Isabelle Brunet, agricultrice et fière de l’être
Isabelle Brunet est passée par tous les statuts : conjointe d’exploitant, conjointe collaboratrice, puis associée au sein du Gaec familial. Pour autant, elle s’est toujours sentie agricultrice à part entière et œuvre pour la reconnaissance des femmes dans le milieu.
Isabelle Brunet est passée par tous les statuts : conjointe d’exploitant, conjointe collaboratrice, puis associée au sein du Gaec familial. Pour autant, elle s’est toujours sentie agricultrice à part entière et œuvre pour la reconnaissance des femmes dans le milieu.
Isabelle Brunet a l’élevage laitier dans la peau. La fille d’éleveurs est née dedans, à la ferme familiale d’Ercourt, dans le Vimeu. «Petite, je voulais absolument apprendre à traire. À l’époque c’était encore au pot, avec les vaches attachées. Il a fallu attendre qu’on ait une salle de traite pour que mon père m’initie. Aussitôt, j’ai adoré ça. J’étais en pension la semaine, et dès que je rentrais, le vendredi soir, j’enfilais ma tenue et j’allais traire», raconte-t-elle. Mariée, elle a rejoint l’exploitation de ses beaux-parents et de son mari, Régis Brunet, à Cayeux-sur-Mer, et s’est toujours occupée de l’atelier lait.
«En 1990, j’étais conjointe d’exploitant. Puis en 1999 a été créé le statut de conjointe collaboratrice, dont j’ai pu bénéficier ensuite. C’était un sacré acquis !»
Depuis trois ans, Isabelle est installée au sein du Gaec Brunet, avec Régis et leur fils aîné, Edouard. La traite et les soins du troupeau sont toujours sa mission première. «En quelques dizaines d’années, le statut de l’agricultrice a incroyablement évolué», se réjouit-elle, même si, elle l’accorde, «certaines ne sont toujours pas reconnues en tant que tel, et nous manquons encore de représentativité au sein des OPA». Elle s’est toujours sentie agricultrice à part entière «et non simple femme d’agriculteur», sourit-elle, et a toujours œuvré pour cette reconnaissance.
Le syndicalisme lui a permis de porter ses revendications. «J’étais déléguée cantonale de la FDSEA de la Somme depuis quelques temps, quant il a fallu reconstituer le bureau de la commission agricultrices. En 2009, j’ai accepté de prendre sa présidence parce que je savais que j’avais toute une équipe de femmes motivées pour m’épauler.» Il a fallu casser l’image de cette commission pour qu’elle soit prise au sérieux. «Les gens de l’extérieur l’appelaient le club tricot. C’était tout sauf ça. Il y avait un besoin de rencontre et de partage d’expériences entre agricultrices, et puis un besoin de formation. Nous étions actives pour cela.» Réunions techniques, visites d’exploitations, formations en élevage, en secourisme, en fiscalité… Aujourd’hui encore, la commission s’engage dans des actions en faveur des agricultrices, comme l’organisation du forum «Femmes, entrepreneuses de territoire», début mars 2020, qui avait pour objectif de donner des clés à toutes les femmes qui se lancent dans l’entreprenariat.
La cuisine pour communiquer
La commission s’est aussi faite connaître du grand public grâce aux animations dans les foires agricoles. «On cuisine pour faire découvrir les productions régionales», explique Isabelle. La dernière recette, au festival de l’agriculture en Picardie maritime, en 2019 à Abbeville, a fait un carton. «Nous avons proposé du pain perdu, puisque le thème était les céréales. Tous les ingrédients sont produits sur notre territoire : les boulangers locaux nous ont donné du pain rassis, la laiterie Lact’Union nous a fait don de lait, Bertrand Roucou, éleveur de poules pon-deuses à Briquemensil, a fourni les œufs… Même le sucre est issu des betteraves cultivées dans la Somme.» Une action valorisante et dans l’air du temps, qui aborde les sujets des circuits courts, de l’anti-gaspillage… Et de la réappropriation de la cuisine dans les foyers. «Beaucoup de gens avaient complètement oublié ce plat, qu’ils dégustaient au goûter chez leurs grands-parents. Ils étaient ravis.»
Isabelle Brunet et ses collègues de la commission agricultrices n’attendent qu’une chose : la fin de la crise sanitaire, pour pouvoir à nouveau se réunir, se former, et partager leur enthousiasme.