«Il faut être patient pour ne pas faire d’erreurs sur le plan agronomique»
La campagne a débuté le 18 mars, mais depuis retour des pluies, le 25 mars, il est difficile de trouver des conditions favorables pour s’y remettre. Point d’étape.
Les plantations ont débuté le 18 mars dernier, essentiellement dans le Saint-Quentinois et l’Oise. La Somme s’y est mise plus tard, mais avec l’arrivée des pluies le 25 mars, les plantations ont connu un coup d’arrêt. Et la répétition des pluies ne permet pas de s’y remettre, tant que les terres n’ont pas séché. Un redémarrage a enfin eu lieu dans la semaine du 18 avril, «mais dans des sols très légers. Pour les sols argileux, la reprise s’est faite plus tard», précise Bruno Poutrain, directeur de la coopérative féculière de Vecquemont. Conséquence : «Il faut être patient pour ne pas faire d’erreurs sur le plan agronomique.»
Outre la pluie, qui oblige les agriculteurs à ronger leur frein, le temps écoulé depuis qu’ils ont reçu leurs plants est un autre facteur qui augmente leur impatience. Et pour cause. «Les plants n’ont pas besoin d’être en terre pour se développer», explique Bruno Poutrain. On assiste donc à un développement des germes, ce qui rend les plantations plus difficiles à réaliser, car le risque est de casser les germes. C’est surtout vrai pour certaines variétés plus délicates telles que Kardal.
Le retard pris ne signifie pas pour autant que la récolte sera compromise. «On sait que ceux qui arracheront plus tard risquent d’avoir un rendement plus faible, mais le plus gros de la pomme de terre fécule sera arraché au 15 septembre prochain. Il n’y a donc pas péril en la demeure», rassure le directeur de la coopérative.
Cette année, un autre élément s’est invité dans la campagne. L’usine Roquette est à la recherche d’hectares. Deux raisons à cela. Avec la réforme de la Pac, beaucoup de producteurs ont arrêté en 2012. Puis, en 2014, l’usine de Vic-sur-Aisne a décidé de quitter Roquette pour rejoindre Tereos. Son départ sera effectif en 2017. «Entre son départ et celui des producteurs, on est passé à 530 000 tonnes de potentiel de producteurs. De quoi mettre en péril l’outil industriel. Aussi l’idée a-t-elle été d’aller à la recherche d’hectares pour retrouver de la production», dit Bruno Poutrain. L’objectif de Roquette est de saturer l’outil industriel à un million de pommes de terre fécule à l’horizon 2020. Pour ce faire, «il faut gagner 1 500 ha par an pour atteindre 18 500 ha en 2020», calcule-t-il.
12 250 ha cultivés en 2016
En 2015, sur 11 100 hectares, 600 000 tonnes de pommes de terre fécule ont été produites.
71 % du volume ont été produits dans la Somme, 17 % dans le Pas-de-Calais, 4 % dans l’Aisne, 3 % dans l’Oise, 3 % en Seine-Maritime et 2 % dans le Nord. Cette année, ce seront 12 250 ha qui seront cultivés pour une production estimée à hauteur de 670 000 tonnes.
S’il n’y a pas d’évolution sur la répartition par département, la Somme restant à 71 % des surfaces cultivées, l’Oise enregistre cependant une augmentation forte de ses surfaces avec 200 ha de plus pour cette campagne. L’Aisne enregistre, elle, 90 ha de plus, le Pas-de-Calais 60 ha et la Seine-Maritime 25 ha. La progression la plus importante est dans la Somme avec 850 ha de plus.
L’arrivée de 150 nouveaux agriculteurs a augmenté les besoins en plants. «Nous sommes à flux tendus. Si la ressource en plants est globalement couverte, elle fera un peu défaut pour les cinquante derniers hectares», reconnaît-il. Les plants proviennent, pour l’essentiel, de Normandie, du Nord, du Pas-de-Calais et de Picardie. Quand il en manque, les plants sont importés d’Allemagne et d’Hollande. «C’est le cas cette année, dit-il, mais cela reste anecdotique.» Finalement, le fait que les plantations soient étalées n’est pas plus mal pour la distribution des plants.
Le prix annoncé par Roquette, en juin dernier, pour la campagne 2015-2016, est de 59 € la tonne. «Nous, on réclame un peu plus, dit le directeur de la coopérative. Si Roquette veut avoir des surfaces en plus, il faut du prix.» Le rendement est estimé en moyenne à 47,6 tonnes. «59 € la tonne, c’est globalement un bon prix à condition que le rendement soit au rendez-vous. En augmentant un peu le prix, cela permet d’améliorer la marge de sécurité pour les producteurs», conclut-il.
FMSE : pour être indemnisé
Pour être éligible, le producteur doit être affilié au FMSE, ainsi qu’à la section spécialisée pommes de terre du FMSE, avoir réalisé sa déclaration annuelle de surfaces plantées en pommes de terre pour la totalité de ses plantations avant le 30 juin de l’année en cours, avoir respecté le cahier des charges de la section, de même que la règlementation sanitaire en vigueur et les mesures de lutte.
Dans le cahier des charges technique, il est stipulé que l’ensemble des pommes de terre de l’exploitation doivent être issues de plants certifiés ou de plants autoproduits contrôlés selon l’accord interprofessionnel «plants de ferme». De même, les producteurs affiliés doivent, pour leur production à partir de plants de ferme, respecter les termes de l’accord interprofessionnel Plant de ferme en matière sanitaire en vigueur, à la date de la notification éventuelle par les pouvoirs publics. Par ailleurs, ils doivent déclarer, au moment des plantations, toutes les surfaces emblavées en pommes de terre. Toute la production de pommes de terre de l’exploitation devra être soumise aux cotisations de la section spécialisée du FMSE. De plus, les producteurs mettent en place un dispositif d’enregistrement des informations permettant de retrouver l’origine du plant utilisé et de suivre la destination des lots commercialisés. Ils doivent aussi observer une durée minimale de trois ans entre deux rotations de pommes de terre sur une même parcelle. Du fait de la durée du cycle de production de la production de pommes de terre primeurs, cette durée minimale ne s’applique pas pour les arrachages réalisés avant le 15 juillet.