Guerre des prix : vers plus de transparence
Alors que l'amont
de la filière dénonce régulièrement
la guerre des prix
que mènent entre
elles les enseignes de
la grande distribution, au détriment
des producteurs et
des industriels, la réunion de l’ensemble des acteurs le 23 octobre semble marquer une première étape vers des relations plus apaisées.
Le gouvernement l’affirme depuis quelques temps : la guerre des prix de la grande distribution ne peut plus durer. Le 23 octobre, producteurs, industriels de l’agroalimentaire et distributeurs se sont donc réunis sous l’égide des ministres de l’Economie, de l’Agriculture, et de la secrétaire d’Etat au Commerce, Carole Delga. Dans «un état d’esprit constructif», a commenté Stéphane Le Foll à l’issue de la réunion, corroboré par le ministre de l’Economie Emmanuel Macron qui a souligné «une discussion apaisée».
Autorité de la concurrence
Xavier Beulin, président de la Fnsea, a lui aussi fait le constat d’une «volonté de trouver des solutions de part et d’autre». La concentration des centrales d’achat, qu’Emmanuel Macron reconnaît comme un sujet «d’inquiétude pour les fournisseurs», sera analysée par l’Autorité de la concurrence même «s’il ne s’agit pas de regroupements capitalistiques», mais «pour que l’esprit de transparence règne», précise le ministre.
Une transparence également demandée pour le suivi du Cice qui ne doit pas être intégré aux baisses de prix dans le cadre des négociations, comme certains distributeurs semblent vouloir le faire. La grande distribution, à l’exemple de Georges Plassat, PDG de Carrefour, s’est dite prête à jouer le jeu sur ce point.
Enfin, autre demande de l’amont, s’assurer que les décrets de la loi sur la consommation parus il y a peu soient réellement appliqués. Les ministres se sont montrés rassurants, Emmanuel Macron affirmant qu’ils seront «vigilants pour que les sanctions de la loi Hamon soient expliquées et communiquées». Il s’est ainsi engagé à rendre public en novembre le rapport relatif aux contrôles et sanctions prises dans ce cadre par la Dgccrf, une mesure saluée par les producteurs.
Autre sujet de tension récurrent, la part réservée aux produits français dans les étals de la grande distribution et, plus largement, dans la restauration hors foyer. Pour travailler en ce sens, le ministre de l’Agriculture a rappelé deux engagements : celui de «promouvoir encore plus l’étiquetage des produits français», faisant référence au logo Viande de France dont la visibilité demeure trop faible aux yeux des producteurs, et mener à bien le travail engagé sur les marchés publics avec l’édition d’un guide de bonnes pratiques destiné à faciliter les achats d’origine française.
Promouvoir les produits français
Augmenter la proportion de produits plus locaux passe également par les TPE et PME implantées sur le territoire, elles aussi victimes de la guerre des prix. Carole Delga a annoncé que des accords seront signés «pour améliorer la place des TPE/PME dans la grande distribution».
Un accord entre l’Association nationale des industries alimentaires (Ania) et la Fédération des entreprises du commerce et de la distribution (FCD) devrait également permettre des achats plus responsables. Pour faire suite à cette réunion, un comité de suivi sera mis en place avec tous les acteurs de la filière, pour continuer à travailler dans cet état d’esprit plus constructif. Reste à voir ce qu’il en sera quand les négociations sur les prix commenceront.