Agroforesterie
La haie, une ressource pour l’élevage
Le lien entre la haie et l’élevage est plus que séculaire. Outre l’aspect pratique de délimitation des parcelles, ces alignements d’arbres et d’arbustes possèdent de nombreux atouts pour les animaux d’élevage, les hommes et l’ensemble du milieu naturel. Brise-vent, préservation des sols et de l’eau, refuge de biodiversité, production d’énergie… Après avoir été massivement arrachées pour accompagner les mutations agricoles, les haies font désormais l’objet d’attentions particulières méritées.
Le lien entre la haie et l’élevage est plus que séculaire. Outre l’aspect pratique de délimitation des parcelles, ces alignements d’arbres et d’arbustes possèdent de nombreux atouts pour les animaux d’élevage, les hommes et l’ensemble du milieu naturel. Brise-vent, préservation des sols et de l’eau, refuge de biodiversité, production d’énergie… Après avoir été massivement arrachées pour accompagner les mutations agricoles, les haies font désormais l’objet d’attentions particulières méritées.
Dans notre région, les haies «barrières», qui avaient pour principal objectif de clôturer les prairies, étaient majoritairement constituées d’aubépine blanche. Depuis, leur composition est plus diversifiée. Les haies hautes sont constituées d’essences arbustives que l’on laisse croître verticalement. Elles influencent davantage les conditions climatiques locales que les haies basses. Comme leur nom l’indique, les haies multistrates sont composées d’une strate arbustive et d’une strate arborée. C’est cette structure qui présente le plus important potentiel de fonctionnalités. Enfin, l’alignement d’arbres, parfois taillés en «têtards», procure, lui aussi, des atouts indéniables pour l’élevage, notamment la production de plaquettes de bois !
Un complément de litière
En effet, si plaquettes de bois rime souvent avec énergie, cette ressource peut également être valorisée en élevage en tant que litière. Ainsi, le bois déchiqueté peut limiter les achats de paille. Tous les types de bois peuvent être valorisés de cette manière. Les plaquettes augmentent le pouvoir absorbant et la portance de la litière. De plus, elles sont moins fermentescibles que la paille, par conséquent, la litière reste propre plus longtemps et chauffe moins (3°C de moins par rapport à un paillage classique). En pratique, les plaquettes peuvent être épandues en couches épaisses (environ 10 cm)
tous les dix à vingt jours. Mais il est préférable de les utiliser en sous-couche drainante avec des apports de paille au-dessus après avoir laissé les animaux deux à trois jours sur les plaquettes.
Le volume de plaquettes nécessaire pour une année est de 1 MAP (mètre cube apparent) par vache au minimum. Avec ce volume, 25 % environ des besoins en paille pourront être économisés. En élevage bovin, 1 m3 apparent de plaquettes (environ 250 kg) permettra d'économiser environ 250 kg de paille.
Un refuge dans la prairie
Avec les haies hautes, les animaux ont accès à des zones abritées lors des intempéries et des fortes chaleurs. Elles atténuent les excès climatiques (chaleur, froid, pluie, vent) qui ont un impact sur la production laitière. Elles protègent du vent sur une distance égale à quinze-vingt fois leur hauteur. En cas de forte chaleur, les mesures de températures montrent un différentiel pouvant atteindre 7°C entre une zone abritée et une autre exposée.
Une ressource disponible
Les aléas climatiques récents et ceux qu’il faut s’attendre à subir dans les années à venir doivent conduire les éleveurs à multiplier les sources de réserves disponibles en cas de besoin. La haie possède un potentiel fourrager disponible même en cas de sécheresse. Dans certaines régions, les feuilles sont régulièrement utilisées afin de compléter l’affourragement, mais c’est aussi une ressource appréciée par les animaux pendant toute la période de pâturage. Cette appétence s’explique en partie par la composition des feuilles. Même si l’appellation «fourrages ligneux», parfois utilisée, peut laisser penser qu’elles ont un faible intérêt alimentaire, certaines espèces présentent des valeurs intéressantes, notamment en Matière azotée totale (MAT dans le tableau). Dans notre région, c’est le cas de l’aulne par exemple qui, de surcroit, possède une faible teneur en tanins. En effet, selon l’espèce, les feuilles des arbres peuvent contenir plus ou moins de ces substances qui les rendent astringentes et donc défavorisent l’ingestion par les animaux. L’éducation des jeunes animaux à ce type de ressource leur permet de s’adapter et de s’habituer à la consommation des feuilles.
Enfin, à proximité d’une haie, la pousse de l’herbe est bien souvent décalée et plus tardive, offrant une répartition de la ressource en saison de pâturage. Autre avantage, la dégradation des feuilles est une source de matière organique qui favorise la vie du sol.
En somme, les haies sont bien plus que de simples éléments paysagers. Elles sont des alliées précieuses pour tous les agriculteurs et particulièrement pour les éleveurs. En apprenant à mieux connaitre leurs compositions, leurs typologies et en adaptant leur entretien, voire en les restaurant, chacun peut y trouver des fonctions intéressantes (fonctionnement agronomique des sols, érosion, énergie, biodiversité…).
La fertilité du sol
En plus de servir de litière, les plaquettes de bois favorisent la production d’humus du sol. L’apport de bois, et donc de carbone, stimule la vie du sol. En particulier, les champignons qui vont profiter à plein de la lignine contenue dans le bois. L’ensemble de l’activité biologique du sol est ensuite mise à contribution de la production d’humus, initiateur de la formation d’agrégats stables. Ainsi, en réhaussant le rapport C/N du fumier, les plaquettes de bois participent à la lutte contre l’érosion, le maintien, voire l’amélioration, du taux de matière organique et du pH.