L’agriculture, une chance pour le redressement productif de la France
Du 26 au 28 mars, à Troyes dans l’Aube, le syndicalisme majoritaire, conforté par les résultats des élections chambres d’agriculture, a résolument adopté un ton combatif et offensif.
Dès le premier jour, l’élevage a été propulsé au cœur des débats. «C’est une cause nationale» a martelé le président Xavier Beulin dans son discours de clôture. «Nous voulons prendre nos concitoyens à témoin» a-t-il insisté. Des actions syndicales seront organisées dès le 12 avril dans les régions. Elles seront suivies le 23 juin d’une journée nationale à Paris. «Ce sera la fête de l’élevage» a prévenu Daniel Prieur, secrétaire général adjoint de la Fnsea.
«Votre plan de relance, pourquoi pas ? Mais se contenter d’agir sur la PAC et la LME (1), le compte n’y est pas… Où est l’ambition de la compétitivité et de la conquête, de la baisse des charges, de la valorisation des produits, de l’étiquetage de l’origine, de l’exportation… ? En un mot, l’ambition du prix et de la croissance». «Il y a urgence» a lancé Xavier Beulin en direction du ministre de l’Agriculture.
Vers l’élevage, convergent la plupart des préoccupations qui touchent l’agriculture ; que ce soient : les conséquences de la volatilité des cours, l’empilement des normes, la compétitivité de nos entreprises ou encore les zones vulnérables, l’environnement…
Un cadre stable pour se faire entendre
«Nous revendiquons le fait majoritaire. Nous sommes la première force syndicale. Nous sortons d’une période avec deux échéances fortes : l’élection présidentielle et les élections aux chambres d’agriculture. Il faut en tenir compte». Xavier Beulin n’a pas mâché ses mots. Les acteurs sont en place. «Le syndicalisme majoritaire veut être écouté, consulté et entendu. Personne ne conteste la légitimité de votre majorité. Nous attendons le même traitement» a-t-il prévenu. Et d’ajouter : «Monsieur le ministre, ne vous servez pas de nous pour relayer et expliquer des décisions qui sont les vôtres, prises sans concertation préalable». Paraphrasant le slogan du ministère de l’agriculture «Produisons autrement» Xavier Beulin a apostrophé Stéphane Le Foll : «Vous devez travailler autrement : travailler plus et mieux» lui a-t-il dit. Un avertissement au sujet des surenchères de l’administration dans les exigences imposées aux agriculteurs.
La compétitivité au cœur des dossiers
Le congrès a passé en revue les nombreux handicaps imposés aux agriculteurs ; autant de boulets pour la compétitivité alors que l’agriculture est une chance pour la France. «Ce sont des Bobo qui veulent décider des dates d’épandage et des pentes depuis le boulevard Saint-Germain» ironisait le secrétaire général adjoint Jérôme Despey. Ce à quoi répondait en écho Dominique Barrau, secrétaire général : «La représentativité des Verts : moins ils font de points, plus ils font de potin !». Propos que Xavier Beulin a assorti d’une demande forte : «Pour la conditionnalité 2013, nous aurons les règles en avril alors que la campagne est déjà avancée ! Nous voulons une année blanche, c’est-à-dire appliquer en 2013, les règles de 2012».
La PAC a fait l’objet d’une table ronde. Henri Brichart, deuxième vice-président de la Fnsea, a bien résumé le sentiment général : «nous les agriculteurs, nous avons un peu de mal à nous retrouver dans cette PAC. Il y a une certaine forme de bricolage. On enfonce une vis avec un marteau». La Fnsea a, également, tenu à rappeler qu’elle demeurait très vigilante pour les négociations en cours sur la réforme de 2014.
De nombreuses pesanteurs ont été dénoncées comme par exemple «la chasse du gendarme de la concurrence contre toutes les tentatives des producteurs pour s’organiser» les délais administratifs, la fiscalité…
Face à toutes les observations de la Fnsea, le ministre s’est contenté d’annoncer son objectif d’arriver à «mille méthaniseurs installés d’ici à huit ans». Son discours a été émaillé de commentaires de l’auditoire : «Des actes !» ou encore «On apprend rien !». Le contraste entre la volonté de «redonner sa place de leader à l’agriculture française en Europe» affichée par la Fnsea, et la litanie des mesures gouvernementales énoncée une nouvelle fois par le ministre, n’a échappé à personne.
(1) Loi de Modernisation de l’Economie