Agroalimentaire
«La belle endormie» Mousline® prête à être réveillée
Après leur rachat à Nestlé par des investisseurs privés, la marque Mousline® et son usine de Rosières-en-Santerre (80) ne vont pas disparaître. Au contraire, les nouveaux propriétaires comptent les développer et réaliser des investissements.
Après leur rachat à Nestlé par des investisseurs privés, la marque Mousline® et son usine de Rosières-en-Santerre (80) ne vont pas disparaître. Au contraire, les nouveaux propriétaires comptent les développer et réaliser des investissements.
«L’enjeu est de développer notre production et de maintenir l’emploi». Ces mots, ce sont ceux prononcés par Philippe Fardel, le nouveau patron de la marque Mousline® le 27 octobre dernier lors d’une conférence de presse à l’Académie d’agriculture, à Paris. Depuis le 3 octobre dernier, la marque Mousline® et son usine de fabrication de purée de pommes de terre ne sont en effet plus la propriété du groupe Nestlé, mais elles sont entrées dans le giron du fonds d’investissement français spécialisé dans l’agroalimentaire, FnB Private Equity. Autour de la table, d’autres actionnaires minoritaires (banques, coopérative agricole) ont apporté leur soutien à une opération dont le montant reste secret. Du côté de la distribution, l’annonce de la cession de Mousline® à un fonds français aurait été «accueillie plutôt favorablement».
Un objectif de chiffre d’affaires de 100 millions
Lorsqu’on l’interroge sur les raisons de la cession de Mousline® par Nestlé, Philippe Fardel reste évasif, préférant se concentrer sur ses motivations à participer au développement de l’entreprise : «Mousline® est une société qui gagne de l’argent, il n’y a pas de problème là-dessus. Beaucoup de PME seraient satisfaites des chiffres de Mousline®», assure-t-il. Et d’ajouter que les candidats à la reprise étaient plusieurs avant que le choix final ne s’oriente en faveur de : «Il y a avait plusieurs candidats, mais si c’est notre dossier qui a été retenu, c’est parce que nous avons affiché une volonté forte de croissance et des perspectives d’investissement sur le site de Rosières-en-Santerre», a déclaré M. Fardel. Une explication à la décision de céder pourrait être que Nestlé juge que la profitabilité de l’activité «purée de pommes de terre» et ses perspectives de croissance ne sont pas suffisantes par rapport à d’autres activités du groupe. Qu’à cela ne tienne, à partir d’aujourd’hui, Philippe Fardel entend bien dépasser les projections de ses anciens patrons. L’objectif de la nouvelle direction est de réaliser un chiffre d’affaires de 100 millions d’euros «dans les trois ans, hors effet de l’inflation», contre 80 millions en 2020. S’il y parvient, une nouvelle cession à de nouveaux propriétaires pourrait avoir lieu – et pourquoi pas à des investisseurs présents dans le tour de table actuel –, le rôle du fonds FnB Private Equity n’étant que d’accompagner l’entreprise Mousline® dans une période de transition.
Un ancrage local fort
Dans le paysage agroalimentaire des Hauts-de-France et même au-delà, l’usine Mousline® de Rosières-en-Santerre tient une place singulière puisqu’elle était la seule entité industrielle de Nestlé à disposer sur place de son propre service R&D ; les autres étant partagées entre plusieurs usines réparties dans plusieurs pays. L’une des premières missions de Philippe Fardel a la tête de Mousline® a été de réorganiser le fonctionnement de l’entreprise : «Du temps de Nestlé, il y avait un acheteur pommes de terre à plein temps, basé à Paris. Aujourd’hui, le service achat a été ramené à Rosières-en-Santerre, pour gagner en proximité», souligne M. Fardel. La manière d’échanger avec les producteurs de pommes de terre via un groupement est maintenue : «Nous voulons simplement ajouter de l’humain dans les relations. Il n’est pas normal que depuis de nombreuses années, les représentants des producteurs et les dirigeants de Nestlé n’aient jamais partagé une bouffe. On va changer cela», promet le nouveau patron de Mousline®. D’ici quelques jours, une rencontre doit effectivement se tenir pour évoquer les conditions de la prochaine récolte (2023) après une campagne 2022 pleine d’aléas. «En ce qui concerne la campagne 2022, il n’y a pas d’autres choix que de s’adapter», rappelle Philippe Fardel, qui est revenu sur les conditions de réception et la revalorisation des prix de contrat d’approvisionnement de pommes de terre. Dans les discussions avec les producteurs, on parle bien évidemment «prix» mais aussi de l’avenir de la pomme de terre et des défis à relever : gestion de l’eau, des interventions au champ… Les dirigeants de Mousline® devraient profiter de la rencontre pour évoquer leurs projets d’investissement sur le site samarien. Dans les trois ans à venir, «entre 13 et 20 millions d’euros vont être investis», indique la direction de l’entreprise. Des travaux qui visent à améliorer la réception et le tri des pommes de terre à leur entrée de l’usine. D’une capacité de fabrication de 27 000 tonnes de flocons de purée, le site de Rosières-en-Santerre en a encore sous le pied avec un volume actuellement travaillé de 18 000 tonnes.
70 % des pommes de terre transformées par Mousline® sont picardes