Interculture : quand destruction des couverts rime avec préservation de la faune
La Fédération des chasseurs de la Somme et la société TMCE organisaient, ce mardi, sur l’exploitation de Nicolas Portois, une démonstration de destruction de couverts végétaux.
Les couverts végétaux sont devenus une obligation pour les cultures de printemps. Subir ou tirer avantage de cette contrainte ? Nicolas Portois, agriculteur à Tilloy-lès-Conty, et trésorier adjoint de la Fédération des chasseurs de la Somme, a choisi. Bien avant que la loi n’impose les couverts, il en a semé sur près de 80 ha de cultures de printemps. «J’ai commencé par semer de la moutarde. Si celle-ci est un bon couvert, elle a pour inconvénient de retenir les sangliers en plaine. Aussi, très vite, j’ai utilisé des mélanges : trèfle, phacélie, féverole et radis fourrager. Ce mélange d’espèces sert à la fois à capter le phosphore, à restructurer le sol, à récupérer de l’azote, etc, comme à fournir de nouvelles ressources alimentaires pour le gibier. Et la terre est plus souple à travailler alors que nous sommes sur des sols de cranette», commente Nicolas Portois.
Outre les intérêts agronomiques et faunistiques que ces mélanges présentent, les rendements sont aussi au rendez-vous, assure l’agriculteur. «A présent, on fait aussi bien dans les orges de printemps que dans les blés», indique-t-il. Son objectif final ? Finir en semis direct sous couvert, pour avoir une biodiversité floristique en permanence. Reste que faire une association par espèce de couverts ne se pratique pas au petit bonheur la chance. Plusieurs paramètres sont à prendre en compte tels que le type de sol, les cultures, leur rotation, la politique organique de l’exploitation, les dates de semis et ce que l’agriculteur veut faire de ses couverts.
Destruction mécanique
Après les explications de texte, menées à double voix par TMCE et la Fédération des chasseurs de la Somme, sur l’intérêt agronomique, puis faunistique des couverts, ou encore comment choisir ces derniers, une démonstration de leur destruction mécanique était faite dans une des parcelles de Nicolas Portois.
Deux tracteurs, équipés d’outils à disques dépendants et d’effaroucheurs de gibier, étaient à la manœuvre. Une démonstration utile, à l’heure où la destruction chimique est interdite sauf pour les îlots en TCS, ou destinés à des légumes, maraîchage et porte-graines, ou encore parce qu’infestés par des adventices vivaces. Le mulchage, puisque c’est de cela dont il s’agissait, consiste à arrêter la culture et laisser le maximum de débris sur le sol. Les outils les plus adaptés sont le disque et les lames.
Pour que le mulchage soit le meilleur possible, Bernard Maslet, technicien chez TMCE, préconise de ne pas travailler plus d’un tiers de la surface du sol et de laisser la matière organique du sol. Et de rappeler que, lors du semis, il est impératif d’avoir un sol aplani et rappuyé. A la clé : gains agronomiques et faunistiques garantis, développement de la biodiversité, diminution des pathogènes et moindre utilisation de phytos. De quoi faire rimer agriculture, chasse et écologie.