Aménagements
La protection des Bas-Champs face aux risques d’inondations se dessine
La côte samarienne fait l’objet d’un Papi (programme d'action de prévention des inondations), pour prévenir des conséquences d’une tempête centennale. Ce 25 mai, les habitants des Bas-Champs (secteur Cayeux-sur-Mer) étaient conviés à une réunion de concertation publique. Le point sur l’avancée du projet.
La côte samarienne fait l’objet d’un Papi (programme d'action de prévention des inondations), pour prévenir des conséquences d’une tempête centennale. Ce 25 mai, les habitants des Bas-Champs (secteur Cayeux-sur-Mer) étaient conviés à une réunion de concertation publique. Le point sur l’avancée du projet.
La tempête Xynthia, qui a ravagé la Charente-Maritime et la Vendée en novembre 2010, est encore dans les esprits. «47 morts, 1,5 milliards d’euros de dommages dont 71,5 millions d’euros de pertes pour les agriculteurs de la région», rappelle Robin Sigwald, du groupement d’étude Artelia. L’entreprise d’ingénierie est missionnée pour concevoir des aménagements qui découlent du Papi (programme d'action de prévention des inondations) Bresle-Somme-Authie, porté par le Syndicat Mixte Baie de Somme - Grand littoral picard.
Les études ont été formelles : le littoral picard est un milieu à risques, qui n’est pas assez protégé en cas de tempête centennale (une chance sur cent de se produire) contre les risques de submersion marine. Vingt-deux actions ont été définies, réparties en deux lots de travaux : 8,5 millions de travaux dans le secteur des bas-champs et 55,5 millions d’euros de travaux dans le secteur Somme-Authie seront engagés. Après le secteur du Crotoy évoqué le 23 mai, les habitants du secteur des Bas-Champs étaient conviés à une réunion de concertation le 24 mai.
«6 500 personnes sont à protéger dans cette zone», souligne Robin Sigwal. Ils doivent l’être grâce aux aménagements des digues de la Gaieté et de la Caroline. Celles-ci seraient renforcées et rehaussées. «Des études faunistiques et floristiques ont été effectuées pour évaluer quels travaux seraient les moins impactants. Il s’avère que le fossé côté terre, qui sépare les parcelles agricoles de la digue, est doté d’un très fort intérêt environnemental. Pour nous, la rehausse de la digue existante côté baie est plus judicieuse. C’est aussi un choix plus efficace et moins coûteux», explique Florian Bouthors, directeur de l’aménagement au Syndicat mixte.
La dépoldérisation de la Caroline créera un effet de chasse pour favoriser l’entretien du chenal du Hourdel
Le niveau de rehausse reste à définir. «Chaque scénario comporte ses avantages et ses inconvénients.» Une cote de 7,80 m, d’une pente de 2/1, présente une emprise plus faible, mais une perception paysagère plus dégradée et nécessitera une protection en enrochement côté baie. Une cote de 7,6 m et une pente de 3/1 permettrait d’installer une protection alternative aux enrochements, mais nécessiterait tout de même une protection du talus arrière. Enfin, une cote de 7,5 m avec pente de 6/1 présenterait une meilleure insertion paysagère, et la pente plus douce côté mer permettrait un étagement de la végétation et le développement de la végétation du schorre. En revanche, l’emprise serait plus importante.
En parallèle de ces travaux, le Département de la Somme mène le projet de la dépoldérisation* de la Caroline, au Hourdel. «L’idée est de créer un effet de chasse pour favoriser l’entretien du chenal du Hourdel», explique Robin Sigwal. Les travaux consisteront à draguer et recalibrer le chenal, créer une brèche et construire une passerelle à l’entrée du bassin, étager ce bassin et créer de la filandre, reprofiler la digue de première ligne et en créer une autre en seconde ligne. Les blockhaus, eux, seront conservés. «86 500 m3 d’excédents de terrassement seront dégagés. Ils serviront à la réhausse des digues.»
Une digue efficace en 2026
La prochaine étape est désormais celle de l’argumentaire. «Nous devons convaincre les services de l’État à valider ce choix», note Florian Bouthors. Des acquisitions foncières seront aussi à effectuer. «Nous sommes en lien avec la Chambre d’agriculture de la Somme sur ce sujet. Chacun a intérêt à y mettre du sien, puisque des milliers d’hectares de terres agricoles seront protégées.» Ce mercredi soir, les discussions portaient entre autres sur l’organisation du chantier, qui devra limiter au maximum les impacts (environnementaux, agricoles, touristiques…). «Du point de vue environnement, la période la plus propice est l’hiver», assure Florian Bouthors. Les locaux rappelaient que cette période pluvieuse rend les accès incertains. «Dans les bas-champs, on n’y va pas quand ont veut, mais quant on peut.» Des mesures de compensation environnementales collectives et individuelles devront être mises en place, selon la stratégie «éviter, réduire, compenser». «Nous devons travailler ensemble pour tout cela.»
Les travaux, eux, pourraient commencer en septembre 2024. Une durée technique minimale de neuf mois est à prévoir, peut-être étalée sur deux saisons. «Nous comptons sur une digue efficace en 2026.»
* La dépoldérisation est l'aménagement humain inverse, qui vise à réouvrir le polder aux intrusions marines, à des fins de renaturation ou de restauration écologique.