Conservation des sols
GIEE de la Somme : être au-dessus de la mêlée sur les plans techniques et réglementaires
Accompagnés par la Chambre d’agriculture de la Somme, 80 agriculteurs imaginent et testent de nouvelles pratiques agroécologiques au sein de collectifs pour diminuer leur impact tout en maintenant leur potentiel de production. Point sur les enseignements retenus par les GIEE en 2023.
Accompagnés par la Chambre d’agriculture de la Somme, 80 agriculteurs imaginent et testent de nouvelles pratiques agroécologiques au sein de collectifs pour diminuer leur impact tout en maintenant leur potentiel de production. Point sur les enseignements retenus par les GIEE en 2023.
La semaine dernière, vous avez découvert les principaux enseignements 2023 de trois de nos six GIEE. Cette semaine, c’est au tour des trois autres collectifs de faire le bilan.
Vers l’Agriculture de conservation des sols
L’équipe productions végétales de la chambre d’agriculture accompagne les agriculteurs dans la préservation de leur capital sol. L’enjeu est de permettre aux agriculteurs qui souhaitent aller vers l’agroécologie, d’échanger ensemble, de confronter leurs pratiques, d’élargir leurs compétences et ainsi de pouvoir avancer ensemble sur l’agriculture de conservation des sols. C’est tout l’enjeu du format d’animation GIEE, en petit groupe, qui facilite les échanges mais aussi la mise en place d’expérimentations en micro-parcelles et en bandes sur les exploitations de plusieurs membres du groupe pour obtenir des résultats très concrets dans un contexte pédoclimatique local.
* Groupements d’intérêt économique et environnemental
Nos collectifs d’agriculteurs, qui sont-ils ?
Six collectifs d’agriculteurs sur le département :
• 1 GIEE ACS Terres superficielles Airaines constitué de douze agriculteurs qui travaillent sur les couverts permanents en céréales pour évaluer leur impact sur la fertilisation et la gestion des désherbages.
• 1 GIEE Sols vivants dans le Vimeu constitué de dix-sept agriculteurs en polyculture-élevage. Leur motivation :
bouleverser au minimum le sol afin d’améliorer ses capacités à auto-entretenir sa fertilité (physique, chimique et biologique).
• 1 GIEE Agrocarbosol sur le Plateau Picard constitué de neuf agriculteurs qui souhaitent concevoir des systèmes agricoles plus résilients pour faire face aux enjeux du territoire (eau et érosion) et au changement climatique tout en améliorant le potentiel agronomique du sol.
• 1 GIEE ACS sur le Plateau Picard constitué de treize agriculteurs dont quatre en polyculture-élevage avec pour objectif commun de changer leur pratique pour évoluer vers le semis direct dans une rotation avec des cultures industrielles.
• 1 GIEE dans le Ponthieu composé de treize agriculteurs avec comme enjeu d’aller vers une agriculture durable axée sur la fertilité des sols et la maîtrise des produits phytopharmaceutiques.
• 1 GIEE du Vermandois du département constitué de dix-huit agriculteurs dont douze qui sont engagés sur un projet de méthanisation dont l’enjeu commun est de rechercher une gestion intelligente du carbone et de l’azote.
GIEE ACS Terres superficielles Airaines : les couverts permanents en ligne de mire
L’actualité 2023 de ce GIEE s’oriente vers les essais de couverts permanents sur blé pour évaluer l’efficacité des désherbages et leur impact sur le rendement. Afin de comparer l’efficacité des espèces pures de légumineuses pérennes (deux-trois ans) sur le rendement et la gestion des graminées en blé, l’essai s’organise autour de six bandes (trèfle blanc, trèfle blanc nain, trèfle violet, luzerne, lotier, minette). Le suivi de cet essai demande de la technicité dans la conduite des programmes de désherbage. Il en ressort qu’aucune perte de rendement n’est à constater sur aucune des espèces testées en comparaison au témoin sans couvert. Les espèces lotier et minette se distinguent même en gain de rendement et protéines. Sur le plan du désherbage, les parcelles restent propres.
«Sur le dernier trimestre 2023, notre GIEE a mis en place un essai fertilisation en blé avec l’intérêt d’un couvert sur une interculture courte en partenariat avec l’UPJV (M. Tetu). Deux densités de semis ont été semées à partir d’un mélange de couverts identiques composé à 75 % de légumineuses et 25 % de crucifères. Détruit au 15 octobre, le taux de matière sèche a bénéficié de la forte pluviométrie (6 TMS/ha). La moisson 2024 annoncera la suite des résultats avec une courbe de réponses à l’azote et des stratégies de fractionnement», explique Matthieu Catonnet, animateur du GIEE, Chambre d’agriculture de la Somme.
GIEE Sols vivants du Ponthieu : une double approche pour être au-dessus de la mêlée
La philosophie du GIEE du Ponthieu est double ; le travail sur la fertilité des sols et la maîtrise des produits phytopharmaceutiques avec pour objectifs communs de faire évoluer les pratiques des membres du groupe et d’avoir une longueur d’avance sur les évolutions réglementaires et techniques. Au programme des travaux 2023, la problématique vulpins et ray grass à la parcelle pour se préparer à la restriction de l’utilisation de plusieurs herbicides. En effet, le groupe s’est penché sur les techniques d’implantation du blé, et leur influence sur la pression vulpins. À travers un essai de cinq modalités testées à la suite de deux faux semis, deux conclusions fondamentales ressortent :
• réaliser des faux semis n’a pas d’intérêt si le semis est précédé d’un travail profond.
En effet, le travail profond remonte le stock grainier en surface alors qu’il n’était plus en capacité de germer. Précisément sur cet essai, l’idée du faux semis avait l’ambition de réduire le stock de surface apte à germer suite au semis ;
• réduire la levée de vulpins ou de ray grass en bouleversant le moins de terre possible.
Cette pratique démontre son efficacité dans un contexte bien précis : à la suite de plusieurs faux semis et équipé d’un semoir de semis directs ou avec herse rotative et semoir classique réglé «très en surface» pour travailler au maximum à 4 -5 cm de profondeur.
«Pour poursuivre la réflexion, chaque membre du GIEE va tester à l’échelle de son exploitation, deux semis opposés à la suite d’un ou deux déchaumages : un semis avec herse rotative réglée à 10 cm en opposition à un semis avec herse rotative réglée à 3-4 cm afin de valider les conclusions de l’essai et de tester la faisabilité réelle dans différentes conditions», explique Hervé Georges, animateur du GIEE, Chambre d’agriculture de la Somme.
GIEE ACS Plateau Picard : intégrer différents aspects de l’ACS dans une rotation de culture industrielle
Après des travaux 2021 et 2022 réalisés sur l’implantation des cultures de printemps : comparaison des différentes techniques d’implantation en betteraves en bief (strip till, semis direct et TCS) et en lin (TCS et semis direct), l’année 2023 s’est orientée vers l’intérêt des oligo-éléments : le zinc en pommes de terre, le cuivre et le manganèse en céréales et le bore en colza.
Ce qui en ressort est l’apport du zinc en pommes de terre fécule sur un essai en bande mis en place sur la parcelle d’un agriculteur du groupe. Les premières impressions confirment l’intérêt de répéter le test en micro-parcelles au printemps 2024.
Par ailleurs, l’année 2023 restera marquée par l’essai de pré-buttage d'automne en pommes de terre à Bertangles avec le matériel de l’UFA de Tilloy-lès-Mofflaines. La parcelle en sol crayeux a été pré-buttée le 27 septembre dernier avec le semis d’un mélange de couvert végétal (moutarde + phacélie). Objectif : comparer les techniques d’implantation de la pomme de terre au printemps (une plantation avec fraise sur le pré-buttage, une reprise directe dans les pré-buttes comparées au TCS). La couverture des buttes est satisfaisante, l'activité biologique et les racines du couvert font bien leur travail de structuration et d'aération du sol.