Garantir une gestion durable du désherbage
Chaque année, le désherbage des céréales devient de plus en plus complexe. Des résistances avérées du vulpin ou du ray-grass, de l’agrostis et du coquelicot sont mises en évidence.
Chaque année, le désherbage des céréales devient de plus en plus complexe. Des résistances avérées du vulpin ou du ray-grass, de l’agrostis et du coquelicot sont mises en évidence.
Pour lutter contre les phénomènes de résistance des adventices en céréales, le tout premier levier agronomique reste la rotation. Quel que soit le type de sol ou le travail du sol, plus la rotation est longue, moins la pression graminées est forte. Une durée de cinq ans serait un minimum. Le second levier est une date de semis adaptée. Un décalage de la date de semis de quinze jours (de fin septembre au 10 octobre) réduit la pression vulpin de 40 à 50 %.
Le travail du sol permet également de diminuer la pression graminées : idéalement labourer une année sur trois ou sur quatre est le bon compromis pour gérer le stock grainier des vulpins et des ray-grass. Le faux semis d’interculture est tout aussi pertinent. Il doit être réalisé suffisamment tôt (en général, un mois avant le semis de la culture) pour laisser le temps aux mauvaises herbes de lever et d’être détruites (éventuellement par un glyphosate) avant l’implantation de la culture suivante.
Depuis quelques années, les interventions au printemps avec les désherbants foliaires sont décevantes : temps peu poussant, absence d’hygrométrie et des manques de sélectivité sur la céréale sont souvent observés. Hygrométrie, températures clémentes, faibles amplitudes thermiques, végétal poussant et sols humides sont gages d’efficacité ! Il est ainsi primordial de désherber à l’automne, puisque les conditions climatiques sont souvent réunies. Les produits racinaires permettent en plus d’éviter les levées des adventices dès l’automne.
Quelles règles de décision ?
Le programme à l’automne et le positionnement des interventions vont dépendre du niveau d’infestation en graminées et/ou des cas de résistances avérés en parcelle. En situations complexes, deux passages à l’automne sont nécessaires : un premier passage en post semis-prélevée puis un second passage à 1 - 2 feuilles. En situations en infestations moyennes : une intervention sera réalisée soit à 1 feuille étalée du blé pour les semis d’octobre soit en post semis prélevée pour les semis à partir du 5 novembre.
Quelques précautions peuvent être prises dès le semis des céréales pour régulariser les efficacités de désherbage, mais aussi sur la sélectivité : effectuer un semis à une profondeur régulière de 2 cm, avec un minimum de grains en surface et veiller à ne pas semer trop creux ; affiner suffisamment le sol et limiter les mottes (celles-ci empêchent une bonne répartition des herbicides et libèrent des graines à contretemps lorsqu’elles éclatent sous l’effet du gel ou de la pluie) ; au cas par cas des parcelles, augmenter la densité de semis (10 % ) s’impose dans les situations de désherbage les plus complexes puisque, dans ce cas, la sélectivité n’est pas toujours au rendez-vous ; choisir des variétés tolérantes chortoluron en cas d’infestation de ray-grass ; ne pas intervenir avant une pluie importante (> 20 - 25 mm).
Quels programmes ?
Chaque molécule herbicide présente ses points forts et ses points faibles. Il est important de bien choisir ses matières actives adaptées à la cible. Le flufenacet (Fosburi) reste la molécule présentant la meilleure efficacité sur vulpin et sur ray-grass. La pendiméthaline (Prowl 400, Codix…), est efficace sur coquelicot et vulpin. Cependant, son efficacité est limitée sur ray-grass. Le prosulfocarbe (Defi) est efficace sur ray-grass et agrostis, mais reste plus limité sur vulpin.
Bien associer ces matières actives au besoin de chaque parcelle est donc gage de réussite. Par exemple, associer 2,5 l/ha de Defi à 0,5 l/ha de Fosburi permet un gain d’efficacité de 15 % par rapport à un seul Fosburi à 0,6 l/ha. En cas d’intervention sur vulpins et/ou sur ray-grass levés, le clodinafop (Daiko, Celio), produit foliaire, est à associer aux produits racinaires afin d’augmenter l’efficacité.