La pomme de terre Pompadour : une filière locale qui creuse son trou
La Pompadour est cultivée en Picardie depuis 1992. Ce produit d’exception, mais difficile à cuisiner, a bien failli disparaître… Ses acteurs, qui se sont battus pour la préserver, la présentent au Sia.
C’est l’histoire d’une pomme de terre «plutôt moche», avouent ceux qui la chérissent, mais aux qualités gustatives exceptionnelles. La Pompadour Label rouge est cultivée en Picardie par six producteurs, notamment dans les terres sablonneuses du littoral. Une niche qui leur permet de tirer un revenu intéressant. Mais l’histoire est loin d’être un long fleuve tranquille. Car la protégée a bien failli disparaître des assiettes…
«Encore toute jeune face à ses congénères millénaires, la pomme de terre Pompadour a vu le jour en 1992, après une dizaine d’années de tests et de gestation, à la station de recherche du Comité Nord», est-il expliqué sur le site qui lui est dédié.
Ses parents, la Roseval (variété vigoureuse à peau rouge) et la BF 15 (un peu rustique), sont toutes deux des pommes de terre à chair ferme reconnues pour leurs qualités gustatives. «Des gènes de premier choix qui font de la Pompadour, quoique récente, une variété profondément authentique.»
Et la Pompadour ne leur fit pas défaut : «Elle était de loin la meilleure dans les tests de dégustation», raconte Yves Bègue, directeur de la station de recherche Comité Nord. C’est ainsi que la pomme de terre Pompadour conquit Jacques Aublé, son père sélectionneur, et l’ensemble de la station. Son nom, elle le tiendrait de la Marquise de Pompadour. «Elle était la reine des pommes de terre, mais on ne pouvait pas l’appeler Reine alors on a choisi une marquise pour refléter la noblesse de la variété», explique Yves Bègue.
Pendant les six premières années de sa vie, la Pompadour n’est cependant pas très populaire. En cause : sa difficulté à la cultiver due à sa sensibilité aux conditions météorologiques, et ses faibles rendements. «Parfois, le résultat est plutôt bon, parfois, il est très décevant, mais on n’explique pas toujours pourquoi», note Benoît Ghesquière, l’un des six producteurs installé à Revelles.
Sauver la Pompadour
En 2001, les producteurs se sont donc associés dans l’obtention du Label rouge, qui reconnait la Pompadour comme un produit d’exception. Mais cette labellisation ne suffit pas à booster les ventes. «Cette pomme de terre souffre surtout de son image. Comme elle est très sensible, elle est rarement “parfaite“ aux yeux du consommateur. Elle peut présenter quelques tâches, quelques coups, semble moins jaune que des variétés plus populaires», explique Alexis Dequidt, responsable marketing de Touquet Savour, l’entreprise qui commercialise la Pompadour.
Alors, en 2009, les membres du réseau font un pari : celui de jouer à fond la carte du local. Le packaging est repensé, et chaque producteur a sa photo sur les paquets des pommes de terre qu’il a lui-même produites. Leur portrait est publié sur le site, des vidéos sont réalisées… Et la mayonnaise prend. Les médias s’y intéressent, les magasins lui offrent d’avantage de place dans leurs rayons, et les ventes décollent enfin. Environ 70 ha sont désormais cultivés chaque année, dans la Somme, à Noyelles-sur-Mer, Prouzel et Revelles, dans l’Oise, à Offoy et Raray.
Les cuisiniers apprécient particulièrement cette chair ferme, dite pomme de terre vapeur, qui se tient bien à la cuisson, sans se défaire et en gardant sa peau intacte. «Sur le palais, elle est tendre et fondante et laisse derrière elle un délicat goût de beurre frais.» La pomme de terre Pompadour adore tout particulièrement la vapeur, mais aussi la vinaigrette et la poêle.
Les acteurs de cette filière de niche n’ont pas fini de faire parler de la Pompadour. Touquet Savour et ses producteurs montent un stand au Sia qui lui est entièrement dédié. «L’objectif, c’est de faire véhiculer une bonne image du produit, et de susciter l’intérêt jusqu’à l’extérieur du salon», commente Alexis Dequidt.
www.lapommedeterrepompadour.com
Instagram : lapommedeterrepompadour