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La biosécurité appliquée à l’élevage bovin

Les éleveurs bovins sont incités par le GDS 80 à suivre les préconisations qui prévalent en élevage porcin et avicole pour éviter des pertes liées à des incidents sanitaires.

La biosécurité se résume en une série de mesures simples qui permettent de protéger les animaux d’un certain nombre de pathologies, en extérieur, mais aussi à l’intérieur des bâtiments.
La biosécurité se résume en une série de mesures simples qui permettent de protéger les animaux d’un certain nombre de pathologies, en extérieur, mais aussi à l’intérieur des bâtiments.
© Pixabay



Bien qu’elle ait occupé une large attention au cours des derniers mois pour cause de menace de peste porcine africaine (PPA) et de volailles avec l’ombre de la grippe aviaire, la biosécurité en élevage n’intéresse pas seulement les élevages de porcs, force est de constater qu’en élevage bovin, «on a des lacunes», rappelait il y a quelques jours le président du GDS de la Somme, Pascal Bienaimé, à l’occasion d’une réunion d’éleveurs sur la prévention de la BVD. Pour ce dernier, «on rentre encore trop facilement dans nos élevages et cela ne se fait pas sans risques». Le vétérinaire Nicolas Lucas a ainsi profité de l’occasion pour rappeler quelques règles qui s’appliquent dans les étables, comme en extérieur. En préambule, il rappelait que la biosécurité est une notion «relativement récente», puisqu’elle est apparue avec Pasteur à partir de 1877. On entend par biosécurité l’ensemble des mesures que l’on peut prendre pour limiter les risques de transmission d’agents pathogènes aux et entre animaux. Les mesures de biosécurité répondent à plusieurs exigences : protéger un individu des autres animaux, du milieu extérieur, de l’homme ou de la faune sauvage.  

Lutter contre l’invisible
D’une manière générale, pour le professionnel de la santé animal, «il y a une nécessité de prendre conscience de l’importance des mesures d’hygiène pour protéger les hommes et les animaux». Au fil des années, le constat est flagrant : «Les antibiotiques qui sont apparus à partir de 1936 ne sont pas une solution miracle», amorce Nicolas Lucas. D’autant qu’on observe des résistances à ces antibiotiques depuis 1950. C’est à cette date que l’on commence alors à s’intéresser à la biosécurité dans les élevages bovins, en même temps que ceux-ci s’intensifient et se spécialisent.
Les pathologies pouvant affecter les animaux sont de différentes formes : bactéries, virus, protozoaires ou champignons. «Lutter contre les rats et souris qui peuvent être vecteurs de maladies est finalement assez simple... parce qu’on les voit», explique le docteur Lucas. La contamination d’un animal se fait par contact avec un animal infecté, soit en raison d’un environnement favorable.

Dans les bâtiments et en extérieur
Pour limiter au maximum le risque de contamination et les pertes économiques liées, les leviers d’action sont de deux ordres. La première série de mesures à appliquer est ce que l’on appelle la biosécurité externe ; autrement dit, il s’agit de protéger les extérieurs d’un élevage : affichage, rotoluves, pédiluves, sas sanitaire avec port de vêtements dédiés, plan de circulation sur l’exploitation. «Dans les pays nordiques, chaque élevage a un vétérinaire dédié avec des éleveurs bien plus vigilants que nous sur ces questions, constate Nicolas Lucas. Comme cela se pratique en élevage porcin, il faut définir une zone d’élevage, une zone professionnelle et une zone publique sur l’exploitation. C’est finalement assez simple si on applique le principe de marche en avant, comme cela se fait dans les abattoirs.»
En extérieur, «on recommande aux éleveurs de vérifier l’état des clôtures, voire à installer une double clôture comme on le voit dans d’autres pays», poursuit le vétérinaire. Le matériel d’élevage doit, quant à lui, être correctement nettoyé : bétaillère, couloir de contention... Pour l’équarrissage, une aire dédiée doit être aménagée, à l’écart de la zone d’élevage et facile d’accès. Pour Nicolas Lucas et le président du GDS 80, il n’y aurait finalement pas de méthode miracle, ni universelle, «mais des solutions simples à mettre en œuvre en fonction de chaque élevage». Et Pascal Bienaimé de conclure ses recommandations en rappelant que «le but de la biosécurité est de diminuer la consommation de médicaments pour les animaux en agissant de manière préventive».


Un vaccin «sûr et efficace» contre la PPA ?

Dans un article publié dans la revue Science China life sciences, une équipe de l’institut chinois de recherche vétérinaire Harbin affirme avoir trouvé un «vaccin sûr et efficace contre la peste porcine africaine» (PPA). Les scientifiques ont utilisé comme support le premier isolat de virus apparu en Chine, auquel ils ont effacé sept segments de gènes. En empêchant sa réplication, cette modification l’aurait rendu compatible avec les standards de sécurité des vaccins vivants atténués utilisables en élevages de porcs, explique le site spécialisé PigProgress. Les chercheurs chinois estiment que leur vaccin serait «actuellement le plus prometteur pour une application industrielle», sans préciser une éventuelle date de disponibilité. Les Chinois ne sont pas les seuls à affirmer disposer d’un vaccin : d’après Bloomberg, le gouvernement et des experts académiques américains «ont développé un vaccin contre la PPA dont l’efficacité a été prouvée à 100 %». Mais il serait «encore à des années d’être disponible pour les agriculteurs», précise l’agence de presse. Depuis le début de l’épizootie de PPA en Chine, à l’été 2018, la PPA a conduit à l’abattage de millions d’animaux, provoquant un appel d’air pour les importations vers ce pays, premier consommateur mondial de porc.

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