La campagne betteravière touche à sa fin : premiers bilans
Les assemblées générales de groupements de betteraviers battent leur plein. Au menu : bilan de campagne, point sur les marchés…
On l’a écrit maintes fois : la campagne betteravière dans la Somme, qui devrait se terminer fin janvier, voire dans la première semaine de février, suivant les usines sucrières, affiche des rendements qui redonnent du baume au cœur aux planteurs. Car nombreux sont ceux, en effet, à s’inquiéter des incidences de la fin des quotas sur les prix. Avec des rendements, ce mois-ci, qui atteignent 95 t/ha à 16°, un rendement racine à 79 t/ha et une tare terre qui restera inférieure à 10 %, les résultats sont incontestablement au rendez-vous.
De quoi rassurer les planteurs samariens, dont pas mal ont augmenté leurs surfaces d’emblavement. La Somme s’est d’ailleurs distinguée à ce sujet, connaissant la plus forte augmentation des surfaces, qui sont passées de 40 235 ha en 2016 à 53 080 ha en 2017, soit une hausse de 32 %.
La question des enlèvements des silos
Des retards d’enlèvements de silos ont été enregistrés dans certains secteurs du département, de quelques jours à une bonne semaine, voire un peu plus. Avec des volumes et des rendements supérieurs et quelques dysfonctionnements dans les usines, les retards étaient à prévoir. Autre effet indésirable relevé par les planteurs : la qualité du déterrage insatisfaisante. Un certain laisser-aller de la part des prestataires embauchés par les usines a été constaté. Pour y remédier, le syndicat betteravier souhaite proposer aux sucriers de mettre en place un système de bonus-malus pour inciter les prestataires à être plus attentifs sur cette question.
Autre sujet de débat sur l’enlèvement des silos de betteraves : la signalisation à mettre en place (panneaux et feux) dans le cadre des enlèvements des silos en bordure des routes départementales. «C’est au prestataire de déposer les panneaux et les feux et non au planteur. Je vous rappelle que, même s’il ne faut pas un bac + 5 pour déposer panneaux et feux, il y a des règles à respecter que vous ne connaissez pas forcément. Or, s’il y a un accident, votre responsabilité sera engagée si vous les avez déposés», rappelle Jean-Jacques Fatous, directeur adjoint de l’ASBS. Rappel nécessaire au vu des méthodes différentes appliquées par les sucriers.
Autre sujet délicat : la présence de boue sur la chaussée. «C’est celui qui met la terre sur la route qui doit nettoyer. Si vous le faites à la place du prestataire qui a sali la route et, s’il y a un problème, vous serez co-responsable», indique Emmanuel Pigeon, directeur de l’ASBS. Sur ce sujet, Saint Louis Sucre a lancé une réflexion à l’échelle de ses usines de Roye et d’Eppeville pour régler le problème des boues sur la chaussée. L’industriel expérimente la mise à disposition d’une balayeuse-laveuse avec un partage des coûts entre le planteur et la sucrerie pour nettoyer les chaussées.
Suivi des réceptions de betteraves
Globalement, le suivi des réceptions de betteraves dans les usines par le syndicat betteravier s’est révélé satisfaisant. Et ce dernier de rappeler l’importance du suivi au vu des enjeux financiers qui en découlent pour les planteurs. 3 % de perte au lavage, c’est une perte d’un euro par tonne à 16°. Pour ce qui est de la teneur en sucre, 0,1° de richesse à 18°, c’est 0,17 €/t à 16°.
«Sur un million de tonnes de betteraves, cela représente un million d’euros. Ainsi, par exemple, pour une usine de 20 000 ha, si l’on multiplie les 20 000 ha par 90 t/ha à 16° (livré à 18°), le tout multiplié par 25 €, on atteint 46 000 000 €. Une dérive supplémentaire de 1 % représente donc au minimum 46 000 € ou 23 €/ha. Pour la teneur en sucre, sur la même base de calcul, avec une dérive de 0,2°, cela représente 625 000 € ou 31 €/ha», détaille Jean-Jacques Fatous.
Quel prix pour les betteraves ?
C’est la première campagne sans quotas. Sur le marché européen (la France y vend plus de 70 % de sa production de sucre alimentaire, ndlr), en octobre 2017, le prix sortie d’usine enregistré par la Commission européenne était de 420 €. «On n’a pas connaissance des prix pratiqués par les opérateurs. Et le prix indiqué par la Commission européenne ne colle pas au marché au moment où il est communiqué.», précise Timothé Masson, directeur du Pôle international à la CGB. Sur le marché spot, depuis octobre 2017, le prix est de 350 €/t sortie usine, soit une betterave hors pulpe à 23 €/t.
Sur le marché mondial, le marché à terme indique 275 €/t, soit 18 €/t le prix de la betterave. Ce prix traduisait une valorisation betterave de 25 €/t en février 2017. En faisant la moyenne de tout, hors pulpe, le prix de la betterave serait de 22 €/t.
«Ce prix de 25 €/t, ne reflètait que le début de campagne sur le marché spot et ne présageait pas des stratégies commerciales», précise le spécialiste des marchés. Avant d’ajouter : «La situation du marché en février permettrait d’atteindre un prix à 26 €/t, hors pulpe.» Pour mémoire, le prix moyen des betteraves dans la Somme, en 2016, était de 28,3 €/t, pulpe incluse.