La Russie bientôt exportatrice de viande porcine ?
La Russie a longtemps été un marché important pour
la viande de porc européenne. Aujourd’hui, son développement est extrêmement rapide, surtout depuis
l’embargo.
Malgré la situation économique difficile, la production porcine russe a augmenté ces cinq dernières années de 800 000 t, soit + 24 %. Les importations de viandes porcines ont chuté sur la même période au quart de ce qu’elles étaient. Avec un recul de la demande intérieure, le taux d’autosuffisance approche les
100 %. Il devrait être atteint dès 2019 ou 2020.
L’Etat russe, en liaison avec des investisseurs russes et étrangers, en sont les principaux moteurs. Leurs actions sont renforcées par la dévaluation du rouble qui renchérit les importations. Le plus grand producteur russe est Miratorg, avec une part de 12 % du marché. Cette entreprise a produit plus de 300 000 t de viande avec plus de 3 millions de porcs abattus. Elle ne cesse de se développer et envisage d’ici 2020 de multiplier par dix les exportations.
Production triplée
Le numéro 2, Rusagro, est passé, depuis 2012, de 70 000 t en vif à 200 000 t, soit presqu’un triplement avec plus de 5 % du marché. Derrière ces deux géants suivent d’autres intégrateurs comme Cherzikovo, Agro-Belogorie, Velikoluksky etc. Tönnies, une entreprise allemande, monte un groupe intégré d’une capacité de 1,04 M porcs par an (cultures, usine d’aliment du bétail, porcheries, abattoir, etc.)
Toutes ces entreprises suivent le même modèle d’intégration : des porcheries de construction simple, avec de la technique solide, souvent livrée par des entreprises allemandes, hollandaises, ou danoises, qui fournissent aussi le savoir-faire. La génétique de l’Europe occidentale est largement utilisée, ce qui réduit les écarts de compétitivité avec l’Ouest.
Seule ombre : la peste porcine africaine
Les groupes intégrés russes ont tous le marché asiatique en ligne de mire, surtout pour les nouvelles implantations en Extrême-Orient russe. Seule ombre au tableau qui pourrait entraver cette expansion, la peste porcine africaine. Elle a frappé dernièrement un élevage de 15 000 porcs dans la région de Belgorod qui concentre 25 % de la production porcine russe.
Même si l’embargo était levé, la Russie ne serait donc plus tributaire d’importations venant d’Europe, importations qui soutenaient dans le passé les prix européens. Les Brésiliens qui avaient pris le relais des Vingt-sept depuis l’embargo sont condamnés également à trouver d’autres marchés.
La production céréalière fait aussi un carton
La récolte de céréales de la Russie, premier pays exportateur de blé, va dépasser cette année son record de 127 Mt qui remontait à 1978, à l’époque soviétique, a annoncé le 28 septembre le ministre de l’Agriculture. Vu l’avancée de la moisson, achevée à 85 %, «nous pouvons dire avec certitude que nous allons récolter une moisson record», a déclaré Alexandre Tkatchev lors d’une réunion gouvernementale le 28 septembre. Il a précisé que cette récolte devrait permettre à la Russie d’exporter 30 Mt de blé en 2017-2018, en conservant ainsi son premier rang mondial. Jusqu’à présent, le gouvernement était resté très prudent dans ses prévisions, contrairement aux analystes dont les pronostics optimistes ont pesé sur les prix ces dernières semaines. Il avait longtemps maintenu sa prévision à 110 Mt, avant de la porter le 22 septembre à 116-117 Mt. M. Tkatchev a expliqué cette retenue par «des conditions météorologiques défavorables dans toute une série de régions». «Avec une situation favorable sur le marché, nous prévoyons d’exporter 45 Mt dont 30 Mt de blé» sur la campagne 2017-2018, a souligné M. Tkatchev. «Nous comptons sur le fait que la Russie sera de nouveau numéro un mondial en termes d’exportations de blé», a-t-il souligné.