La production de légumes peine à suivre la demande
Alors que les légumes de conserve et surgelés sont plébiscités par les consommateurs, la filière est fragilisée et a de plus en plus de difficultés à répondre à la demande.
Alors que les légumes de conserve et surgelés sont plébiscités par les consommateurs, la filière est fragilisée et a de plus en plus de difficultés à répondre à la demande.
«Nous sommes dans un contexte conjoncturel inédit», a déclaré Olivier Morel, président de l’interprofession des légumes en conserve et surgelés (Unilet) à l’occasion d’une rencontre avec la presse. Avec la crise Covid, les consommateurs ont en effet augmenté leurs achats de ces légumes stockables, peu transformés, au prix abordable, avec une préférence pour l’origine France. Pour la campagne 2021, les besoins sont en hausse mais la production n’est pas au rendez-vous. Alors que les industriels tablaient sur une hausse de 10 %, les volumes récoltés sont bien en dessous des volumes attendus. Les aléas climatiques, le gel en avril, le froid en été, ont contrarié les récoltes. Pour le haricot, par exemple, quinze jours sans semis en juin ont entraîné dix jours sans récolte en août. De nombreuses cultures de pois ont dû être abandonnés.
Aléas climatiques et intrants
À cela s’ajoute la concurrence des grandes cultures, dont l’augmentation des cours, (45 % pour le blé, 65 % pour le colza), a dissuadé les producteurs de se lancer dans les légumes. Les producteurs ont constaté par ailleurs des rendements très variables, non seulement en raison des intempéries mais aussi à cause des limitations de produits de protection des cultures. Des produits qui, bien souvent, n’étaient pas disponibles au bon moment et dont le prix a augmenté de 10 % pour les intrants et de 40 % pour les engrais. Résultat, en pois par exemple, l’écart entre les volumes récoltés et les volumes contractualisés, est de 6 % en 2021 après avoir été de 14 % en 2020. Pour Jean-Claude Ohran, vice-président de l’Unilet, représentant des producteurs : «On constate des pertes de productivité. Il faut cultiver plus d’hectares pour la même production. On risque d’assister à un désamour pour ces cultures.»
Démarche RSE
Quant à l’aval de la filière, il fait face lui aussi à une conjoncture imprévue. Hausses des prix de l’énergie, mais aussi des emballages, 20 % pour le plastique, 75 % pour l’acier en l’espace d’une année, auxquelles il faut ajouter des problèmes de disponibilité de main-d’œuvre, 70 % des entreprises ont des difficultés à recruter. Malgré ce contexte inflationniste, la filière a décidé de se lancer dans une démarche de RSE (responsabilité sociétale des entreprises) pour conforter son attrait auprès des consommateurs et la pérennité de son modèle fondé sur la contractualisation. D’ici février 2022, les professionnels vont travailler sur les enjeux prioritaires autour de quatre axes, l’environnement, le sociétal, la qualité et la nutrition. Il s’agira de poursuivre les efforts pour réussir la transition agro-écologique, la lutte contre le gaspillage et l’amélioration de l’équilibre alimentaire des Français. Les premières annonces concrètes de cette démarche collective seront faites au printemps prochain. Olivier Morel entend ainsi valoriser la filière auprès des consommateurs et être mieux compris par les pouvoirs publics. «Il faut sortir de cette guerre des prix orchestrée par la grande distribution qui a eu pour effet de détruire la valeur ajoutée. La RSE est un mouvement inéluctable, un investissement sur l’avenir», a-t-il ajouté. La production de légumes de conserve et surgelés rassemble 4 500 producteurs et emploie 5 500 salariés pour un chiffre d’affaires annuel de
1,1 milliard d’euros.