Il bâche ses fumiers pour plus de valeur organique
Les pratiques d’Éric Buysse, polyculteur-éleveur au Hérie-la-Viéville (02), peuvent en étonner plus d’un. Il bâche notamment ses fumiers, et assure y trouver un grand intérêt.
Éric Buysse a repris une exploitation de polyculture de 130 ha en 1986. Et à l’époque, ses terres ne faisaient pas rêver. «Elles étaient très pauvres. Je plafonnais à 75 quintaux de blé, confie-t-il. Il fallait absolument que je trouve une solution pour apporter de la matière organique.» Le jeune agriculteur procède alors à un échange paille-fumier. «J’échangeais 1 t de paille pour 2,5 t de fumier. J’en ai usé des tracteurs, à faire les allers et retours. Et mes sols étaient tellement lourds que je ne parvenais même pas à les décompacter.»
Assez vite, Éric se rend compte des bienfaits que le fumier apporte à ses terres. Il se décide donc en 2010, et relance l’élevage dans son exploitation, avec cent taurillons. Aujourd’hui, ses bêtes produisent 1 000 t de fumier par an, qu’il a appris à optimiser. Éric est même devenu un expert de son fumier. «À force de le faire analyser, je sais exactement ce qu’il y a dedans. Les quantités d’azote apportées en automne grâce au fumier me permettent d’économiser sur les apports d’azote ensuite.»
Son secret pour valoriser au mieux ses effluents ? Le bâchage des tas au top-tex. «J’ai participé à de nombreuses formations sur la matière organique. Et je me suis rendu compte qu’un tas de fumier laissé à l’air libre subissait les intempéries et perdait énormément de valeur.» En deux heures, 140 t sont recouvertes, assure-t-il. «C’est du temps à passer, mais qui permet de gagner de l’argent. Je limite des pertes de valeur de 20 à 30 % !»
Éric utilise aussi du plâtre pour recouvrir son fumier. «Il bloque l’ammoniac et favorise le travail des bactéries.» Le résultat de tous ces efforts se fait sentir : auparavant, il mettait 40 t/ha de fumier, maintenant, il préfère essaimer et se contenter de 10 t/ha aujourd’hui, «parce que la richesse est préservée».
Pas d’enfouissement l’hiver
L’avant gardiste a aussi réfléchi aux meilleurs manières d’épandre ses effluents d’élevage. «L’hiver, la structure du sol n’est pas très bonne. Je perdais environ 10 t/ha. J’ai donc arrêté d’enfouir à cette saison : mieux vaut laisser en surface, c’est un gain de rendement.» Éric a d’ailleurs pu mesurer le résultat sur une parcelle reprise en 2000. Un terre blanche très pauvre à l’époque. «Elle est métamorphosée depuis que j’épands simplement du fumier pailleux en surface. Pour les céréales, il n’y a pas de gros écart avec les premières années, mais la différence est flagrante pour le lin, le colza, les betteraves et les pommes de terre.»
Quant à son élevage, aucun regret. Il lui permet désormais de dégager une marge brute de 300 € par taurillon, soit 54 000 € au total pur 750h de travail. Ses enfants, qui souhaitent s’installer dans l’exploitation, pousseront encore plus loin le bouchon de la valorisation des effluents, puisqu’ils travaillent à un projet de méthanisation et la construction d’un bâtiment de taurillons de 250 places.
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