J.-M. Serres veut une task-force pour poursuivre le travail
Membre sortant de la majorité conduite par Xavier Bertrand au Conseil régional des Hauts-de-France où il occupait la présidence de la commission «agriculture», Jean-Michel Serres a appris, il y a quelques jours, qu’il ne figurerait pas sur la liste «Se battre pour vous» dans la Somme pour les élections des 20 et 27 juin prochains. Déçu de cette décision, il n’en reste pas moins constructif et force de propositions pour la défense des intérêts de l’agriculture à l’échelle régionale.
Membre sortant de la majorité conduite par Xavier Bertrand au Conseil régional des Hauts-de-France où il occupait la présidence de la commission «agriculture», Jean-Michel Serres a appris, il y a quelques jours, qu’il ne figurerait pas sur la liste «Se battre pour vous» dans la Somme pour les élections des 20 et 27 juin prochains. Déçu de cette décision, il n’en reste pas moins constructif et force de propositions pour la défense des intérêts de l’agriculture à l’échelle régionale.
Votre nom ne figure pas sur la liste de Xavier Bertrand pour les élections régionales, conduite dans la Somme par la maire d’Amiens, Brigitte Fouré. Comment avez-vous accueilli cette éviction ?
Il y a quelques jours, on m’a expliqué que le fait d’avoir beaucoup travaillé pendant les cinq dernières années n’était pas une condition suffisante pour figurer à nouveau sur cette liste. Je suis très déçu et amer de cette décision après avoir mis tous les jours mon expérience professionnelle régionale et nationale, ma connaissance du monde agricole et agroalimentaire. J’ai le sentiment que cela ne pèse pas grand-chose quand la politique politicienne prend le dessus.
Dans la manière de composer la liste pour le département de la Somme, qu’est-ce qui a, selon vous, changé entre 2015 et aujourd’hui ?
Je regrette qu’on ait laissé la place aux partis politiques et à des professionnels de la politique plutôt qu’à des gens investis dans leur profession qui se mettent à disposition et font profiter de leur expérience. Le fait de connaître un milieu professionnel aide à la prise de décision.
Comment vous est venue l’envie de vous engager en politique ?
En 2015, j’étais sur le point de mettre un terme à ma carrière professionnelle en tant qu’agriculteur. Xavier Bertrand m’a proposé de prendre la seconde place de sa liste dans la Somme, alors que je n’avais pas de mandat politique par ailleurs. Il s’agissait d’un signal fort. J’ai accepté la proposition en ayant toujours considéré que la Région est un bon échelon pour discuter des questions agricoles et agroalimentaires.
Quel bilan tirez-vous de cette expérience ?
En tant que président de la commission agriculture, j’ai fait un gros travail d’écoute, de réflexion, pour ensuite transmettre un certain nombre de ces remontées de terrains et de propositions à l’exécutif. Ce travail a, semble-t-il, été apprécié puisque j’ai reçu au cours des derniers jours de nombreux messages de soutien et de remerciement.
Y-a-t-il certains chantiers pour lesquels vous êtes fier de vous être investi et d’autres pour lesquels le travail doit être poursuivi ?
On a fait un certain nombre de choses, à commencer pour le secteur de l’élevage qui était en crise quand nous avons été élus. On a mis en place les audits, on s’est investi dans la promotion des productions emblématiques régionales et encore tout récemment au côté de la filière betteraves, de la filière pommes de terre, ou de l’élevage avec l’aide pour faire face à la sécheresse. Faire connaître la Région, ses missions, là où elle peut intervenir, est un travail de longue haleine. Il reste des choses à faire, c’est certain, notamment en ce qui concerne l’eau, l’assurance récolte ou l’agroécologie. Ce sont des sujets sur lesquels la Région peut intervenir mais, pour cela, il faut travailler en lien avec le gouvernement. Une Région seule n’a pas la possibilité de mener ces chantiers. Le fait pour les Hauts-de-France d’être dans l’association des Régions de France est une bonne nouvelle pour espérer peser dans la réforme de la Pac. Sur la gestion de l’eau, il faut aussi finaliser le travail qui a été engagé. Sur la question de l’assurance et du changement climatique, la Région Hauts-de-France doit prendre sa part, mais nous voyons bien que l’État joue un rôle central. La Région doit s’inscrire dans cette politique. Enfin, en matière d’agroécologie, tout reste à faire, même si nous avons voté une délibération à ce sujet à l’automne dernier. Avoir sur notre territoire une agriculture à haute performance environnementale est un atout considérable pour garder et attirer des entreprises agroalimentaires (…) En 2020, Xavier Bertrand a proposé qu’une task force soit mise en place, regroupant des organisations professionnelles agricoles, des représentants du secteur agroalimentaire, pour travailler ensemble, en se détachant des considérations et des contingences politiques. C’est une bonne idée.
À quoi servirait concrètement cette «task force» ?
Un conseil régional est une grosse machine qui a du mal à faire fonctionner ses délégations et ses services de manière transversale. Le travail de cette task force, qui est stratégique, doit aussi s’inscrire dans un temps long, qui dépasse celui d’un mandat politique. Sans cela, on n’avance pas. On a mis un certain temps à mettre en place un hub agroalimentaire qui compte quelques belles pépites régionales, mais il faut avoir un œil sur la manière dont on peut valoriser la présence de ces entreprises sur le territoire. Reste à voir qui aura la capacité et la disponibilité pour faire cela. Une chose est sûre, c’est que son animation doit revenir à un professionnel, issu du terrain. Les agents qui travaillent dans les services de la Région sont précieux, mais c’est le rôle d’un professionnel d’organiser les débats et de réunir les filières pour qu’elles travaillent mieux ensemble.