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La collecte annuelle des produits phytos non utilisables

Comme chaque année, les agriculteurs sont invités à déposer dans les dépôts de collecte les produits phytopharmaceutiques non utilisables (PPNU). Reportage sur site.

Au fur et à mesure des informations fournies par le magasinier qui manipule le PPNU, son collègue les notifie sur un document d’attestation de remise de ces produits.
Au fur et à mesure des informations fournies par le magasinier qui manipule le PPNU, son collègue les notifie sur un document d’attestation de remise de ces produits.
© AAP

Le top départ a été donné chez Noriap le 5 novembre dernier. Ce jour-là, les agriculteurs samariens, mais aussi les particuliers, étaient invités à déposer leurs PPNU dans les centres de dépôt (Nesle, Saleux, Hargicourt et Hornoy-le-Bourg) mis à leur disposition dans le département. Il en était de même pour les sites de Saint-Just-en-Chaussée (60) et Fauville-en-Caux (76). L’apport de ces produits se fait sur la base du volontariat.
L’an dernier, ce ne sont pas moins de 2,99 tonnes qui ont été collectés dans les centres Noriap. En 2011, le tonnage a atteint 4,03 tonnes. Une baisse liée non pas à celle du volontariat, mais à la moindre quantité de PPNU dans les fermes. Tous distributeurs confondus, le tonnage est passé de 1,87 tonne en 2010 à 3,22 en 2014, avec une pointe à 7,38 tonnes en 2013. Au total, de 2010 à 2015, ce sont plus de 20 tonnes de PPNU qui ont été collectées dans la Somme.
Les détenteurs de ces produits sont tenus de les conserver dans leurs emballages d’origine et de les identifier comme «PPNU à détruire». Ceux qui sont en mauvais état ou souillés doivent être sur-emballés dans un sac transparent.
Des précautions, les centres de dépôt en prennent aussi. Pour qu’une fuite inopinée n’atteigne pas la nappe phréatique, les bâtiments dédiés à la collecte sont en bac de rétention, ainsi que leur entrée et la zone de chargement. Une bâche de rétention recouvre même la zone où se fait la réception des produits. «Bien que le bâtiment n’ait jamais été exposé à des fuites de ces produits, on n’est jamais trop prudents», précise Serge Reuet, responsable du site de Saleux.

Des produits contrôlés de A à Z
Deux magasiniers sont généralement à la réception des produits, équipés de tenues étanches, de masques, de gants, de lunettes et de chaussures spéciales. Leur tenue peut impressionner ou faire sourire, d’autant qu’un mannequin devant le magasin rappelle par une tenue vestimentaire quelque peu humoristique les dangers de ces produits. Une fois la plaisanterie faite, l’heure est venue de passer aux choses sérieuses. Le rituel peut commencer du dépôt et stockage de ces produits.
«On relève le nom de chaque produit, le nom de la ferme, si le produit est interdit ou pas, son état à réception, son poids et s’il possède un picto ou non sur son étiquette», précise André Delalandre, magasinier à Saleux. Le pictogramme en question est tout sauf un détail, car tous les PPNU portant le pictogramme Adivalor peuvent être déposés sans débourser un centime, l’éco-participation étant payée par le fabricant et le distributeur.
Les autres produits font, eux, l’objet d’une facturation à l’agriculteur ou au particulier, soit 4 euros HT/kg, avec un minimum de facturation de 10 euros HT. De quoi faire grincer les dents de certains, qui relèvent que non seulement ce sont eux qui apportent les produits dans les centres, mais qu’en plus, ils doivent payer pour en laisser certains...
Quoi qu’il en soit, une fois toutes ces informations consignées dans un document d’attestation de remise de PPNU, le magasinier procède à la répartition des produits dans les bacs. Mais, avant cela, une dernière vérification est faite pour s’assurer qu’aucun produit ne fuit. «Si nous trouvons un PPNU présentant une fuite, on le place dans un sur-sac», souligne Emmanuel Néel, magasinier, responsable du magasin Noriap de Saleux.
Les produits sont ensuite répartis entre le bac pour les produits solides avec pictogramme, un autre pour ceux qui n’en ont pas, et un dernier bac pour les produits liquides. Une fois tous ces bacs remplis, la poche à l’intérieur est fermée, ainsi que le carton. Chaque carton est identifié, étiqueté, filmé et déposé dans un lieu de stockage en attendant son enlèvement par Adivalor.
Ce circuit, Olivier Forobert, maraîcher à Gentelles, le découvre pour la première fois. «Depuis huit ans que nous sommes installés, nous n’étions jamais venus déposer les PPNU dans un centre de dépôt. La plupart de ces produits appartenaient à mon beau-père. Jusqu’ici, on a préféré stocker plutôt que s’embêter à venir. On traîne tous un peu dans les fermes pour se mettre à jour», avoue le jeune agriculteur. Avant de reconnaître, ensuite, l’utilité de ces centres pour se débarrasser de ces produits dangereux. «Plus ils sont loin de nous, mieux on se porte, et cela évite qu’ils traînent dans nos fermes», commente-t-il. Ce qui évite aussi quelques ennuis en cas de contrôle des services de l’Etat, ces derniers peuvent aller jusqu’à supprimer les avances Pac aux exploitants qui ne sont pas en conformité à ce sujet. Mais la meilleure solution, selon le maraîcher, «c’est d’arrêter de faire des produits dangereux».

Le dernier voyage des PPNU
Tous les produits collectés sur les différents centres sont repris par une entreprise de transport spécialisée, qui les livre à un centre de traitement. Ce centre de traitement, autorisé pour l'élimination des déchets dangereux, va trier précisément les produits.
Les PPNU sont ensuite incinérés à 1 100 °C. Les fumées résultant de cette incinération sont traitées afin de limiter leur nocivité pour l'atmosphère, le déchet ultime de la combustion (cendres) est livré en décharge spécialisée.
L'énergie produite par leur combustion est utilisée pour générer de l'électricité. Il s'agit d'une valorisation énergétique.

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