Inciter à mieux manger : les administrations se coordonnent
La Draaf, le Rectorat et l’Agence régionale de santé ont signé une convention de partenariat.
La Picardie n’est pas la région où l’on se nourrit le mieux. Loin de là. Si l’on en juge par les chiffres d’une enquête réalisée cette année, 20% des habitants de la région sont en prévalence d’obésité, ce qui place la région au deuxième rang national derrière le Nord Pas de Calais. Et les jeunes picards sont particulièrement touchés par ce phénomène. 22% des enfants en classe de 6ème sont en surcharge pondérale et 5% sont obèses.
Le ministère de l’Agriculture qui est depuis quelques temps en charge également de l’alimentation se préoccupe de ce problème qui touche aujourd’hui l’ensemble de la population. Depuis trois ans il mène des actions pour inciter les gens à mieux manger. Qui ne connaît pas aujourd’hui le slogan «manger cinq fruits et légumes par jour». Pour plus d’efficacité ces actions méritent d’être conduites en synergie avec d’autres administrations. C’est ce qui a conduit la Draaf (Direction régionale de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt) de Picardie à signer une convention de partenariat avec le Rectorat et l’Agence régionale de santé (ARS). C’est une première en France. La signature a eu lieu le 4 décembre dernier à Amiens lors de la réunion du comité régional de l’alimentation(*).
Le rôle de l’école
Il était en effet logique que l’ARS et le Rectorat soient étroitement liés à cette politique de promotion des bonnes pratiques alimentaires. «Nous avons élaboré un schéma régional de santé où la thématique nutrition est majeure, nous nous réjouissons donc de pouvoir agir en cohérence avec la Draaf», s’est félicité Christian Duboscq, directeur de l’ARS. La représentante du Rectorat a souligné pour sa part le rôle de l’école en la matière. Les enfants y acquièrent en effet aussi des habitudes alimentaires non seulement en mangeant à la cantine, mais encore à travers le contenu de l’enseignement qui leur est dispensé.
Exemple de cette synergie entre partenaires, l’opération nationale «un fruit pour la récré» qui touche l’ensemble des écoles de l’élémentaire au lycée. Il s’agit de faire apprécier les fruits frais et de donner l’habitude d’en consommer grâce à des distributions régulières à la pause du goûter à l’école. Le succès est resté mitigé faute d’accompagnement pédagogique par le corps enseignant. En Picardie, 9 000 scolaires ont été touchés sur deux ans. Les partenaires se sont adjoint le concours d’associations qui contribueront au développement de l’opération. Des agriculteurs seront sollicités pour expliquer l’origine du produit en accueillant les enfants à la ferme.
Une filière à structurer
«Plaisir à la cantine» est une autre opération lancée en octobre dernier dans la région. Elle touche cette fois les chefs de cuisine des établissements scolaires. Des formations leur sont prodiguées pour «réenchanter» la cuisine, faire goûter aux enfants des saveurs nouvelles. «C’est une façon de faire passer le message nutritionnel sans être moralisateur», commente Philippe Bonbled, chef du service régional de l’alimentation à la Draaf. Il est vrai que bien manger, prendre du plaisir et être en bonne santé sont trois choses qui vont de pair.
Pour Nadine Chevassus, directrice adjointe de la Draaf, l’enjeu à présent est d’arriver à faire le lien entre les producteurs et les autres intervenants dans cette chaîne alimentaire. Le moment est venu de structurer une filière de proximité.
(*) Ce comité est l’instance de concertation du plan régional de l’alimentation qui décline en Picardie les quatre axes de programme national pour l’alimentation : faciliter l’accès à tous à une alimentation de qualité, améliorer l’offre alimentaire, informer sur l’alimentation, promouvoir le patrimoine culinaire national.