Gappi : nouvelle hausse des surfaces annoncée pour 2019
Le groupement d’agriculteurs producteurs de pommes de terre pour l’industrie McCain (Gappi) va accroître ses emblavements cette année. Plus de 1 600 hectares supplémentaires vont être implantés.
Dans moins de deux mois, les premières lignes de buttes apparaîtront sur les plaines de la région. Avant de regagner les champs, les exploitants agricoles cultivant des pommes de terre pour le fabricant de produits surgelés McCain, dont les usines de transformation sont installées à Harnes et Béthune (62),
se sont réunis en assemblée générale, le 31 janvier, à Bapaume (62).
Suite à une campagne 2018 marquée par la sécheresse, la structure annonce des perspectives de développement pour l’année en cours.
Pas d’obligation de livrer les volumes manquants
Le Gappi rassemble 850 producteurs, essentiellement présents dans le territoire des Hauts-de-France. Durant la saison dernière, marquée par le manque d’eau, un tiers d’entre eux (330) sont passés en commission des litiges puisqu’ils étaient dans l’incapacité d’honorer l’ensemble des volumes contractés. «Pour certains, le manque de rendement était limité, pour d’autres, il était catastrophique, indique Bertrand Achte, président du groupement. Nous avons vu des rendements de 20 t/ha. Dans de telles conditions, il est évident que le premier pénalisé est le producteur, car le prix du contrat ne bouge pas et la recette à l’hectare est très faible.»
Entre novembre et décembre, la commission des litiges, composée d’administrateurs du Gappi et de représentants de McCain, s’est réunie cinq fois pour étudier les dossiers au cas par cas. «Environ 85 000 t manquaient à l’appel, déclare François-Xavier Bar, administrateur du Gappi. Aucun kilo de pommes de terre ne pouvant être livré ne sera réclamé par McCain.» Un soulagement pour les producteurs concernés puisque «d’autres industriels exigent, eux, la totalité des volumes ou leur compensation financière, poursuit Bertrand Achte. Cet accompagnement fait partie de l’offre globale contractuelle que McCain propose à ses fournisseurs. Le prix est très important, mais il faut aussi prendre conscience de tous ces paramètres pour comparer les différentes offres».
Un compromis a également été trouvé pour adapter les conditions générales de livraison (acceptation de tubercules plus petits). Quelque 700 000 tonnes de pommes de terre ont été collectées par McCain via les producteurs du Gappi en 2018. Un chiffre que le groupe d’origine canadienne espère voir augmenter en 2019. «Les surfaces emblavées vont être renforcées de 1 600 ha, annonce Christian Vanderheyden, responsable des approvisionnements des unités de transformation McCain. C’est dans la continuité de notre développement, puisque les surfaces ont progressé de 5 775 ha ces six dernières années.»
13 000 tonnes de Bintje en moins
«Grâce à vous, nous avons sécurisé l’avitaillement de nos usines jusqu’à la saison suivante, a signalé Erwin Pardon, président de McCain Europe continentale. C’est une véritable force dans un domaine d’activité où la concurrence est ardue.» Autre fait marquant de la prochaine campagne : le remplacement d’une partie des volumes de Bintje. Sur les contrats McCain, 13 000 t de Bintje vont être remplacées par les variétés Amigo, Magnum ou Royal, notamment pour des raisons agronomiques. Pour accompagner ces changements, McCain a revu à la hausse les grilles des contrats annuels et pluriannuels (de 15 à 16 % en moyenne selon les variétés).
Passer de 30 à 50 % des surfaces irriguées
Les extrêmes climatiques, qui semblent se répéter, mobilisent le Gappi. Pour limiter les pertes de rendement, le groupement et les responsables de McCain veulent accroître les surfaces irriguées.
Elles sont appelées à passer de 30 à 50 % en cinq ans. Un accompagnement particulier peut être demandé par les producteurs.
Expertise en cours des bâtiments de stockage
L’avenir du CIPC (un inhibiteur de germination) pour la conservation des pommes de terre stockées préoccupe la filière. «Il semble que l’homologation ne sera pas renouvelée la saison prochaine. Heureusement, cette évolution sera probablement européenne, fait part Bertrand Achte, président du Gappi. Les résidus présents dans un bâtiment où le CIPC a été utilisé restent un souci. Des tests ont en effet été réalisés chez McCain et, même après cinq ans sans utiliser de CIPC dans un bâtiment, on retrouve toujours des résidus dans les pommes de terre stockées.» Une commission d’enquête regroupant McCain, Arvalis et la communauté européenne «devrait ainsi définir une grille pour établir une limite maximale de résidus (LMR) dégressive sur cinq ans», espère le responsable du groupement. En 2019, un groupe de travail va expertiser le parc de bâtiments stockant des producteurs du Gappi, et définira s’il y a nécessité d’y apporter des aménagements au regard de ces différents éléments.
110 hectares emblavés en bio cette année
Géant mondial de la frite surgelée, McCain aussi s’intéresse de près au développement de la filière biologique. «Nous sommes très attirés par ce segment de marché, explique Philippe Théry, vice-président agriculture de
McCain pour l’Europe continentale. Nous réalisons actuellement des tests sur différents produits que nous pourrions commercialiser et réfléchissons à, pourquoi pas, développer une marque spécifique dédiée au bio.»
En 2019, 110 ha de pommes de terre biologiques destinés aux unités de production McCain vont être cultivés en France. Une goutte d’eau sur les 16 450 ha implantés dans l’Hexagone par les producteurs du Gappi, mais qui sera amenée à grossir. «J’invite tous les producteurs intéressés par une démarche biologique à se faire connaître, insiste Philippe Théry. Nous voulons travailler avec eux. Il y a un challenge et des défis à relever à l’avenir.» McCain a fait savoir aux adhérents du Gappi qu’une contractualisation spécifique pourrait voir le jour.