Evénement
A Plaine en fête, du divertissement mais aussi des messages bien placés
Ce 28 août à Licourt, les JA se sont éclatés dans leurs moiss’bat’cross, se sont régalés autour du bœuf à la broche et se sont réjouis d’une bonne moisson 2022. Mais la sécheresse inédite fait de l’ombre à cette euphorie. Les élus de la profession en profitaient pour faire entendre leurs attentes auprès du préfet fraîchement nommé, Etienne Stoskopf.
Ce 28 août à Licourt, les JA se sont éclatés dans leurs moiss’bat’cross, se sont régalés autour du bœuf à la broche et se sont réjouis d’une bonne moisson 2022. Mais la sécheresse inédite fait de l’ombre à cette euphorie. Les élus de la profession en profitaient pour faire entendre leurs attentes auprès du préfet fraîchement nommé, Etienne Stoskopf.
8 000 entrées, un bœuf entier dévoré, des sourires sur toutes les lèvres… Et du soleil. Encore. «Au point où on en est, ça aurait été ballot qu’il pleuve aujourd’hui», ironisait Denis Bully, président de la FDSEA80, lors des discours d’ouverture de Plaine en fête 2022 à Licourt. Ce dimanche convivial était aussi l’occasion, pour les responsables de l’agriculture samarienne, de marquer les esprits en ce qui concerne leurs préoccupations pour l’avenir et leurs attentes. Un esprit en particulier : celui d’Etienne Stoskopf, nouveau préfet de la Somme, qui a pris ses fonctions le 23 août.
Le sujet de l’eau était sur toutes les lèvres. «Le déficit en eau pose question, même chez nous dans la Somme, alors que nous disposons d’une réserve importante. Nous subissons déjà une perte de 25 % de fourrage. Les fermes ne sont pas les seules à souffrir. Toute la société est concernée», martèle Denis Bully. «Notre demande à court terme est de maintenir les autorisations d’irrigation jusqu’à la fin des cycles des cultures et les prélèvements nécessaires aux élevages», ajoute Benjamin Bizet, président des JA80. À cela s’ajoutent des propositions pour apporter les solutions à plus long terme. «Ici particulièrement, le canal Seine-Nord Europe (CSNE) est une opportunité. La construction de stockages d’eau nous permettrait de poursuivre l’activité, et ainsi maintenir des emplois et contribuer à l’indépendance alimentaire.»
Pour Françoise Crété, présidente de la chambre d’agriculture, le CSNE est un sujet d’ampleur. «Plus de 1 000 ha de terres fertiles vont disparaître sous la voie d’eau. Les retombées s’annoncent positives pour le territoire et le monde agricole, donc nous avons toujours soutenu le projet, mais il nous faut être vigilants.» Les travaux de terrassement débuteront d’ici douze à dix-huit mois, et le maintien de l’accès aux parcelles ainsi que leur irrigation, la réussite de l’aménagement foncier sur 33 000 ha, incluant des compensations, seront suivis de près. «Il nous faudra saisir les opportunités. Mais le chemin pour obtenir les différentes autorisations est semé d’embuches», soulève-t-elle.
SIE et Cipan sur la table
Le sujet de la dérogation relative à l’implantation des SIE et des Cipan était évidemment sur la table. «Nous réclamons de la liberté. Quand ça ne peut pas lever, on ne doit pas semer. Quand la prairie naturelle ne pousse plus, nous devons pouvoir y semer de la luzerne ou du méteil. Un cadre, mais pas de carcan», scande Denis Bully. Les élus réclament ainsi une autorisation de ne pas semer les Cipan et SIE qui ne lèveraient pas faute de sécheresse, pas de sanction pour ceux qui ont semé mais dont les plantes ne lèvent pas, ainsi qu’une Pac simple et reconnaissante de l’élevage.
Je pense retrouver ici les mêmes convictions
et la même passion pour le travail
Le préfet Etienne Stoskopf n’était évidemment «pas en mesure de répondre à tout» le jour J, mais souhaite entrer «dans un véritable dialogue autour des sujets évoqués». Le représentant de l’État arrive des Pyrénées-Orientales, territoire arboricole et viticole. «Les productions sont très différentes, mais je pense retrouver ici les mêmes convictions et la même passion pour le travail», acquiesce-t-il. Il a d’ailleurs souligné des habitudes de travail efficaces dans la Somme. «Ici, la gestion de l’eau est adossée à des analyses des volumes précises. Le département a un temps d’avance qui permettra de gérer rapidement les dossiers qui concernent les travaux de récoltes tardives.» L’agribashing est un autre sujet d’importance pour le préfet. «Deux-cents faits de délinquance contre le milieu agricole ont été enregistrés cette année. Cela sera une de mes priorités.» Etienne Stoskopf a promis d’être prêt à écouter et à «porter les demandes au plus haut».