Environnement
Jour de dépassement de la terre : la faute à l’alimentation ?
Ce jeudi 28 juillet marque le Jour du dépassement 2022, une date calculée par l'ONG Global Footprint Network, un institut de recherche californien. À partir d'aujourd'hui, nous allons vivre les cinq prochains mois « à crédit », l'humanité ayant consommé toutes les ressources que la Terre peut régénérer en une année.
Ce jeudi 28 juillet marque le Jour du dépassement 2022, une date calculée par l'ONG Global Footprint Network, un institut de recherche californien. À partir d'aujourd'hui, nous allons vivre les cinq prochains mois « à crédit », l'humanité ayant consommé toutes les ressources que la Terre peut régénérer en une année.
« L’humanité a utilisé toutes ses ressources écologiques le 28 juillet. Pour les 156 jours restant, la consommation va grignoter le capital naturel de la planète », a indiqué Laetitia Mailhes de Global Footprint Network (GFN). Avec le Fonds mondial pour la nature (WWF), ce think tank indépendant se désole et s’alarme que cette date avance d’année en année dans le calendrier. Selon leurs calculs très alambiqués et difficilement accessibles au commun des mortels, le premier jour de dépassement a eu lieu le 29 décembre en 1970, le 4 novembre en 1980, 11 octobre en 1990, 23 septembre en 2000, 7 août en 2010, etc. Les seules phases où cette date a pu légèrement reculer correspondant aux périodes de crises comme les deux chocs pétroliers de 1973 et 1979, la crise financière (subprimes) en 2008 ou plus récemment le Covid.
Il n’en reste pas moins qu’«en vingt ans, la date a avancé de deux moins», ont constaté les deux ONG. Elles estiment de façon un peu imagée qu’il il faudrait 1,75 Terre pour subvenir aux besoins de la population mondiale de façon durable. Formulé autrement «on consomme 75 % de plus que ce que la Terre peut nous fournir», a précisé Laetitia Mailhes. Selon l’Agence de transition écologique qui rejoint les conclusions de deux ONG, si l’ensemble de la planète avait vécu comme les Français, il aurait fallu 2,7 planètes Terre pour répondre à nos besoins sans pénaliser les générations futures.
PSN : «une mauvaise copie»
Au-delà du constat, les deux ONG se sont posées la question de savoir quel rôle le système agricole et alimentaire pouvait jouer dans ce jour de dépassement. Leur jugement est sans appel : «L'empreinte écologique de l'alimentation est considérable : la production de nourriture mobilise toutes les catégories d’empreinte, en particulier les cultures et le carbone», ont-elles indiqué, précisant que «plus de la moitié de la biocapacité de la planète (55 %) est utilisée pour nourrir l'humanité». Pis : le problème est «la surconsommation de protéines animales qui à elles seules représentent 30 % de l’empreinte écologique totale», a soutenu Pierre Cannet, directeur du plaidoyer et des campagne de WWF France. Cette dernière et GNF n’ont d’ailleurs pas caché leur volonté «réduire la consommation animale», de «modifier les régimes alimentaires» en valorisant la consommation de protéines végétales et aussi «de déconstruire la culture des viandes». «Si nous pouvions réduire la consommation de viande de moitié, nous pourrions reculer la date du jour du dépassement de dix-sept jours», fait valoir Laetitia Mailhes.
La population mondiale a plus que doublé en cinquante ans, passant de 3,7 milliards d’êtres humains en 1970, à 8 milliards en novembre prochain
Les deux ONG sont d’ailleurs vent debout contre le Plan stratégique national (PSN) de la France. «C’est une mauvaise copie. Nous ferons tout pour rectifier le tir en infiltrant les leviers financiers et réglementaires», a certifié le WWF. L’association écologiste entend d’ailleurs «développer l’agroécologie partout», veut aussi lutter contre le gaspillage alimentaire, ce qui permettrait, si on le réduite de moitié, de reculer le jour de dépassement de treize jours. Malgré toutes les mesures que les deux ONG souhaitent prendre, il semble d’ores et déjà compliqué de revenir à un jour de dépassement au 29 décembre. Il est vrai que la population mondiale a plus que doublé en cinquante ans. Forte de 3,7 milliards d’êtres humains en 1970, notre planète en comptera 8 milliards en novembre prochain. Les deux ONG auraient-elles oublié cette dimension démographique ?