Gouvernance de Tereos : les salariés s’en mêlent
Plusieurs organisations syndicales représentant les salariés de Tereos contestent le déroulement et l’issue des dernières élections visant à renouveler le mandat des membres du conseil de surveillance du groupe coopératif. L'élection d'un nouveau président s'annonce tendue. Un préavis de grève a été déposé par les salariés pour la journée du 9 décembre.
Après la présentation des résultats de l’entreprise, puis la condamnation par le tribunal correctionnel de Paris de huit coopérateurs pour dénonciation calomnieuse envers leur coopérative après des accusations de soutien à une organisation terroriste, on pensait la pression sur la gouvernance du groupe Tereos retombée. C’était sans compter sur un (énième) rebondissement : l’élection comme membre du conseil de surveillance de l’entreprise de l’un de ces coopérateurs condamnés.
Dans un courrier qu’il a adressé aux associés coopérateurs de Tereos le 6 décembre, le président de son conseil de surveillance, Jean-Charles Lefebvre semble goûter assez peu la situation, rappelant que « les huit associés coopérateurs (condamnés par le tribunal correctionnel de Paris, ndrl) exercent tous un mandat de conseiller de région auprès de la coopérative », et que « trois sont membres du conseil de surveillance ».
Les salariés dénoncent une situation « critique »
L’ « événement » n’est pas non plus passé inaperçu auprès des salariés du groupe Tereos et leurs organisations syndicales (CFDT, CGT, CFE-CGC, FO), qui ont décidé de mettre en lumière cette situation. Dans une lettre ouverte datée du 2 décembre – elle s’adresse en premier lieu aux coopérateurs et a été publiée sur l’extranet du groupe -, les représentants de ces organisations réunis au sein du Comité de groupe de droit français critiquent en effet vertement le résultat des dernières élections ayant conduit au renouvellement d’une partie de conseil de surveillance.
En s’adressant aux quelque 12 000 coopérateurs et 181 grands électeurs du groupe, ils dénoncent un comportement « scandaleux » de certains de ces élus et parlent d’un « instant critique » : « Certains de vos élus sont dangereux pour l’avenir de l’entreprise, pour l’avenir de nos usines, pour l’avenir de nos emplois », estiment-ils, faisant référence à la récente affaire judiciaire qui a conduit à la condamnation de ces mêmes élus. « Quel exemple souhaitons-nous donner ? Qu’un condamné de justice (sic) peut demain prendre les rênes de Tereos ? Qu’aurait-on dit si un salarié avait fait cela ? », interrogent-ils.
Le HCCA une nouvelle fois saisi
En tant que salariés de Tereos, les signataires de cette lettre s’estiment ensuite « choqués » par le fait que « certains élus aient favorisé une manœuvre pour réintégrer ces personnes au Conseil de Surveillance ». La démarche est pour le moins osée et peu banale, d’autant que quelques jours plus tard, le 6 décembre, une nouvelle lettre ouverte était publiée par ces mêmes représentants des salariés.
Cette fois, ils y exposent leur crainte « d’un changement brutal et radical d’équipe et de stratégie qui se traduira par un démantèlement du groupe, la vente de ses actifs et la fermeture d’usines et de sucreries ». Et d’indiquer ensuite de manière on ne peut plus explicite leur soutien à la direction actuelle de la coopérative. « La stratégie menée par Alexis Duval et le directoire est la bonne », décrivent d’abord les organisations syndicales composant le Comité de groupe de droit français. Elle permet de maintenir les usines et les emplois, elle a permis de traverser les différentes crises passées et actuelles et de dégager des résultats ».
En ce qui concerne la majorité du Conseil de surveillance conduite par Jean-Charles Lefebvre, le ton est identique : « Tout en gardant notre indépendance, nous réitérons notre soutien à la gouvernance du groupe, qui grâce à sa stratégie a su valoriser les matières premières agricoles et développer l’emploi ».
Le 5 décembre, Bureau de la coopérative et représentants des organisations syndicales représentant les salariés s’étaient rencontrées à la suite de la publication de la première lettre ouverte pour échanger sur les inquiétudes partagées des différentes parties. A l’issue de cette rencontre, chacun s’est accordé sur le fait que « la conduite des élus au sein de leur coopérative doit être irréprochable ».
D’après la majorité du Conseil de surveillance de Tereos, plusieurs signalements auraient déjà été adressées au Haut conseil de la coopérative agricole (HCCA) ; ce qui pour Tereos et ses élus n’est pas une première… Par ailleurs, un préavis de grève a été été déposé par les salariés pour la journée du 9 décembre, soit deux jours avant l’élection d’un nouveau président à la tête du Conseil de surveillance puisque celle-ci est prévue le 11 décembre.