La politique de diversification de Cap Seine se poursuit
Malgré les turbulences de l’année 2014-2015, Cap Seine est restée optimiste lors de son assemblée générale, vendredi 4 décembre.
La récolte de céréales sur la zone de Cap Seine (Seine-Maritime, Eure, une partie de la Picardie) a été tendue en 2014-2015, avec des blés humides qu’il a fallu sécher et des temps de chute de Hagberg affectés, ce qui n’a pas permis à la coopérative d’exporter sur les marchés habituels, tels que le Moyen-Orient. Mais grâce à du matériel de séchage acquis récemment, Cap Seine a pu remettre 300 000 tonnes aux normes - avec un surcoût logistique. De plus, au cours de la campagne, contre toute attente, le marché a évolué et la Chine a acheté des blés fourragers français pour son bétail. L’ensemble de la production a donc pu être finalement vendue.
En 2015-2016, c’est plutôt l’inverse. La récolte a été facile et rapide. «Toutes les campagnes sont atypiques. Cette année, les volumes sont importants. Nous n’avons jamais connu une telle moisson, en allant jusqu’au bout sans s’arrêter. 80 % a été effectuée en six jours, explique Patrick Aps, directeur. Cependant, on n’arrive pas à vendre, car le marché n’est pas là. La mer Noire a pris notre place, avec des prix plus bas. Le port de Rouen est «fermé». On attend une fenêtre de tir.»
Nouveaux types de contrats en pomme de terre
Concernant les légumes, là aussi ce fut difficile pour Cap Seine, pour sa première année complète dans ce secteur, avec la création de Noralliance Légumes (Pom’Alliance, Lunor). L’année 2014-2015 a été «épouvantable» pour la pomme de terre. «Nous n’avons jamais connu un contexte aussi compliqué, avec de la surproduction. Nous avons dû jeter de la marchandise. Il y a un problème d’organisation. Les surfaces ont été augmentées ces trois dernières années et les rendements sont excellents. Nous devons repenser l’architecture commerciale. Nous ne pouvons pas continuer à être exposé aux dictats du marché», détaille Patrick Aps.
Les contrats avec les producteurs de pommes de terre ont été revus cette année et des 4 500 hectares contractualisés en 2013-2014, il reste 3 500 hectares. «Nous passons d’un système ultra-libéral à un système structurel, avec des prix moyens.» Pom’Alliance représente 20 % du marché de la pomme de terre en France. «Et sans le rachat, il n’y aurait peut-être plus de producteurs pour Lunor en Pays de Caux», pense Jean-Jacques Prévost, président de Cap Seine.
Start-up dans le lin
Autre diversification de Cap Seine, où on ne l’attendait peut-être pas : le lin. La coopérative a fait l’acquisition en 2015 de la start-up Lineo, spécialisée dans la recherche et le développement, dans le domaine des biomatériaux. Cap Seine a repris deux brevets, dont un mondial, ainsi que des machines. «Nous avons une pépite en main, et en 2017-2018, nous allons passer à la phase industrielle», explique Patrick Aps. L’outil a été rapatrié à Saint-Martin du Tilleul, dans l’Eure. Il y a 50 à 60 emplois à la clé, pour cette production de voile de lin pour matériaux composites.
«Nous avons rencontré les quatre coopératives linières de notre territoire pour leur proposer d’intégrer la structure. Nous ne nous posons pas en tant que concurrent, mais nous apportons un débouché supplémentaire pour la filière», ajoute le directeur. Un partenariat a été signé avec l’équipementier automobile Faurecia. Une acquisition qui confirme la politique de diversification de la coopérative, à laquelle il y a «une logique de territoire», explique le président.
5,7 millions d’euros restitués
Cette année, Cap Seine a décidé de restituer 5,7 millions d’euros à ses adhérents sous forme de ristournes
et intérêts aux parts sociales, grâce à un résultat de près de 7 millions d’euros, pour un chiffre d’affaires
de 868 millions d’euros. La rentabilité économique brute du groupe atteint 8 %, impactée par les résultats
de la filière légumes. La coopérative seule a réalisé un résultat de 10,5 millions d’euros (+ 17 %) et a réussi à augmenter ses fonds propres de 9 % à 110 millions d’euros.
Un nouveau président pour Cap Seine
Pour Jean-Jacques Prévost, ce fut sa dernière assemblée générale en tant que président de Cap Seine. L’agriculteur eurois passera la main le 6 janvier prochain. «Le défi pour les années à venir consistera à mettre en place un pôle coopératif fort sur la région afin de conserver les leviers de décision sur notre territoire», estime-t-il.