Houblon : une filière à l’étude en région
Face à l’augmentation de la demande des brasseurs en houblon local, les chambres d’agriculture des Hauts-de-France étudient le potentiel de développement
de cette filière dans la région.
La consommation de produits locaux est en pleine croissance et concerne aussi la bière. En effet, la consommation française de bière a augmenté de 4,2 % pour la cinquième année consécutive, selon l’association Brasseurs de France. En 2018, le flot de nouvelles microbrasseries n’a jamais été aussi fort. «En un an, nous sommes passés de 1 100 à 1 600 micro-brasseries. En 2017, le rythme de créations était d’une tous les deux jours. Il a encore augmenté en 2018, et dépasse le seuil d’une par jour», affirme Maxime Costilhes, délégué général de Brasseurs de France. La tendance est notamment visible en Hauts-de-France, zone historique de la bière.
On dénombre aujourd’hui vingt brasseries dans l’Oise et soixante-cinq en Hauts-de-France, qui se composent de micro-brasseries et de brasseries artisanales à 63 %. C’est dans ce paysage brassicole florissant que le problème d’approvisionnement en houblon local est apparu. La région compte sept houblonniers produisant sur 36 ha. Des brasseurs, tels qu’Au Cœur du Malt, dans l’Oise, ont fait part de leurs besoins en houblon local pour la fabrication de bière.
Cette plante fait partie des ingrédients majeurs de ce breuvage avec le malt, la levure et l’eau. Selon sa variété, le houblon va avoir des propriétés aromatiques ou amérisantes selon sa teneur en acide alpha. Aux brasseurs ensuite de trouver l’équilibre entre les deux lors de la fabrication. Cependant, ces artisans importent 80 % de ce produit de Belgique, d’Allemagne et des Etats-Unis. Leur demande en houblon local, forte en bio, mais également en conventionnel, porte surtout sur des variétés amérisantes plutôt qu’aromatiques, moins adaptées à notre territoire.
Implantation et spécificités
Pour répondre à la demande de ses brasseurs, la Normandie a su innover en implantant du houblon dans son paysage agricole. La forte demande des brasseurs normands en houblon bio local a débouché sur la création de l’association Houblon de Normandie, animée par la chambre régionale d’agriculture. Aujourd’hui, sur les huit porteurs de projets, quatre d’entre eux ont décidé de se diversifier à travers la filière houblon. Ces agriculteurs ont implanté quelques pieds de houblon bio qui seront récoltés en 2020, et prévoient d’étendre la production à 4 ha. Le houblon sera vendu en priorité aux brasseurs normands, puis aux brasseurs français. La chambre d’agriculture travaille actuellement sur la construction de la filière de commercialisation. Le prix de vente, lui, dépend fortement des variétés sélectionnées et des débouchés de commercialisation.
Le houblon est une plante herbacée, grimpante, dont on cultive uniquement les pieds femelles. Son implantation nécessite une importante infrastructure composée majoritairement de câbles et de poteaux. En s’enroulant autour de celle-ci, les lianes du houblon vont grimper jusqu’à 8 m de haut. Pour parvenir à ce stade, la plante a besoin d’un sol humide et drainant, et de conditions climatiques favorables avec une bonne pluviométrie durant l’été. Arrive enfin la récolte, de mi-août à mi-septembre, durant laquelle les cônes sont récoltés, puis rapidement séchés dans un séchoir et conditionnés.