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Innovation : ce que la bioéconomie peut offrir à la région

Fabriquer de nouveaux produits qui vont permettre d’alimenter de nouveaux marchés et de créer de nouveaux emplois en donnant de la valeur à la biomasse d’origine agricole, forestière ou marine, c’est tout l’enjeu de la bioéconomie.

De nombreuses applications de la bioéconomie sont déjà présentes dans notre quotidien. L’un des exemples les plus couramment cités est la production de biogaz. 
De nombreuses applications de la bioéconomie sont déjà présentes dans notre quotidien. L’un des exemples les plus couramment cités est la production de biogaz. 
© V. MOTIN



La bioéconomie, ce nouveau terme à la mode. Pour en trouver une définition plus précise, il faut se référer à la stratégie nationale de bioéconomie présentée le 18 janvier 2017 en conseil des ministres par le ministre de l’Agriculture de l’époque, Stéphane Le Foll : «La bioéconomie englobe l’ensemble des activités de production, de transformation de la biomasse, qu’elle soit d’origine agricole, forestière ou aquacole, à des fins de production alimentaire, de matériaux biosourcés ou d’énergie.» De manière plus globale, elle vise à «créer les conditions du passage d’une économie fondée sur les ressources fossiles à une économie fondée sur la biomasse», décrit la feuille de route nationale de développement de la bioéconomie.

Pas de bioéconomie sans biomasse
D’après le pôle de compétitivité Industries et agro-ressources (IAR) qui fait référence en la matière, de nombreuses applications de la bioéconomie sont déjà présentes dans notre quotidien. L’un des exemples les plus couramment cités est la production de biogaz, mais l’on parle également de bioéconomie quand certains constructeurs automobiles utilisent la fibre de lin dans leurs composants ou que des équipementiers du sport fabriquent certains objets avec la même fibre. Des applications se retrouvent également dans l’industrie agroalimentaire, la plasturgie, la papeterie, la chimie…
Sur un marché global que l’on estime en croissance régulière - chiffrée aujourd’hui à 300 milliards d’euros en France -, la bioéconomie pourrait créer plus d’un million d’emplois d’ici 2030, «principalement dans les zones rurales», détaillait Thierry Stadler, vice-président du pôle IAR à l’occasion d’une rencontre avec les chambres d’agriculture des Hauts-de-France, le 21 septembre. Le responsable du pôle dédié à la bioéconomie y voit également l’opportunité de réduire la dépendance de la France aux importations et de développer des produits avec de nouvelles fonctionnalités. Sur le plan environnemental, «l’analyse du cycle de vie d’un produit issu de la bioéconomie montre qu’on peut réduire les émissions de CO2 de 50 à 80 % par rapport à un processus classique», poursuit Thierry Stadler. Bluffant, donc.

Des initiatives pour accompagner son développement
Pour accompagner sa stratégie nationale pour la bioéconomie et «la faire entrer dans une phase opérationnelle», selon Thierry Stadler, le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation a lancé il y a quelques jours (17 septembre) les Trophées de la bioéconomie. Ce concours - la date limite de dépôt des dossiers est fixée au 31 octobre - récompensera les projets de filières valorisant des bioressources pour différents usages et pouvant se substituer aux solutions issues du carbone fossile.
L’Ademe s’intéresserait également «fortement» au sujet, d’après le responsable du pôle IAR. Via son programme d’investissements d’avenir (PIA), l’agence veut accompagner les initiatives «les plus porteuses d’un point de vue économique et environnemental». Elle a pour cela lancé un appel à projets baptisé «Mobilisation de la biomasse et production de nouvelles ressources». Les projets pouvant être accompagnés devront porter sur les matériaux et la chimie biosourcés, la mobilisation de la biomasse, l’agriculture et les industries agroalimentaires éco-efficientes, les bâtiments et îlots à haute performance environnementale.

Ce qu’en pensent les Français ?
Depuis que la France s’est dotée d’une stratégie nationale pour son développement, puis que plusieurs régions françaises se sont portées candidates pour devenir des leaders en la matière, l’enthousiasme autour de ce secteur émergeant progresse. Lors de la dernière foire agricole de Châlons-en-Champagne, les régions Grand Est et Hauts-de-France se sont engagées à mettre en commun leurs ressources pour mener une stratégie territoriale en matière de bioéconomie et d’agroressources. Dans cette dernière région, elle s’intègre dans la démarche Rev3, la 3e révolution industrielle. Et dans le monde agricole ? Certains y voient l’occasion de créer de la valeur en valorisant mieux la biomasse, en montant de nouvelles filières, le tout dans le but d’améliorer le revenu des fermes régionales. Quant aux Français, futurs consommateurs de ces produits, qu’en pensent-ils ? Une étude réalisée en 2018 par l’Ifop pour l’association Chimie du végétal montre que 76 % d’entre eux considèrent que les produits biosourcés contribuent significativement à la réduction des émission de gaz à effet de serre (GES). Néanmoins, victime de leur jeunesse, les produits biosourcés et la bioéconomie d’une manière générale doivent encore se faire connaître auprès du plus grand nombre. Toujours d’après l’enquête de l’Ifop, si 88 % des Français ont une «bonne image» des produits biosourcés, 80 % d’entre eux souhaitent quand même être mieux informés.

La Région Hauts-de-France adopte son Master plan bioéconomie

Comme il l’a fait pour encourager le développement de la filière bois il y a quelques mois, le Conseil régional des Hauts-de-France a adopté le 25 septembre son Master plan pour la bioéconomie. En avril dernier, la tenue des premières assises de la bioéconomie avait déjà permis aux acteurs présents dans les Hauts-de-France de se rencontrer et d’identifier des actions prioritaires.

Fonction des atouts de la région, quatre ambitions premières ont été identifiées : devenir leader européen de la protéine végétale en s’appuyant sur les productions de blé, de pois, de colza, de lin et des nouvelles cultures (insectes, micro-algues…) ou de la protéine laitière ; structurer et mettre en place une filière de matériaux biosourcés dans les secteurs du transport et du bâtiment ; développer la production de biogaz avec un objectif de 25 % d’énergies renouvelables produites en région d’ici 2025 ; et, enfin, favoriser une bioproduction axée sur les molécules d’intérêt de demain. L’objectif final est ambitieux puisqu’il vise à faire des Hauts-de-France un leader européen de la bioéconomie. Dans le même temps, cette ambition doit contribuer «à créer de l’emploi et de la valeur sur le territoire régional, tout en développant une économie avec moins d’impact environnemental», explique Christine Sannier, chef de projet bioéconomie pour le conseil régional des Hauts-de-France.
Au sein de la Région, le soutien au développement de la bioéconomie est fédérateur puisqu’il associe plusieurs services et cinq vice--présidences. Un groupe d’experts réuni par le pôle de compétitivité Industries et agro--ressources (IAR) intervient, quant à lui, en appui. Mais le Master plan bioéconomie ne devrait finalement qu’apporter un cadre officiel à un accompagnement de projets qui ne date pas d’hier. Depuis 2014, quelque 600 projets dans les filières relevant de la bioéconomie ont été accompagnés par la Région pour un montant de 80 millions d’euros. «Il s’agit de renforcer l’existant», estime Christine Sannier.
«Finalement, constate la vice-présidente du conseil régional en charge de l’alimentation et de l’agriculture, Marie-Sophie Lesne, on apportait jusqu’à présent un soutien à la bioéconomie, mais ce soutien était dispersé. Aujourd’hui, avec ce Master plan, nous voulons que les termes bioéconomie et Région Hauts-de-France soient indissociables.»

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