La Baie de Somme regorge de saveurs... et d’une marque
Baie de Somme Saveurs, c’est le nom de la nouvelle marque créée pour valoriser les produits de ce territoire. Le but : les identifier et les commercialiser comme produit
de haute qualité.
Une pomme de terre vapeur bien jaune, légèrement allongée, qui fait penser aux légumes du jardin. Voici la Pomme de terre primeur de la Baie de Somme, dont la production a démarré il y a deux ans. Elle est, depuis ce 24 janvier - date de création de l’association qui porte la marque -, le premier produit estampillé Baie de Somme Saveurs*.
«Face aux multiples mesures agro-environnementales auxquelles sont soumises les terres des Bas-Champs, nous avons cherché des idées pour faire perdurer l’agriculture dans cette zone», explique Olivier Faict, de la Chambre d’agriculture de la Somme. Un territoire fragile, mais doté d’une forte notoriété et d’un attrait touristique croissant. La bonnne stratégie paraissait de produire en qualité plutôt qu’en quantité.
Les agriculteurs se sont alors creusé la tête pour trouver une nouvelle production, qui pourrait s’adapter aux terres humides et sablonneuses. Et pourquoi pas la pomme de terre ? L’idée était née, et l’Association des paysans du Sud de la Baie de Somme se portait volontaire pour porter le projet.
Une quinzaine d’agriculteurs participait aux expérimentations, dès 2015. 80 ares de cette fécule sont aujourd’hui cultivés selon un cahier des charges défini, avec très peu d’intrants, arrachée obligatoirement avant le 15 août et à la main. «Nous ne cherchons pas le rendement, mais bien la meilleure pomme de terre possible», confie Emmanuel Noiret, président de la nouvelle Association Baie de Somme Saveurs. Le bijou se vend 5 euros le kg, en direct des producteurs, dans quelques points de vente (comme l’Intermarché de Saint-Valéry-sur-Somme), et, le graal, pour des tables de renom de la Baie de Somme, comme celle de la Corderie de Saint-Valéry-sur-Somme.
«Mais il faut l’avouer, produire est une chose, communiquer et vendre en sont une autre. Les restaurateurs voulaient pouvoir identifier le produit pour l’indiquer à leurs clients.» L’Association Baie de Somme Saveurs, grâce à sa marque de qualité, devrait donc permettre de mettre en vitrine ce produit d’exception.
Elargir la gamme
La gamme devrait être complétée par d’autres produits : carottes, oignons, échalottes, pommes, poires, mais aussi des yaourts, des coques, des salicornes, des volailles, ou encore du porc élevé sur paille... «Plus il y aura de produits, plus la marque sera connue.» Une condition : répondre aux valeurs de la marque, soit une agriculture durable, qui participe à la préservation du paysage, issue d’une filière équitable et d’origine Baie de Somme.
La priorité devrait être mise sur la production de viande bovine Baie de Somme Saveurs. Une démarche en cohérence avec l’objectif de valorisation de l’élevage en zone humide porté par la chambre d’agriculture et le SMBS-GPL (Syndicat mixte Baie de Somme-Grand littoral picard).
Là encore, un cahier des charges devra être établi. «Quelques pistes ont été évoquées, comme avoir un maximum d’herbe dans l’alimentation, pas d’ensilage de maïs, un classement carcrasse R=3, une plus value de 0,50 centimes/kg carcasse pour l’éleveur, etc», explique la chambre d’agriculture.
Un magasin vitrine de la marque ?
L’accent devra ensuite être mis sur la communication pour faire connaître les produits. Une page Facebook va être créée et l’association devrait s’investir dans des événements locaux (Rencontre avec la nature, Fête du mouton de l’AOP...). Le rêve serait, à terme, d’ouvrir un magasin de producteurs Baie de Somme Saveurs. «C’est un projet d’envergure, difficile à monter», avoue Emmanuel Noiret.
*La marque a été initiée en juillet 2017 par le Conseil départemental de la Somme, la Chambre d’agriculture de la Somme, le SMBS-GLP, le Synicat mixte Baie de Somme 3 vallées, l’Agence de l’eau Artois Picardie et l’Association des paysans du Sud de la Baie de Somme.
Trois questions à... Emmanuel Noiret
Emmanuel Noiret, polyculteur et éleveur laitier à Cayeux-sur-Mer, est le président de la nouvelle Association Baie de Somme Saveurs.
Vous avez fait partie du projet de la Pomme de terre primeur de la Baie de Somme dès le début. Quels ont été les enjeux ?
La phase d’expérimentation n’a pas été de tout repos ! Il a fallu trouver une terre adaptée. La première parcelle était trop argileuse, et les pommes de terre (des Lady Christ’L, ndlr) n’étaient pas belles. La deuxième année, nous avons planté dans une terre plus sablonneuse. Nous avons obtenu de bien meilleurs résultats, mais la parcelle n’était pas homogène, donc la qualité plus ou moins bonne. Or, il nous faut un produit tape à l’œil, qui séduise les acheteurs et mette en confiance les clients.
Quelles difficultés avez-vous rencontrées ?
Le plus difficile est la récolte, qui se fait entièrement à la main, selon notre cahier des charges. La primeur est arrachée de juin au 15 août. L’investissement matériel et financier était quasi nul. En revanche, le temps à consacrer est énorme. Un sacré travail, qui en a découragé plus d’un. Il faut ensuite conditionner, démarcher, livrer... En revanche, le secteur offre certains avantages : pas d’autres cultures de pommes de terre et un climat marrin qui font que la pression maladie est très faible. En 2017, par exemple, nous n’avons eu recours qu’à un seul traitement avant l’arrachage.
Quelle est l’ambition de la marque Baie de Somme saveurs ?
Notre plus belle vente est celle des restaurateurs, car se sont eux qui valorisent le mieux. Ceux avec qui nous travaillons sont satisfaits de la pomme de terre et sont en demande d’autres produits locaux de cette qualité, indentifiés par cette marque. Mais la barrière de la communication est à franchir. Les restaurateurs ont du mal à comprendre ce que l’on peut leur apporter, et nous avons du mal à cerner leurs attentes. Nous avons là pourtant une opportunité à saisir. Baie de Somme Saveurs nous premettra de gagner la confiance du consommateur. Lorsque nous serons reconnus, des portes nous seront ouvertes, nous en sommes persuadés.
Une charte des utilsateurs...
Pour prétendre au précieux logo Baie de Somme Saveurs, les productions devront répondre aux critères de la charte de utilisateurs.
Entre autres, la zone géographique de production est celle du périmètre Grand Site de France - Baie de Somme (communes d’Arry, Ault, Cayeux-sur-Mer, Bernay-en-Ponthieu, Boismont, Estrebœuf, Favières, Forest-Montiers, Fort-Mahon-Plage, Lanchères, Le Crotoy, Noyelles-sur-Mer, Pendé, Ponthoile, Port-le-Grand, Quend, Rue, Saigneville, Sailly-Flibeaucourt, Saint-Quentin-en-Tourmont, Saint-Quentin-Lamotte, Saint-Valéry-sur-Somme, Villers-sur-Authie, Vercourt, Woignarue, Brutelles, Cahon, Mers-les-Bains, Mons-Bouvert et Regnièr-Ecluse).
...et un cahier des charges par filière
Un cahier des charges sera ensuite élaboré par filière,
en concertation avec les producteurs et les autres concernés.
Celui des produits primeurs, par exemple, sera celui établi pour la Pomme de terre primeur de la Baie de Somme. Les agriculteurs doivent avoir leur siège social dans la zone labellisée Grand Site de France, et doivent présenter un produit de qualité. Le légume doit être produit dans le cadre d’une agriculture durable, sans défoliant chimique, un ramassage et un tri à la main, être engagé dans des démarches agro-environnementales... La production doit préserver l’authenticité du paysage, être vendu en direct ou à un intermédiare maximum avant le consommateur, être à un prix de vente permettant une juste rémunération de l’agriculteur...
Les autres filières devront respecter des conditions similaires et des spécificités, selon le type de produit, seront, bien sûr, ajoutéees.
Après agrément : les utilsateurs pourront apposer le logo de la marque sur leur produit.
Le dossier de demande d’agrément est à retrirer auprès de la Chambre d’agriculture de la Somme.