L’agriculture face aux choix écologiques
Ces élections constitueront un moment fort pour l’agriculture, mais sous un angle très environnemental.
D’où les positions des partis en lice.
Le Parti socialiste
Le Parti socialiste se positionne «à l’avant-garde des enjeux de la Cop 21» dans ses propositions nationales pour la campagne des régionales. Revendiquant l’«excellence écologique», le PS avance trois mesures parmi lesquelles l’amélioration de la qualité de l’alimentation dans les cantines scolaires et un plan anti-pollution pour lutter contre les gaz à effet de serre.
Marc-Antoine Jamet, premier secrétaire fédéral de l’Eure, a souligné l’importance de l’écologie dans le projet socialiste : «C’est d’apporter le plus que nous pouvons des produits bio, des produits de saison, des produits locaux, qui favorisent à la fois le développement durable et l’économie circulaire, et qui favorisent l’emploi et la diversité des productions dans chacune de nos régions», a-t-il déclaré.
La feuille de route du Parti socialiste prévoit aussi d’améliorer la qualité de l’air et de l’eau «pour préserver la santé de tous, en particulier la santé de nos enfants».
Les Républicains
Chez les Républicains, les directives nationales en matière agricole ne sont pas encore finalisées. Certains candidats ont cependant déjà pris les devants. C’est le cas, par exemple, de Xavier Bertrand, candidat pour la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie, qui présente un programme de «soutien à la filière agricole», qui doit d’abord mettre fin à l’ajout de normes régionales «aux normes nationales, alors même que la France a tendance à rajouter des normes par rapport aux exigences européennes».
À court terme, il propose des avances sur trésorerie aux exploitations pour «faire face à l’urgence des charges». Comme la plupart de ses concurrents, Xavier Bertrand veut également renforcer les filières courtes et l’approvisionnement local. À moyen terme, il souhaite «assurer la bonne utilisation des aides européennes». Son but : élaborer «un plan stratégique d’investissement pour accroître la productivité des exploitations». Pour l’élevage, Xavier Bertrand propose de financer les mises aux normes et de faciliter les projets de méthanisation.
EELV
L’agriculture bio est la priorité du parti des Verts. Françoise Coutant, tête de liste EELV en Poitou-Charentes-Limousin-Aquitaine, insiste : «20 % du budget agricole seront destinés à la conversion en agriculture bio». Elle ajoute : «Dans dix ans, 50 % des agriculteurs seront partis à la retraite. On veut aussi mettre le paquet sur les installations.» Les promesses des Verts sont encore plus audacieuses à l’échelle nationale. Mathilde Théry donne le mot d’ordre pour les élections régionales : «Notre objectif est de rééquilibrer les budgets. Pour un euro investi dans le conventionnel, ce sera un euro investi dans l’agriculture bio».
«Nous ne voulons pas exclure l’industrie agroalimentaire», précise cependant Mathilde Théry. En région, Françoise Coutant ajoute : «L’industrie alimentaire ? Pourquoi pas, mais avec la qualité.» L’idée est de relocaliser les emplois de la transformation agricole dans les territoires.
PCF/Front de gauche
Le PCF et le Front de gauche veulent rendre accessible l’alimentation au consommateur, tout en sécurisant le débouché du producteur. Pour cela, «pas besoin d’un catalogue de mesures à la Prévert, nous avons quelques propositions», déclare Xavier Compain, responsable de l’agriculture et de la pêche pour le PCF et le Front de gauche, tête de liste de ce dernier en Bretagne, et éleveur breton de bovins-viande. Parmi les propositions, l’une consiste à organiser, à partir des conseils régionaux, l’approvisionnement alimentaire des cantines scolaires et restaurants d’entreprise, auprès des exploitations agricoles de la région ou des régions limitrophes. En retour, les conseils régionaux auront pour mission d’installer en priorité des exploitants fournissant les cantines scolaires et restaurants d’entreprise, à travers un «schéma foncier régional».
Par ailleurs, le PCF tient à une mesure «qui est proposée par la base» : «Au lieu d’engraisser des firmes, la certification pour les labels ou le bio, etc., serait assurée par des agents de la région». Du côté de la transformation, les industriels seraient tenus de s’approvisionner en partie localement.
Le Front national
Pas question pour le parti qui prône la sortie de l’Union européenne et la mise en place d’une Politique agricole française de priver des subsides de l’Europe les régions qu’il viendrait à remporter. «On s’adapte en attendant de prendre le pouvoir», justifie Philippe Loiseau. Pour le député européen frontiste, tête de liste dans la région Centre-Val de Loire, l’application française du Feader comprend une part trop importante dédiée à «l’écologie» :
«60 % du montant sont consacrés à l’écologie, et seulement un quart est consacré à la compétitivité, estime l’élu, par ailleurs agriculteur. Je ne suis pas contre l’écologie, mais qu’est-ce qu’il y a d’agricole dans cette politique ?» Le FN plaide donc pour une augmentation des crédits régionaux alloués à «l’agriculture» dans le cadre du Feader.
Par ailleurs, le parti ne veut pas diminuer les aides bio, mais il veut mettre en avant les circuits courts et les «productions fermières locales». Il promet de rembourser intégralement les frais liés aux mises aux normes et d’instaurer un «bureau des normes» dans chaque région où il serait élu.
Debout la France
S’il est une grande revendication défendue par Anne Boissel, vice-présidente de Debout la France, et tête de liste dans le Calvados, c’est de «garder nos agriculteurs dans toutes les régions». Par quel moyen ? D’une part, protéger les terres agricoles et éviter qu’elles ne rejoignent les surfaces urbaines. D’autre part, les régions doivent soutenir les initiatives qui permettent de renforcer l’autonomie des exploitations, et notamment l’autonomie fourragère des élevages.
Elles doivent aussi contribuer à simplifier les dossiers Pac afin que les agriculteurs ne soient pas pénalisés par la complexité. Tel est le cas des jeunes agriculteurs dont l’installation doit aussi être soutenue par les régions, comme elles peuvent le faire actuellement. Des exploitants qui devront ensuite avoir accès à des outils mis en place par les communes ou les intercommunalités, comme les centres de méthanisation qui doivent être financés par celles-ci.
Enfin, le rôle de la région est aussi de soutenir les initiatives en matière de filière courte et de vente directe aux restaurants collectifs des administrations notamment. Pour autant, selon la vice-présidente de Debout la France, il n’est pas question de privilégier une forme d’agriculture plutôt qu’une autre.