La féculerie de Vecquemont : des tonnages à reconquérir
L’annonce du rapprochement entre la coopérative féculière de Vic-sur-Aisne et Téréos va obliger Roquette et ses livreurs à réagir.
Un communiqué de presse publié le 17 septembre dernier annonçait que «Téréos et la féculerie coopérative de Vic-sur-Aisne s’unissent pour constituer un acteur coopératif majeur de la filière féculière française dans un contexte de marché sans quotas». Il ne faut pas s’en cacher, cette décision de la coopérative de Vic-sur-Aisne pose question à Roquette et, par contre coup, à la coopérative féculière de Vecquemont.
Depuis l’arrêt de la féculerie de Vic-sur-Aisne décidé par Roquette après la campagne 2006-2007, les adhérents de la coopérative féculière de Vic sont engagés de façon exclusive dans l’approvisionnement de la féculerie Roquette de Vecquemont aux côtés des livreurs historiques réunis en groupement depuis 2006 dans un premier temps, puis en coopérative féculière de Vecquemont depuis 2010.
Erosion des tonnages
La campagne 2010-2011 a marqué une rupture importante puisque Roquette a décidé de réduire de 20 % ses besoins en pommes de terre. Il s’agissait d’anticiper les réformes de la Pac et la suppression des aides directes qui a forcé les féculiers à adapter la production à la demande du marché.
En réalité, l’évolution des tonnages contractés par les livreurs des coopératives féculières entre 2007 et 2014 s’est traduite par une réduction de 44% pour la coop de Vic et de 28 % pour celle de Vecquemont. Une érosion aux causes multiples qu’a connue également la coopérative féculière d'Haussimont dans la Marne. Son contingent de production de fécule lui permettait de travailler jusqu’à 316 000 tonnes de pommes de terre. Un volume tombé entre 250 et 270 000 tonnes en 2013, poussant les responsables de la coopérative à la recherche d’hectares dans un très large périmètre autour de leur usine.
Il se trouve que les zones de production des deux coopératives ont une partie du territoire en commun.
Contrat d'exclusivité
Par ailleurs, bon nombre d’agriculteurs, adhérents de la coop de Vic-sur-Aisne, sont déjà adhérents de Téréos pour les betteraves. L’apport de la coop de Vic pourrait représenter 40% des livraisons d’Haussimont à l’issue du contrat d’exclusivité qui lie la coop de Vic à Roquette et à condition que tous ses adhérents, en particulier les plus proches de Vecquemont suivent cette décision.
«Nous avons été surpris de cette annonce de la coop de Vic après de nombreuses années de collaboration et de fidélité avec Roquette», a réagi Frédéric Smagghe, directeur de l’usine Roquette de Vecquemont tout en rappelant que cette coopérative est encore liée à Roquette par un accord de livraison exclusive pour trois campagnes.
Rester confiant
«Les dirigeants de la coopérative de Vecquemont sont très attachés au site Roquette», atteste Antoine Hauchart, président de la coopérative de Vecquemont. La création de la coopérative avait pour objectif le maintien de l’outil industriel de proximité. «En quelques années, Roquette nous a montré comment les débouchés de sa production de fécule avaient été réorientés notamment vers les marchés de l’alimentaire tout en poursuivant la modernisation de son usine», poursuit Antoine Hauchart.
Les discussions sont parfois tendues entre les représentants des coopératives et Roquette mais les prix de base sont en constante augmentation depuis trois ans. Après deux années moyennes, la prévision de marge brute pour la pomme de terre féculière établie par CerFrance Somme pour la récolte 2014 est encourageante. Elle est la seule à progresser parmi les productions végétales.
Certes, beaucoup reste à faire pour améliorer la profitabilité de la filière et les dirigeants de la coopérative de Vecquemont s’y emploient. Dans un contexte de marchés agricoles volatils, la pomme de terre fécule montre qu’elle est une valeur refuge sure et une source de diversification intéressante. «La porte est ouverte à de nouveaux producteurs comme à ceux qui veulent rester proches de Roquette Vecquemont», conclut Antoine Hauchart.