La place de l’agriculture dans la future région Nord-Pas-de-Calais-Picardie
La Draaf et l’Insee ont réalisé en partenariat une étude sur la densité de peuplement et l’activité agricole dans les départements du Nord-Pas-de-Calais et de la Picardie.
Picardie et Nord-Pas-de-Calais, sœurs jumelles en agriculture ? Sur les activités agricoles, c’est oui, incontestablement. Dans l’une comme dans l’autre région, les grandes cultures sont prépondérantes. On trouve aussi de la pomme de terre et des betteraves. L’élevage n’est pas non plus absent, notamment l’élevage bovin. Au regard de ces similitudes, on pourrait croire qu’elles se ressemblent comme deux gouttes d’eau. Et, pourtant, les différences entre ces deux régions sur la place qu’occupe l’agriculture sur leurs territoires respectifs ne manquent pas.
C’est ce que vient de démontrer une étude réalisée conjointement par l’Insee et la Draaf de Picardie sur la répartition des activités agricoles et des emplois, selon les densités de population sur les territoires du Nord-Pas-de-Calais et de la Picardie. Initialement prévue sur la seule Picardie, l’étude a finalement intégré le Nord-Pas-de-Calais, fusion des régions oblige en janvier prochain. A nouvelle région, nouvelle méthode aussi d’analyse : la prise en compte de la densité de population (lire encadré) plutôt qu’une approche par l’emploi ou par aire urbaine. Ce nouveau critère apporte une analyse plus fine, puisque la place des activités agricoles dans chaque département dépend à la fois de la densité de peuplement des territoires et de l’occupation des sols.
Répartition de la population
Les communes peu ou très peu denses réunissent plus de 50 % de la population picarde alors que près de 80 % de la population du Nord-Pas-de-Calais résident dans une commune densément peuplée ou de densité intermédiaire. Sur les 83 communes densément peuplées de la future région, 77 se trouvent dans le Nord ou dans le Pas-de-Calais, et comptent, de surcroît un plus grand nombre d’habitants que celles de la Somme ou de l’Oise.
En revanche, en Picardie, le territoire réunit près de 40 % des communes très peu denses contre 11,7 % pour le Pas-de-Calais. En ajoutant la part des communes peu denses, le total monte à près de 95 % pour la Picardie contre près de 73 % pour le Nord-Pas-de-Calais.
En termes d’habitants, les communes peu denses et très peu denses réunissent plus de 50 % de la population picarde contre près de 21 % pour le Nord-Pas-de-Calais. Ce qui a une incidence sur la répartition des activités agricoles.
Où sont les activités agricoles ?
En Picardie et dans le Nord-Pas-de-Calais, les terres agricoles occupent plus de 75 % du territoire. Mais le poids de l’agriculture varie suivant les départements.
Dans la première région, ce sont dans les communes peu denses, et plus encore dans les très peu denses que l’agriculture structure le territoire à plus de 75 %. Aussi l’agriculture est-elle le premier vecteur d’emploi dans ces communes très peu denses. Dans le Nord, en revanche, l’activité agricole est nettement plus modeste, même si cette dernière peut être implantée dans des communes densément peuplées. Quant au Pas-de-Calais, comme dans l’Oise d’ailleurs, l’implantation des activités agricoles est plus significative dans des communes de densité intermédiaire.
Comparativement à l’Oise, au Pas-de-Calais et au Nord, l’Aisne et la Somme sont des départements plus agricoles. Le poids relatif de l’emploi agricole dans l’emploi total est le plus élevé dans ces deux départements (respectivement 4,7 % et 3,9 %). Ces deux départements se démarquent par l’importance prise par l’agriculture dans des communes très peu denses. C’est là où les exploitations sont les plus nombreuses, les plus grandes (jusqu’à 105 ha dans les communes peu denses) et là que sont pratiquées les grandes cultures. En revanche, dans les espaces densément peuplés, une exploitation sur trois est spécialisée dans le maraîchage, le plus souvent en circuit court. Et, dans ces mêmes espaces, les exploitations sont généralement plus diversifiées.
Dans l’Oise et le Pas-de-Calais, les activités agricoles sont présentes à hauteur de 2,2 % et 2,4 % de l’emploi total, les deux tiers se trouvant dans des communes peu denses. Les communes à densité intermédiaire occupent une place significative et comptent une part d’emploi agricole plus soutenue qu’à l’échelle nationale. A la différence de l’Aisne et de la Somme, ces deux départements sont à la fois agricoles et urbanisés.
Le département le plus urbanisé est donc le Nord, où plus d’un tiers du territoire se compose de communes denses ou de densité intermédiaire, soit près de cinq fois plus que les moyennes picarde et française. A contrario, ce département compte seulement 4 % de sa surface en communes très peu denses, soit huit fois moins que la Picardie ou la France métropolitaine. Les activités agricoles y sont aussi moins fréquentes dans l’emploi total que dans les autres départements (1,2 %).
Mais, si le poids de l’agriculture varie d’un département à l’autre, celle-ci joue un rôle économique de taille sur l’ensemble des départements de la future région, ne serait-ce que du fait que 76 % du territoire y sont dévolus.
La densité de population
Outre la prise en compte de la future fusion des régions et les perspectives qui y sont associées, l’étude a intégré également une nouvelle méthode dans sa définition des zones rurales et urbaines. L’approche traditionnelle par l’emploi et par les unités urbaines donnaient une photographie peu précise, se sont-ils rendu compte. Le premier induisait une surestimation de l’urbain, le second, une approche binaire entre urbain et rural insatisfaisante. Pour sortir de ces impasses et définir une «photographie» plus juste de la réalité des territoires, un nouveau critère est désormais pris en compte : la densité de population.
Du fait que près de 90 % des communes françaises présentent une faible densité de population, quatre critères ont été retenus : les communes densément peuplées (> 50 000 habitants), les communes de densité intermédiaire (> 5 000 habitants), les communes peu denses (> 300 habitants) et les communes très peu denses (< 300 habitants).