pompe, son nouveau rayon terroir frais, au Gamm Vert d’Abbeville.
D’un côté, il y a les consommateurs qui souhaitent disposer de produits de la ferme, mais qui n’ont pas toujours le temps de se rendre sur place. De l’autre, il y a des producteurs qui ont besoin de points de vente collectifs pour se faire connaître et des coopératives, comme Sicap, en recherche de valeur ajoutée. Ce sont les aspirations et les intérêts des uns et des autres qui sont à l’origine de la création du rayon terroir frais d’Abbeville.
Petit retour en arrière. En 2009, la Chambre d’agriculture de la Somme et la coopérative Uneal (Ad Vitam, aujourd’hui, ndlr) mettent en place un rayon de produits frais au Gamm Vert de Péronne. Le résultat est probant. L’idée est d’en faire autant à Abbeville. Cette fois-ci, c’est Sicap qui saisit la balle au bond en…2015. «C’est un projet qui se mûrit, donne pour explication Yann Rousselle, animateur de réseau de vingt-trois magasins au sein de la Sicap. On avait d’autres priorités.» Traduction : la coopérative mise sur le cœur de métier de Gamm Vert, à savoir la jardinerie et l’alimentation animale.
Mais le métier restant très dépendant de la météorologie pour le jardinage, il faut trouver autre chose pour pérenniser l’acte d’achat des clients. Et rien de mieux que les produits du terroir, accessibles toute l’année, pour inciter les clients à venir de façon récurrente au magasin. «Nous avions besoin de valeur ajoutée supplémentaire», dit autrement le président de Sicap et président délégué de Noriap, Jacques de Villeneuve. Une fois cela dit, la coopérative apporte la garantie de produits de qualité, respectant les normes sanitaires. D’ailleurs, tous les agréments des producteurs sont systématiquement vérifiés. Autre gage de garantie.
Les atouts du littoral
Outre le potentiel de la taille de la ville et de celle du magasin d’Abbeville pour lancer un rayon terroir frais, le littoral avait également un avantage considérable avec sa forte concentration de producteurs en maraîchage et élevage. De quoi assurer des circuits courts et produits locaux, d’autant plus que le principe est que le producteur livre directement au magasin sa production.
Les producteurs locaux étant la clé du projet, tout commence par leur recherche au printemps. En juin, une bonne trentaine est réunie dans tous les secteurs : élevage bovin et porcin, volaille, maraîchage, horticulture, produits laitiers, œufs, foie gras. Début octobre, ils étaient une quarantaine. Leur nombre pourrait aller en s’accroissant.
Une fois les accords passés, ne reste plus qu’à délimiter la zone dans le magasin qui accueillera ce nouveau rayon sur 100 m2. Des travaux d’aménagement sont entrepris, d’éclairage et d’alimentation gros froid. Coût de l’opération : entre 70 000 et 80 000 euros, venant de la poche de Sicap et de Noriap.
Désormais, les produits locaux frais sont à disposition des consommateurs, et ce, tout au long de l’année. Un dernier réglage s’imposera : les quantités de produits demandées aux producteurs seront revues à la hausse ou à la baisse, suivant les ventes. Entre la qualité des produits et la volonté de favoriser les circuits courts, le projet devrait avoir de beaux jours devant lui. Comme le disait Gérard Blondel, le représentant de la Chambre d’agriculture, «la diversification et les circuits courts, c’est l’avenir».
Christelle Fromentin : «C’est super !»
L’ex-assistante commerciale dans l’industrie métallurgie, reconvertie à la fabrication de produits laitiers depuis avril 2014, ne cache pas sa joie. «C’est super. On n’a pas de points collectifs de produits pour les agriculteurs en Baie de Somme. Le seul point de retrait est à Amiens. C’est loin pour moi, je n’ai pas le temps. Avec ce rayon terroir frais, le problème est résolu. C’est super !», dit-elle.
Jusqu’ici, Christelle Fromentin vendait sa production en direct, au corps de ferme, et un peu auprès de quelques intermédiaires. Insuffisant pour se faire connaître, et ce, même en dépit de la qualité de ses produits. Aussi le débouché de vente nouveau que représente ce rayon est-il un vrai plus pour l’agricultrice. «Cela va me permettre de développer mon activité. C’est d’ailleurs déjà le cas car, grâce à ce débouché de Gamm vert, j’ai créé un poste à la laiterie.»
Le magasin lui a demandé de livrer une gamme de produits allant des yaourts nature, avec ou sans sucre, fruités, en passant par des desserts lactés, ou encore du fromage blanc, du beurre, de la crème fraîche, etc. Le volume a été déterminé à 600 yaourts, 5 kg de fromage blanc, 4 kg de beurre, etc. Un volume qui sera amené à varier suivant les ventes. «C’est super !», conclut-elle.
F. G.