Internet : le mobile détrône l’ordinateur
Le baromètre du numérique mesure l’évolution du rapport
au numérique des Français.
Depuis près de quinze ans, la numérisation de la société française se poursuit à un rythme rapide et soutenu. Le smartphone est devenu incontournable, avec 73 % des Français équipés (+ 8 points en un an), alors qu’en 2011, moins d’un quart de la population en possédait un. Globalement, les équipements nomades ont le vent en poupe. Ainsi 44 % ont une tablette (+ 4 points).
Le téléphone fixe continue à perdre du terrain avec 86 % et la téléphonie mobile confirme son ascendant avec 94 % des Français équipés. Il est important de noter que le mobile est désormais le terminal le plus souvent utilisé pour se connecter à Internet (42 %), devançant l’ordinateur (38 %). Au total, 64 % des Français utilisent leur smartphone pour naviguer sur le web, même à domicile.
La diffusion des smartphones participe à l’essor des pratiques numériques en mobilité, comme les messageries instantanées, utilisées par 43 % des Français (contre 32 % l’an dernier), ou le visionnage de vidéos (+ 10 points) ou le téléchargement d’applications (+ 7 points). Le téléphone fixe est concurrencé au domicile par les logiciels de voix sur IP de type Skype ou MSN Messenger, qui comptent 37 % d’adeptes. Les messageries instantanées ont séduit plus de quatre Français sur dix, qui les utilisent le plus souvent pour envoyer des messages textes que pour téléphoner. Mais elles n’ont pas encore détrôné les SMS ou les appels classiques via les opérateurs.
En 2017, seuls 12 % de la population ne se connectent jamais à Internet. Signe de l’omniprésence de la vie numérique, 76 % des internautes se connectent quotidiennement. Dans la vie courante, 67 % des Français ont eu recours à l’e-administration. Ce taux atteint 90 % chez les diplômés du supérieur ou les 25-39 ans ; 61 % ont effectué des achats en ligne, mais le manque de sécurisation des paiements en ligne est toujours perçu comme le principal frein à l’achat. D’ailleurs, 59 % auraient déjà renoncé à ce genre d’achat par manque de confiance au moment du paiement, et 34 % ont pris des dispositions en souscrivant à un service de sécurisation des paiements en ligne. Même s’ils utilisent beaucoup le web pour s’informer, 73 % des Français ne font pas confiance aux informations qui sont relayées sur les réseaux sociaux. La défiance est à peine moins prononcée chez les membres des réseaux sociaux : 69 %.
Appétence pour le télé-travail
Les pratiques entre pairs sur Internet se développent : 22 % ont, contre rémunération, recouru auprès de particuliers à l’usage d’un bien ou d’un service et 13 % ont offert ce type de prestation. L’échange sans prestation est moins répandu (6 %). Au total, 28 % de la population se s’est livrée à une pratique relevant de l’économie parfois dénommée «collaborative».
La numérisation de la société est aussi à l’œuvre dans la sphère professionnelle : 66 % des actifs occupés utilisent un ordinateur (53 % seulement en 2013). Ils sont 62 % à considérer que la formation continue les y a correctement préparés.
En liaison avec cette numérisation des activités, l’interpénétration des sphères privées et professionnelles se poursuit. 34 % des actifs apportent tous les jours, sur leur lieu de travail, un équipement personnel pour l’utiliser à des fins professionnelles. La population voit davantage le brouillage des frontières entre les temps et les espaces de la vie (privée et professionnelle) comme une «opportunité» permettant de «mieux concilier la vie privée et la vie professionnelle», pour 54 % des actifs, que comme une difficulté subie.
De même, l’appétence pour le télé-travail est réelle : 39 % des actifs occupés aimeraient télé-travailler. Toutefois, des fractures persistent : 12 % de la population âgée de douze ans et plus, soit près de sept millions de Français, ne se connectent jamais à Internet et autant considèrent qu’Internet est trop compliqué à utiliser.
En moyenne, un tiers de la population s’estime peu ou pas compétente pour utiliser un ordinateur, soit dix-huit millions de personnes : ils sont 40 % parmi celles ayant des bas revenus, 74 % parmi celles qui n’ont aucun diplôme et tout de même 17 % parmi les plus jeunes (moins de dix-huit ans).
Par ailleurs, 52 % des Français estiment ne pas profiter assez des opportunités offertes par les nouvelles technologies dans leur quotidien. L’égalité d’accès aux démarches administratives en ligne reste un enjeu, avec 90 % des diplômés du supérieur ou des 25-39 ans ayant recours à ces services, mais seulement 59 % des bas revenus et 30 % des non-diplômés. Enfin, 76 % des adultes se disent prêts à adopter de nouvelles technologies et services numériques, dont les deux tiers progressivement.