Il cultive 100 ha de légumes bio en plein champ
Clément Leturcq cultive à Thieux, dans l’Oise, une centaine d’hectares en polyculture et légumes de plein champ bio.
Installé en société avec sa mère depuis 2017, à vingt-neuf ans, Clément Leturcq cultive 30 ha de légumes de plein champ. Pourquoi en bio ? «Mes parents ont commencé à s’interroger sur les produits phytosanitaires quand des soucis de santé ont commencé à les toucher, ainsi que leur entourage. Ils ont alors converti progressivement la ferme au bio, principalement en céréales.» Suite à une demande pour de la carotte bio, ils se lancent en empruntant du matériel puis, devant les bons résultats, décident de se spécialiser dans le légume bio de plein champ.
De lourds investissements
Betteraves rouges, pommes de terre, oignons et carottes bio sont alors cultivés et, à la faveur de l’installation de Clément, l’irrigation est mise en place pour sécuriser le résultat. «Avec l’été chaud 2018, sans irrigation, nous n’aurions rien récolté», affirme le jeune exploitant. Pour se spécialiser, des investissements en matériel sont réalisés. Par exemple : matériel de façonnage des buttes (20 000 €), semoir Monosem (20 000 €), arracheuse spécifique à la carotte (35 000 €) et une autre pour les pommes de terre (150 000 €). Il faut aussi ajouter un canon à enrouleur (45 000 €) et 700 palox à 65 € l’un. Autant le dire : pas de droit à l’erreur.
Sans compter la main-d’œuvre temporaire pour le désherbage. «Pendant deux mois, une équipe de quinze personnes travaille sous la direction de mon père. Ces personnes en intérim ou en réinsertion ont du mal à s’investir. Pour preuve : pour quinze postes, nous avons vu quatre-vingt personnes !», se désole Clément Leturcq.
Travail intensif
La campagne démarre en février-mars par la préparation du sol et l’apport d’engrais bio (fientes de poule, guano…). En avril, les buttes sont façonnées. «La conduite en buttes correspond au matériel standardisé. Les buttes permettent une meilleure aération des plantes, un séchage plus rapide qui diminue la pression maladies, et une récolte en meilleures conditions, car le sol ressuie plus vite.» Un désherbage thermique est effectué avant les semis qui s’étalent de mars pour les oignons, à fin avril pour les pommes de terre et jusqu’à mi-juin pour les carottes et betteraves rouges. Le semoir travaille sur trois buttes avec deux lignes de semis par butte. Les semences sont coûteuses : 1 300 €/ha en betteraves rouges, 1 800 €/ha en carottes et 2 500 €/ha en pommes de terre. Un deuxième désherbage thermique précède la levée. Puis, l’irrigation et le désherbage manuel se relaient pendant l’été.
La récolte se déroule sur deux mois, de septembre à fin octobre. L’arracheuse à pommes de terre sert aussi, grâce à un kit, à la récolte des oignons et des betteraves rouges. L’arracheuse à carottes doit préserver l’intégrité des racines, et donc leur capacité de conservation. Car Clément Leturcq vend essentiellement en frais à des grossistes pour des ventes finales en sachets en supermarchés. Les contrats sont tout aussi exigeants qu’en conventionnel avec des critères comme le visuel, la taille, le poids… Avec le cahier des charges bio en plus. Seules les pommes de terre partent à l’industrie pour des flocons et chips bio. 50 à 60 t/ha sont produites en carottes et betteraves rouges, 25 t/ha en oignons et pommes de terre.
Une spécialisation satisfaisante pour le jeune exploitant, qui regrette que toute sa ferme ne puisse être irriguée. «Du coup, les légumes reviennent un peu trop dans la rotation.» Pourtant, Clément pense déjà à d’autres légumes qui pourraient élargir le panel des cultures, choux et navets.